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Jodla 24/09/10
Les infos de FF : « Petit accès de fièvre » sur le Lawa
Le préfet Daniel Ferey donne sa version

Le préfet Daniel Ferey s’est bien rendu en pays amérindien dimanche dernier pour calmer les esprits. Il s’est entretenu jeudi avec Frédéric Farine au sujet des événements du week end dernier dans la région de Twenké et Taluen où des Amérindiens « exaspérés », selon lui, ont effectivement « arraisonné » des pirogues et se sont donc substitués aux forces de l’ordre…

Photo AM : la rivière Lawa à Jaw Pasi.

M. le préfet, que pouvez-vous raconter des événements du week end dernier sur la région de Twenké ?
Daniel Ferey : Il y a effectivement eu un petit accès de fièvre, suite à un vol de trois moteurs qui a eu lieu sur la berge surinamienne en face d’un commerce chinois qui s’est installé et qui vend des victuailles. C’est une épicerie classique. Le vol des trois moteurs (hors-bord, ndlr) a vraiment exaspéré les Amérindiens même s’ils m’ont dit que ce qu’ils souhaitent c’est surtout d’avoir des contacts avec les autorités coutumières surinamiennes, de la même ethnie, de l’autre côté, afin d’organiser une rencontre pour voir ce qu’il est possible de faire côté surinamien. Parce qu’on a du mal effectivement avec le fait que d’un côté on essaye de se défendre d’un envahissement et que, de l’autre côté, aucune mesure ne soit prise. Ils ont voulu attirer l’attention pour ce motif : obtenir une rencontre avec les autorités surinamiennes.

Un élu de Maripasoula :
« les villages se déplacent »


Selon un élu de Maripasoula , joint par l’auteur de ces lignes, les bases arrières de l’orpaillage clandestin : « se déplacent sur les rives du Surinam en suivant les déplacements des exploitations aurifères clandestine côté français et surinamiens ». Au sujet du développement du village Jaw Pasi, rive surinamienne, proche de Twenké où l’on compterait notamment plusieurs commerces chinois et où les habitants et les gens de passage seraient brésiliens, guyanaiens et bushinengués, l’élu soutient : « Ce genre de village se construit avec la bénédiction d’Amérindiens de la rive française. Certains profitant du trafic. Et lorsque la tension monte, on peut se demander si ce n’est pas en raison d’un différend dû au trafic » 
Le même élu considère qu’ « aujourd’hui, avec la multiplication des villages rive surinamienne, l’arrêté préfectoral, réglementant l’accès à la zone, n’a plus aucun sens en pays amérindien. Ca ne sert plus qu’à embêter les touristes qui veulent s’y rendre ».
FF

Selon le journal surinamien De ware Tijd des Amérindiens français ont fait un barrage sur le fleuve en signe de protestation…
Ils n’ont pas fait de barrage, ils ne s’en sont pris qu’à quelques uns mais effectivement, le samedi, ils ont arraisonné deux pirogues qui passaient. Vous savez, faire un barrage sur le Maroni (son bras à cet endroit s’appelle le Lawa, ndlr), nous même avons du mal à parvenir à en faire un qui tienne bien le courant et qui soit bien ferme. Ce n’était pas un barrage physique, c’était l’action d’interpeller des gens qui passaient.

Ça c’était le samedi. Et le dimanche quand vous vous êtes rendu sur place ?
Quand j’y suis allé, c’était terminé, il n’y avait plus personne.

Et qu’ont-ils fait de ces pirogues arraisonnées ? Les Amérindiens les ont gardées ?
Non, non, la gendarmerie est venue. Ca a discuté. Les gens ont été laissés libres après que les Amérindiens eurent regardé ce qu’ils faisaient. Les Amérindiens voulaient savoir si c’était pour eux des gens suspects. Cela s’est réglé avec l’intervention de la gendarmerie.

Mercredi, un élu de Maripasoula m’a dit avoir vu deux pirogues avec des forces de l’ordre du Surinam (2 et 3 personnes respectivement dans chaque pirogue) venir de l’amont de Maripasoula. Revenaient-ils justement de cette zone, par exemple du village surinamais Jaw Pasi proche de Twenké ?
Non, il y a tous les jours ce genre de pirogues qui passent là-bas.

(Selon un second article de De ware Tijd publié jeudi 23 septembre et rapporté par le site Politique Suriname, l'armée nationale du Surinam aurait effectivement dépêché mercredi une unité sur le Lawa vers le village d'Anapaïké en rapport avec les récents évènements. Dans cet article, le chef amérindien d'Anapaïké soutient que le groupe d'Amérindiens barrant le Lawa aurait déclaré dimanche qu'il poursuivait son action, ndlr.)

