L’enquête sur l’affaire « Bertrand and co » connaît un nouveau coup d’accélérateur avec la mise en examen cette semaine pour « corruption active et recel de favoritisme » de deux chefs d’entreprise de Guyane. Et non des moindres : il s’agit d’Adam Abongo et de Jan Du.
Adam Abongo est un chef d’entreprise Boni très connu dans l’ouest guyanais, notamment pour les diverses activités qu’il a pu y mener en particulier en tant que patron d’exploitation aurifère ou de société de transport fluvial.
Jan Du n’est autre que le dirigeant des supermarchés Super U de Saint-Laurent du Maroni et de Kourou. Pour la petite histoire, monsieur Du s’était aussi illustré, ces derniers mois, en retirant l’hebdomadaire La Semaine Guyanaise de ses rayons à Saint-Laurent puis à Kourou, notamment suite à des investigations journalistiques autour… du dossier « Bertrand and co » qui lui avaient fortement déplu.
Les deux entrepreneurs sont mis en examen pour « corruption active et recel de favoritisme ». Juridiquement, ils restent présumés innocents même si, parallèlement, la mise en examen requiert, pour être signifiée, l’existence « d’indices graves et concordants ».
Un aveu de pot de vin
Mardi, suite à sa mise en examen, Adam Abongo a été placé en détention provisoire à la prison de Ducos en Martinique où le dossier est instruit. « Il est soupçonné d’avoir créé une société de BTP pour la cause et d’avoir obtenu des marchés de travaux publics de manière truquée » a déclaré jeudi, à l’auteur de ces lignes, une source judiciaire à Fort de France.
« Monsieur Abongo est la douzième roue du carrosse, il est victime de pratiques illicites qu’il n’a pas initiées. Sur un marché, effectivement, il a reconnu qu’il a du donner une enveloppe » nous a, pour sa part, indiqué maître Jérôme Gay, l’un des avocats du chef d’entreprise avec Me Philippe Edmond-Mariette (1), avocat martiniquais.
Voilà donc un autre entrepreneur qui fait clairement état aux enquêteurs de bakchich dans ce dossier. Cette déclaration de M. Abongo à ce sujet est confirmée par une source proche de l’enquête à Fort de France.
Selon nos informations, en début de semaine, Adam Abongo avait d’abord été placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire à Cayenne où il a été assisté par Me Muriel Prévôt, avant de faire l’objet d’un mandat d’amener du juge martiniquais Thierry Rolland.
Mis en examen en Martinique, M. Abongo a été écroué, après un débat contradictoire, devant le juge des libertés et de la détention (JLD). Ses avocats Gay et Edmond-Mariette ont, depuis, introduit un référé liberté qui sera jugé mardi à Fort de France. « Monsieur Abongo a dit ce qu’il avait à dire et maintenant il veut en sortir » a encore indiqué Me Gay.
Un avocat réputé et… médiatique pour Jan Du
De son côté, Jan Du a été mis en examen jeudi soir à Fort de France mais « n’a pas été placé en détention » a-t-on appris de source judiciaire. « Les soupçons à l’encontre de monsieur Du portent sur deux rubriques : ses relations avec la CCOG dans le cadre de ses activités et un marché de BTP » m’a indiqué la même source.
De source proche de l’enquête, Jan Du aurait fait appel à un réputé et médiatique avocat parisien pour le défendre, Me Thibault de Montbrial. Pour les amoureux de la petite reine, celui-ci est passé sous les feux de la rampe durant le Tour de France 1998 en devenant l’avocat de Bruno Roussel, directeur sportif de l’équipe Festina de Richard Virenque, qui avait fini par avouer l’existence d’un dopage organisé au sein de son équipe.
« Des choses » de l’autre côté du Maroni
Pour ce qui est de l’affaire « Bertrand and co », les enquêteurs soupçonnent un système de pots de vin, moyennant marchés, mis en place afin, notamment, de financer des campagnes électorales de Léon. Depuis sa première audition dans ce dossier, Léon Bertrand nie les faits. Maire de Saint-Laurent du Maroni depuis 1983, l’ancien ministre, petit-fils de bagnard est, pour sa part, mis en examen pour « corruption passive et favoritisme ».
L’enquête porte sur plusieurs collectivités et structures de Guyane à la tête desquelles se trouvait M Bertrand au moment des faits présumés, notamment la Senog ou la communauté de communes de l’ouest guyanais (CCOG) qu’il préside depuis avril 2001. Les locaux de la CCOG ont d’ailleurs de nouveau été perquisitionnés ces derniers jours a confirmé maître Patrick Lingibé, l’un des avocats de Léon Bertrand.
A ce jour, une douzaine de personnes sont mises en examen dans ce dossier dont déjà sept chefs d’entreprise.
Léon Bertrand et deux de ses collaborateurs (2), Augustin To-Sah-Be-Nza (ex-directeur général de la CCOG) et Richard Cheung-A-Long, notoirement connu comme bras droit de Léon, ont introduit des requêtes en annulation de la procédure avait révélé La Semaine Guyanaise en septembre. Le verdict sur ces requêtes doit tomber le 9 novembre à Fort de France.
En attendant, d’autres chefs d’entreprise pourraient-ils être bientôt inquiétés ? « Tout est ouvert » indique à ce sujet une source proche de l’enquête. Avant d’ajouter : « l’une des difficultés de ce dossier, c’est qu’il apparaît que des choses ont pu, aussi, se passer de l’autre côté du fleuve, au Surinam ».
FF
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