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Infos citoyennes

06/07/20
Entretien avec le Professeur Mathieu Nacher

Alors que l’épidémie est dans sa phase la plus dynamique, que la tension sur les soignants et les structures est forte, que malheureusement des patients sont décédés, différentes analyses montrent que les efforts portés depuis quatre mois ne sont pas vains et permettent de sauver de nombreuses vies.

Alors que l’épidémie s’est accélérée depuis un mois, que tous les professionnels de santé travaillent d’arrache-pied pour sauver des vies, casser les chaînes de transmission du Covid-19, protéger les plus vulnérables, le Pr Mathieu Nacher, directeur du centre d’investigations cliniques Antilles-Guyane au CHC, propose de faire un pas de côté, de prendre un peu de hauteur. « A mesure que l’on approche du pic de l’épidémie, la situation génère des angoisses. Quand on est sur le terrain, face à un phénomène aussi intense et compliqué que le Covid, il est difficile d’évaluer. Sur le terrain, les gens souffrent. J’aime regarder les choses un peu de haut, me rapprocher des données, des faits, plutôt que du subjectif qui, face à une pandémie d’une telle intensité est teinté de négatif. »

La semaine dernière, Mathieu Nacher a produit trois tableaux pour comparer le rythme de doublement de cas, l’effort de dépistage et la létalité en Guyane par rapport à d’autres territoires et pays. Son constat ? « Tous les acteurs jouent leur rôle et s’en sortent plutôt bien par rapport à ce qui est constaté dans de nombreux pays. Le travail de terrain a des effets. La vague vient mais elle arrive plus tard et la pente est moins élevée que ce qui a été constaté dans plusieurs pays européens. »

- Le rythme de doublement des cas tout d’abord

Entre le 9 et le 17 juin, il a fallu huit jours pour passer de 773 à 1554 cas. Huit jours entre le 12 et le 20 juin pour passer de 1043 à 2163 cas. Huit jours entre le 17 et le 25 juin pour passer de 1554 à 3033 cas. Puis neuf jours entre le 18 et le 27 juin pour passer de 1758 à 3461 cas. Onze jours entre le 19 et le 30 juin pour passer de 1969 et 4000 cas. Et enfin douze jours entre le 20 juin et le 2 juillet pour passer de 2163 à 4444 cas. « Je n’imagine même pas ce qui se passerait si le nombre de cas doublait en deux jours ! », souligne le Pr Nacher. Si ce chiffre avait doublé tous les deux jours, en huit jours, il aurait été multiplié par seize. Avec possiblement seize fois plus de patients hospitalisés, seize fois plus de patients en réanimation et seize fois plus de décès.

Des cas qui doublent en deux jours, c’était la situation de la Chine lorsque l’épidémie a débuté. Dans l’Hexagone, ils doublaient tous les trois à quatre jours. « Beaucoup de pays ont eu à vivre ça, rappelle Mathieu Nacher. Les efforts de distanciation, le fait que beaucoup de gens portent les masques et font des efforts, les associations de terrain qui vont dans les quartiers pour informer les habitants, le couvre-feu, le confinement ont eu un impact. » Parmi les autres causes évoquées : un effet tropique qui serait « un petit frein ». Parmi les pays dont le nombre de cas a doublé à un rythme relativement lent comme la Guyane, figure le Japon. Voir le graphique ici

- L’effort de tests. Plus remarquable : ce doublement plus lent que dans de nombreux pays du nombre de cas est constaté alors que la Guyane a fait le choix de continuer de tester massivement, y compris au stade 3 de l’épidémie. « C’est contre-intuitif cas on a entendu parler des tensions sur les écouvillons et les réactifs. Mais les laboratoires privés, Pasteur, les laboratoires des hôpitaux, l’ARS se sont démenés. C’est l’histoire de cette épidémie : beaucoup de gens ont été très inventifs, très créatifs, très dynamiques. Nous sommes un peu en dessous de l’Islande qui était désigné comme le bon élève en matière de tests. Parfois, nous avons tendance à nous autoflageller. Les gens souffrent et sont angoissés parce que le pic arrive, mais ils font du bon boulot ! Une épidémie génère du chaos, mais tout le monde fait son job. » Voir le graphique ici

- Le taux de létalité. Avec entre trois et quatre décès pour 1000 cas selon les jours, « c’est moins qu’à Marseille où Didier Raoult dit avoir la plus basse mortalité ». Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce résultat :

  • la Guyane n’est pas aussi avancée dans l’épidémie et déplorera encore des décès ;
  • en testant plus elle fait baisser mathématiquement son taux de létalité ;
  • la population est plus jeune ;
  • les soignants de Guyane bénéficient de l’expérience de leurs collègues des territoires où le Covid a frappé plus tôt.