Deux chefs coutumiers
« very Harpie »

Suite à « l’accès de fièvre » du week end dernier, il fallait quelque peu désamorcer la colère en pays amérindien. Mercredi 22 septembre, deux chefs coutumiers ont donc été conviés à suivre une opération « Harpie » de démantèlement de sites aurifères illégaux. Pala Aiwa mais aussi André Cognat, le fondateur, d’origine métropolitaine, du village d’Antécume Pata ont été embarqués dans l’hélicoptère. « Le premier assaut avait été donné quand ils ont été amenés sur place » précise le préfet. Selon une note de la gendarmerie, les deux hommes ont survolé la vallée de Lippo Lippo avant d’atterrir sur un placer où ils ont pu constater qu’un moteur 4 cylindres avait été saisi et un autre immergé par les chercheurs d’or. Les deux invités ont eu droit à la destruction d’un moteur avec pot thermique. Selon le préfet : « ils ont pu se rendre compte des difficultés qu’il y a à travailler dans ces secteurs ».
La note de gendarmerie indique que : le secteur pris d’assaut où se trouvaient « plus de dix moteurs en activité au moment des premières interventions » a désormais une activité « plus résiduelle ».
Prochains invités « very Harpie » : des Amérindiens de Twenké et Taluen…
FF

Avez-vous pris contact avec les autorités du Surinam suite à ce « petit accès de fièvre » comme vous le qualifiez ?
Oui mais via l’ambassadeur parce que je préférais passer par les autorités de Paramaribo pour l’instant. Parce si nous connaissons bien les autorités d’Albina, sur le haut du fleuve, ce sont beaucoup plus des autorités coutumières. En passant par les autorités de Paramaribo via l’ambassadeur, l’objectif est d’obtenir des rendez-vous pour les Amérindiens et je les y accompagnerai. Je le leur ai dit.

Que pensez-vous de l’article sorti mercredi dans De ware Tijd (nous en faisons alors lecture au préfet affirmant ne pas en avoir connaissance) ?
Cet article est assez fidèle à la réalité sur place sauf sa dernière phrase (qui prétend que dans cette région, les forces de l’ordre françaises « laissent » les chercheurs d’or brésiliens « libres de faire ce qu'ils veulent »). Et quand ils affirment que les Amérindiens « barrent depuis samedi », ce n’est pas vrai. Cela s’est passé uniquement samedi. Les gendarmes français sont allés sur ces barrages, ils ont traité les choses avec les Indiens qui avaient empêché des pirogues de progresser. Tout avait repris son cours quand j’y suis allé le dimanche. En tout cas, suite à la demande des Amérindiens, j’envisage de prendre un arrêté d’interdiction d’accostage des pirogues sur la rive française de 19 heures à 5 heures du matin.

Quel rôle pouvez-vous jouer en tant que préfet de Guyane auprès de ces Amérindiens qui souhaitent finalement plutôt des engagements côté surinamien ?
Je leur ai dit que je souhaitais pouvoir organiser cette rencontre, éventuellement les emmener sur place au Surinam, ça ne posera pas de souci. Afin qu’ils puissent parler avec leurs homologues mais aussi avec les autorités surinamiennes de façon plus générale. Je suis resté une heure et demi dimanche à en parler avec eux, ce qui a permis d’évoquer les contrôles sur le fleuve. Les Amérindiens souhaitaient des mesures draconiennes sur le Maroni mais c’est un fleuve international et on ne peut pas y empêcher la circulation. Néanmoins, nous avons fait des recherches, notamment pour avoir les moyens juridiques d’effectuer des contrôles sur la moitié du fleuve. Les autorités surinamiennes pourraient, dès lors, le faire de l’autre côté. Si l’on arrive à faire des contrôles conjoints, communs ou pour le moins concomitants, cela nous permettra de mieux contrôler ce qui ne l’était pas jusqu’à maintenant. Puisqu’on a considéré que le Maroni et l’Oyapock étaient des fleuves complètement internationaux qu’on ne pouvait pas du tout contrôler si les gens n’avaient pas accosté pratiquement, d’un côté ou de l’autre. Ce qui est, à mon sens une erreur. Nous avons fait des études juridiques très poussées, nous avons trouvé des textes qui vont permettre à nos services de contrôle d’opérer sur certains secteurs du Maroni. A partir peu ou prou du centre du fleuve même si, vu les particularités, ne serait-ce qu’à cause des sauts, cela ne sera pas aussi simple. On a des éléments juridiques contrairement à ce que tout le monde croyait établi. Nous avons un stagiaire de l’Ena qui a travaillé sur la question. Nous avons trouvé des textes. Sur l’Oyapock, c’est l’emplacement du thalweg (le thalweg est la ligne joignant les points les plus profonds du cours d'eau, ndlr) qui délimite la frontière. Lorsqu’il sera évident qu’une pirogue se trouve sur la partie française des fleuves, on pourra la contrôler, ce qui n’était pas le cas jusqu’à maintenant. Ce sera une avancée considérable.


Propos recueillis par FF



Voir aussi sur blada : La résistance s'organise en pays wayana :
Jodla des 22/09/2010, et 23/09/2010.

 

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