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Infos citoyennes

11/02/22
Cancer : une feuille de route pour les dix ans à venir

Clara de Bort, directrice générale de l’ARS, a lancé les travaux de la feuille de route régionale Cancer, hier après-midi, en présence d’une quarantaine de professionnels de santé. Elle définira, d’ici à mai, les priorités et les chantiers pour les dix années à venir. La Guyane devra devenir davantage autosuffisante dans sa réponse aux besoins de soins de cancérologie, en s’appuyant, notamment, sur le centre hospitalier de Kourou qui sera le pivot de la discipline au sein du futur CHRU.

Chaque année, plus de 400 cancers sont diagnostiqués en Guyane. Beaucoup sont diagnostiqués tardivement, alors que 90 % de certains de ces cancers peuvent être guéris s’ils l’étaient à un stade précoce. Une partie des traitements est réalisée en Guyane, avec l’expertise du Centre Léon-Bérard, à Lyon. Dans les années à venir, le renforcement de la prévention, du dépistage, de l’offre de soins en Guyane et de la prise en charge de l’après-cancer seront les axes de la stratégie décennale contre le cancer.

Déclinaison locale de la stratégie nationale, lancée en 2021 par le président de la République, elle a été lancée hier par Clara de Bort, directrice générale de l’Agence régionale de santé. Une quarantaine de professionnels de santé ont participé aux échanges, en présentiel ou à distance. D’ici au mois de mai, ils doivent rédiger une feuille de route fixant les priorités régionales pour les années à venir.

Des objectifs nationaux, une déclinaison locale

Dotée de 1,7 milliards d’euros sur cinq ans (17 % de plus que pour 2016-2021), la stratégie nationale vise à

  • Passer en une décennie de 150 000 nouveaux cancers évitables annuels à moins de 100 000
  • Faire reculer la mortalité des 7 cancers les plus létaux
  • Mieux accompagner les conséquences des cancers et des traitements sur la qualité de vie et l’emploi, car à ce jour deux tiers des patients conservent des séquelles cinq ans après le diagnostic. Il s’agit de le faire reculer à un tiers.

En Guyane, s’il y a moins de fumeurs quotidiens (12 % de la population) et de consommateurs quotidiens d’alcool (5,2 %) qu’ailleurs en France, la surcharge pondérale est supérieure à la moyenne nationale chez les femmes (53 % contre 44 %). « Nous devrions redoubler d’effort pour apprendre à manger mieux, diversifier notre alimentation et développer l’activité physique, et ceci aussi dès le plus jeune âge, a encouragé Clara de Bort. Ces actions auront un effet bénéfique à terme sur le cancer mais aussi sur les autres maladies en lien avec le surpoids. »

Un dépistage deux fois moindre qu’au niveau national

La directrice générale de l’ARS a aussi demandé « de mettre un accent très fort sur le dépistage des trois cancers pour lesquels nous avons des tests pertinents. Nos taux de dépistage sont tous inférieurs d’environ moitié à ceux de la moyenne nationale, qui ne sont déjà pas optimaux. Sur la moyenne 2018-2019, hors période Covid, le taux de participation au cancer du sein n’est que de 23 % (49% au niveau national) et celui du cancer colorectal n’est que de 9% (29% au niveau national). Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus vient juste de redémarrer après un arrêt de presque deux ans. »

Les cancers les plus fréquents en Guyane

En Guyane, les cancers les plus fréquents sont :

  • Pour la femme les cancers du sein, du col de l’utérus et colorectal ;
  • Pour les hommes, le cancer de la prostate, le cancer colorectal et celui du poumon.

Les cancers les plus fréquents en Guyane sont donc ceux pour lequel un dépistage organisé existe. « Quelque part, c’est une bonne nouvelle pour nous » souligne Clara de BORT. Quant aux cancers dits « de mauvais pronostic » ils représentent 16,7% de tous les cancers diagnostiqués en Guyane, (contre 22% au niveau national). Ils sont surtout représentés par celui de l’estomac, où nous avons à la fois une surincidence et une surmortalité importante, et celui du foie.

Un rôle central pour Kourou dans le cadre du futur CHRU

Enfin, la feuille de route régionale contre le cancer devra aussi se pencher sur les conséquences et les séquelles potentielles pour les patients. « Comme vous le voyez, dans les années à venir, la Guyane doit devenir plus autosuffisante et développer d’avantage la prévention et la prise en charge locale des cancers, conclut Clara de Bort. A ce titre, le projet CHRU de Guyane attribuera le rôle de pilote de cancérologie au CH de Kourou. Ce futur site du CHRU sera doté à terme de l’offre de radiothérapie, d’un plateau pour utilisation thérapeutique des radioéléments et de soins de suite et de réadaptation de spécialité pour offrir aux patients ayant le cancer une prise en charge centralisée. En phase intermédiaire, le groupement hospitalier de territoire est en train de créer un Groupement de coopération sanitaire (GCS) de moyens qui sera le porteur d’autorisations en chirurgie de cancers. En terme d’équipements lourds, un petscan pourra voir le jour en Guyane avec le nouveau projet régional de santé. »

Dr Laurent Dejault, président du réseau régional de cancérologie : « Il y a une volonté permanente d’améliorer les choses »

Ces dernières années, avez-vous constaté des progrès dans la lutte contre le cancer en Guyane ?

