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Jodla 18/11/10
L'anti Gotha de Guyane
A quand un prix du plus gros magouilleur
de la fonction publique territoriale ?

Dans La Semaine Guyanaise qui paraît aujourd'hui, Frédéric Farine nous raconte la résistible ascension d'un employé de la mairie de Cayenne, entré comme manoeuvre en 1965 et qui a terminé sa carrière au sommet de la hiérarchie comme directeur général des services, malgré les magouilles qui ont émaillé sa carrière, et dont une des innombrables victimes était son propre employeur - pour ne pas dire le contribuable. Condamné en 2008 pour avoir « conclu depuis de nombreuses années un pacte de corruption » avec le gros arnaqueur Guarnori, le fonctionnaire territorial a pourtant traversé sans encombre plusieurs mandatures, de Jean-Claude Lafontaine à Marie-Laure Phinéra en passant par Rodolphe Alexandre, sans cesser de grimper dans la hiérarchie. Lors du premier procès Guarnori, le site de FXG notait à propos de notre homme : « Eric Floricien, l’employé municipal de Cayenne qui était poursuivi pour corruption passive a été reconnu coupable et condamné à un an de prison avec sursis et 4 000 euros d’amende. C’est une des peines les plus lourdes de ce procès (...). Dans ces conditions, s’il ne fait pas appel, il ne devrait pas pouvoir continuer d’exercer ses fonctions à la mairie de Cayenne.» (Voir aussi sur le site de FXG : Le pacte de corruption Floricien/Guarnori). Mais à la mairie de Cayenne, les murs seraient donc étanches, et les employés peu regardants sur la probité de leur hiérarchie ? Ou serait-ce un modèle de société ? Jugé en appel en octobre 2010, notre homme a cette fois écopé de 18 mois de prison avec sursis et de l'interdiction d'exercer le métier de fonctionnaire pendant 5 ans. Pas rancunière, ni même partie civile dans ce procès, la mairie de Cayenne lui rendait hommage le 5 novembre à l'occasion de son départ à la retraite, et lui consacrait dès le lendemain une page entière sur son site, comme on le fait traditionnellement pour les gens respectables, proposés comme modèles à la jeunesse...

Alors que vient de paraitre « Le Gotha noir de France », un magnifique ouvrage pour « rendre visibles les réussites de personnalités d’origines africaine et caribéenne au sein de la société française » (Club efficience, Afrik.com, Jeune Afrique), et que tout le monde s'accorde à dire que la jeunesse a besoin de modèles, comment pouvons-nous à ce point fermer les yeux sur nos turpitudes ?