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Jodla 22/10/10
Suite de l’affaire « Léon Bertrand and co »
L’entretien de FF avec Me Thibault de Montbrial

« Monsieur Du conteste avoir bénéficié de la moindre faveur »

Dans cette affaire « Bertrand and co », les informations se bousculent. Nous avons appris ce vendredi matin que Jan Du a, pour sa part, d’abord été placé cette semaine en garde à vue à… Paris où il a été longuement interrogé par les policiers de la Division nationale des investigations financières (DNIF). Il a fait ensuite l’objet d’un mandat d’amener en Martinique de la part du juge d’instruction Thierry Rolland. Jeudi, en fin d’après-midi en Martinique, au cours de son audition devant le juge d’instruction, le dirigeant des Super U de Saint-Laurent du Maroni et de Kourou a été assisté par le réputé avocat parisien Thibault de Montbrial. Frédéric Farine a joint ce vendredi en fin de matinée l’avocat qui se trouvait alors toujours en Martinique. Le défenseur de Jan Du (1) confirme que son client a bien été mis en examen pour « corruption active et recel de favoritisme » jeudi, mais qu’il nie avoir versé le moindre pot de vin et conteste avoir bénéficié « de faveurs » dans l’attribution de marchés.

FF : Avez-vous une première vision d’ensemble de ce dossier ?
Me Thibault de Montbrial : Je n’ai pas eu le temps de prendre connaissance du dossier puisque l’on n’y a pas accès avant la mise en examen, mais j’ai vu les déclarations de mon client en garde à vue et je l’ai défendu hier en Martinique où je suis toujours. Ca s’est bien passé. Maintenant, je n’ai pas encore une vision globale du dossier.

FF : Votre client a été laissé en liberté, fait-il l’objet d’un contrôle judiciaire ?
TdM : Il a l’interdiction de communiquer avec les autres protagonistes mis en examen.

FF : A-t-il le droit de se rendre sur Saint-Laurent du Maroni où il dirige un supermarché ?
TdM : Oui, la seule restriction qui lui est imposée, en terme de circulation, c’est qu’il est tenu, non pas de demander l’autorisation au juge d’instruction, mais de l’informer, huit jours avant, de tout déplacement en dehors de la Guyane.

FF : Le parquet et le juge d’instruction avaient-ils demandé le placement en détention de votre client ?
TdM : Il y a eu cette demande préalablement mais à la suite des explications de mon client devant le juge d’instruction et de mon intervention, celui-ci a renoncé à saisir le juge des libertés et de la détention et il n’y a même pas eu de débat contradictoire. Concrètement, avant le début de l’audition de mon client, le juge d’instruction avait demandé sa mise en détention. Après l’avoir entendu, il a changé d’avis.

FF : Vous voulez dire que M. Du a accepté de s’exprimer devant le juge alors qu’il n’y est pas tenu la première fois ?
TdM : Il a accepté de s’exprimer et a contesté les infractions qui lui étaient reprochées et avec des arguments suffisamment intéressants pour que le juge reconsidère sa décision de le mettre en détention.

FF : Quelle est la position de votre client aujourd’hui ?
TdM : Mon client a toujours été de bonne foi et c’est peut-être un argument qui a pesé hier. Il avait été entendu comme témoin dans ce dossier en 2008 et c’est lui qui avait conduit spontanément les enquêteurs vers les archives de la société de BTP qu’il avait au début des années 2000. Sur cette base, l’accusation s’est construite. Donc, s’il avait cette mauvaise foi ou s’il avait eu le sentiment de bénéficier d’un favoritisme quelconque, de la part de la CCOG, entre-temps, évidemment, les archives auraient été détruites ou, pour le moins, il n’aurait pas conduit les enquêteurs jusqu’à elles puisqu’elles étaient rangées à un endroit qui ne lui appartenait pas. S’il les a montrées c’est vraiment qu’il était de bonne foi ou qu’il n’était pas inquiet.

FF : Selon une source proche de l’enquête, les soupçons à l’encontre de votre client concernent un marché de BTP et les aides publiques importantes dont il a pu bénéficier dans le cadre de ses activités commerciales…
TdM : Oui, mais comme il l’a expliqué et comme je l’ai expliqué ensuite au juge avec une certaine fermeté, concernant cette deuxième partie des discussions, en l’état, puisque je n’ai pas encore matériellement eu le temps d’avoir accès au dossier, donc en l’état des questions qui ont été posées à monsieur Du et de ce que j’ai compris des reproches qu’on lui signifiait, il ne me semble pas que monsieur Du ait bénéficié de faveurs plus fortes…. Il ne me semble pas qu’il y ait eu d’autres choses que ce qui se fait de manière absolument courante dans des situations identiques quand une société cherche à s’étendre et à rendre service à une collectivité locale, qui plus est en prenant à sa charge des travaux qui auront pour conséquence un agrandissement de l’activité, des créations d’emplois, l’augmentation de la taxe professionnelle, du chiffre d’affaires, des impôts etc. Tout cela est archi classique.

FF : Je vous cite l’exemple d’un document que j’ai vu : en 2008, le conseil communautaire de la CCOG fait une proposition de subvention publique de 150 000 euros à la société de M. Du alors candidat à la location d’un bâtiment de la CCOG. Il y a une délibération à ce sujet…
TdM : D’accord, mais 150 000 euros, comparativement à l’investissement de Super U qui est une chaîne de supermarchés internationale, l’investissement a dû être 8 à 9 fois ça. C’est archi-classique.
[La Semaine Guyanaise avait révélé, il y a quelques mois qu’en 2003, une note de la préfecture, avait mis en garde la CCOG sur la régularité des aides publiques aux entreprises privées notamment en terme de respect de la concurrence. Ndlr]

FF : L’autre chef d’entreprise, mis en examen cette semaine, aurait, selon une source judiciaire et même son avocat, fait état du versement d’un pot de vin contre l’obtention d’un marché…
TdM : Je l’ignorais, vous me l’apprenez. Mais concernant, monsieur Du, non seulement il n’a rien commis de tel, mais on ne lui a même pas posé de questions là-dessus.

FF : Ah bon ?
TdM : A partir du moment où il conteste avoir bénéficié de la moindre faveur dans l’attribution de marchés, on ne va pas lui demander s’il a payé pour les avoir. Il conteste déjà la première étape.

FF : La vision du dossier qu’ont les enquêteurs, c’est qu’ils soupçonnent un véritable système de racket où les mis en examen pour "corruption active", c'est-à-dire les chefs d’entreprises, auraient en fait été très sollicités par d’autres protagonistes du dossier. En gros : « si pas d’enveloppes pas de marchés » pensent les enquêteurs
TdM : Je n’ai pas vu le dossier mais j’ai bien compris quelle est la vision des enquêteurs qui est celle que vous décrivez, mais je n’ai pas le recul qui me permet d’avoir un avis personnel. Pas encore.

FF : Puisque les enquêteurs voient les choses ainsi, je me disais qu’en toute logique, ils doivent poser la question des « pots de vin » à chaque chef d’entreprise inquiété dans ce dossier…
TdM : Ils ont posé la question à monsieur Du en garde à vue et il a contesté vigoureusement quelque paiement que ce soit et donc la corruption.
 

Propos recueillis par FF
 

(1) Jan Du est aussi le président de l’Association patronale de l’ouest guyanais (APOG)

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