« Ce qu’on apprenait a été très vite répercuté en Guyane : les anticoagulants, les corticoïdes, la façon de ventiler les patients, relate le Pr Nacher. La réanimation a été impliquée dans la clinique. »

Toutes ces données doivent évidemment se confirmer dans les prochaines semaines. « Il ne s’agit pas de minimiser l’épidémie, conclut Mathieu Nacher. Il y a une vraie crise. Il y a de la fatigue, de l’angoisse. Mais tout le monde travaille bien, les soignants sont exemplaires. » Voir le graphique ici


While the epidemic is in its most dynamic phase, the tension on caregivers and structures is strong, and unfortunately patients have died, various analyzes show that the efforts made over the past four months are not in vain and can save many lives.

While the epidemic has accelerated for a month, all health professionals are working hard to save lives, break the chains of transmission of Covid-19, protect the most vulnerable, Professor Mathieu Nacher, director of the Antilles-French Guiana clinical investigation center at CHC, offers to take a step aside, take a little height. "As we approach the peak of the epidemic, the situation generates anxiety. When you are in the field, faced with a phenomenon as intense and complicated as the Covid, it is difficult to assess. On the ground, people are suffering. I like to look at things from above, to get closer to the data, the facts, rather than the subjective which, faced with a pandemic of such intensity, is tinged with negative. "

Last week, Mathieu Nacher produced three tables to compare the rate of doubling of cases, the screening effort and the lethality in French Guiana compared to other territories and countries. His observation? "All of the players are playing their part and doing quite well compared to what is seen in many countries. Fieldwork has effects. The wave comes but it arrives later and the slope is lower than what has been observed in several European countries. "

- The rate of doubling of cases first

Between June 9 and June 17, it took eight days to go from 773 to 1554 cases. Eight days between 12 and 20 June to go from 1043 to 2163 cases. Eight days between June 17 and 25 to go from 1554 to 3033 cases. Then nine days between June 18 and June 27 to go from 1758 to 3461 cases. Eleven days between June 19 and 30 to go from 1969 to 4000 cases. And finally twelve days between June 20 and July 2 to go from 2163 to 4444 cases. "I can't even imagine what would happen if the number of cases doubled in two days! », Underlines Professor Nacher. If this figure had doubled every other day, in eight days, it would have been multiplied by sixteen. With possibly sixteen times more hospitalized patients, sixteen times more intensive care patients and sixteen times more deaths.

Cases that doubled in two days were the situation in China when the epidemic started. In France, they doubled every three to four days. “Many countries have had to live with this, recalls Mathieu Nacher. The distancing efforts, the fact that many people wear masks and make efforts, the field associations that go to the neighborhoods to inform the inhabitants, the curfew, the confinement have had an impact. Among the other causes mentioned: a tropical effect which would be "a small brake". Among the countries whose number of cases has doubled at a relatively slow rate, such as Guyana, is Japan. See the graph here

- The testing effort. More remarkable: the doubling of the number of cases is doubly slower than in many countries, whereas French Guiana has chosen to continue to test massively, including in stage 3 of the epidemic. "It’s counterintuitive when we’ve heard of tension on the swabs and reagents. But private laboratories, Pasteur, hospital laboratories, ARS have struggled. This is the story of this epidemic: many people have been very inventive, very creative, very dynamic. We are a little below Iceland, which was chosen as the good test pupil. Sometimes we tend to self-flag. People are suffering and anxious because the peak is coming, but they are doing a good job! An epidemic generates chaos, but everyone does their job." See the graphic here

- The case fatality rate. With between three and four deaths per 1000 cases depending on the day, "it is less than in Marseille where Didier Raoult says he has the lowest mortality". Several factors can explain this result:

  •     French Guiana is not as advanced in the epidemic and will still deplore deaths;
  •     by testing more it mathematically lowers its fatality rate;
  •     the population is younger;
  •     caregivers in French Guiana benefit from the experience of their colleagues from the territories where the Covid struck earlier.

"What we learned was quickly passed on to French Guiana: anticoagulants, corticosteroids, how to ventilate patients," reports Professor Nacher. Resuscitation has been involved in the clinic. "

All these data must obviously be confirmed in the coming weeks. "It is not a question of minimizing the epidemic," concludes Mathieu Nacher. There is a real crisis. There is fatigue, anxiety. But everyone works well, the caregivers are exemplary".
See the graphic here
 

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