Oui. La pérennité de l’appui du Centre Léon-Bérard (Lyon), c’est important ! Il est l’organisme garant, référent. Tous les établissements de Guyane sont des établissements associés autorisés en cancérologie. On a des autorisations pour le traitement médical du cancer dans les trois centres hospitaliers. C’est bien ! On a des autorisations de chirurgie du cancer, à Cayenne pour le cancer digestif, à Kourou pour le cancer du sein, à Saint-Laurent du Maroni pour le cancer gynécologique.

Il y a aussi une volonté permanente des gens que je rencontre d’améliorer les choses. Mais ce n’est pas parce qu’on veut qu’on peut. Il y a des professionnels de santé volontaires, qui ont été formés, qui n’ont rien à envier à quiconque.

Quelles difficultés rencontrent les professionnels ?

D’abord la sous-démographie médicale ou paramédicale, hospitalière ou libérale de ville. On manque de cancérologues diplômés et identifiés, d’une filière organisée et structurée. Il y a un phénomène d’épuisement, avec des praticiens qui sont overbookés, qui ont des ressources limitées.

Le deuxième écueil, c’est l’inégalité de répartition des populations. Les communes de l’intérieur sont pénalisées pour la prévention et le traitement du cancer. Le troisième, ce sont les « perdus de vue » et les difficultés de perception du cancer au sein d’une population très hétérogène, cosmopolite. J’ai souligné l’importance de la médiation culturelle lors de la réunion de lancement de la feuille de route régionale.

Le quatrième écueil, c’est la nécessité de créer des filières intégrées de soins, qui aillent de la prévention au soin et à l’après-cancer. Avec probablement un sous-dimensionnement de l’offre de soins en soins de support. Le Dr François Coisne (CHC) l’a très bien souligné : il y a un dimensionnement pour 200 patients en soins de support alors qu’il le faudrait pour 400 à 500. Il faudrait que les acteurs du soin soient formés aux soins de support, mais pour se former il faut du temps disponible. Quand on a la tête dans le guidon, c’est un vœux pieu.

L’isolement géographique est pénalisant. On fonctionne avec les evasan pour les examens complémentaires. On n’a pas de petscan disponible en Guyane. Jusqu’à maintenant, la démographie guyanaise ne le permettait pas. Ce sont des choses qui vont se structurer dans le temps.

Quelles perspectives d’amélioration identifiez-vous ?

En ce qui concerne l’attractivité et le nombre de soignants, un levier intéressant est l’universitarisation des hôpitaux avec la création du CHU. Pouvoir promettre à certains praticiens une carrière universitaire, avec la structuration d’une filière en cancérologie, peut attirer de la ressource médicale et paramédicale.

L’augmentation de la démographie fait que même si on ne parle pas de radiothérapie aujourd’hui en Guyane, il faut y penser pour après-demain. C’est inéluctable.

En terme de rationalisation, on a des leviers comme la prévention et la réalisation des soins sur place. Ce sera mieux vécu par les familles.

Vous démarrez une feuille de route pour dix ans, avec un point d’étape en 2025. Qu’est-ce qui, dans trois ans, vous permettrait de dire que la Guyane a bien progressé ?

Les premiers objectifs, c’est la rationalisation du circuit patient, l’amélioration de la communication entre les soignants, la formation des professionnels et la coordination des parcours. Pour moi, d’ici 2025, c’est la priorité. Il faut continuer d’améliorer la prévention et permettre aux populations d’accéder aux soins de support en oncologie.

S’agissant de la prévention, quels sont les leviers les plus aisés et les plus efficaces à activer en Guyane ?

Il y a pas mal de prévention à faire sur le papillomavirus. C’est le cancer du col de l’utérus chez la femme. En Guyane, c’est un fléau. La promotion du vaccin contre le papillomavirus, dont on connaît l’efficacité, est un axe à privilégier. Il y a beaucoup de cancers gastriques. Il serait intéressant d’identifier les causes de ces cancers. Autant que je sache, il n’y a pas eu de chlordécone en Guyane mais la prévalence du cancer de la prostate est importante. Le cancer digestif, le cancer de la prostate, le cancer du col et le cancer mammaire sont les quatre cancers dont il faut s’occuper en termes de prévention.

On dépiste beaucoup moins que dans l’Hexagone. Comment l’expliquez-vous ?

Le problème est plurifactoriel. On a une population qui ne comprend pas toujours les mécanismes de dépistage. Les professionnels de santé ont peu de temps pour faire de la prévention primaire. Il y a toute une éducation thérapeutique qu’il faut avoir le temps de faire. Beaucoup de campagnes de dépistage s’appuient sur les services postaux, mais quand les gens n’ont pas d’adresse ou que le service postal est défaillant, on envoie des enveloppes pour encourager à faire des frottis ou bénéficier du dépistage du cancer du côlon qui n’arrivent pas aux patients.

Quelles améliorations peut espérer le patient pour les prochaines années ?

Il faut former des infirmiers coordinateurs de parcours de soins. Ce serait une mesure avant-gardiste.

Cet article est issu de la Lettre pro de l’Agence régionale de santé. Vous pouvez vous y abonner en remplissant le formulaire suivant : https://forms.sbc28.com/5a8bed50b85b5350ef1cd117/t13M7zUZQi2XMq5E3DdnhQ/0WQoeDwjRXqJblCpKbLDzA/form.html  


Clara de Bort, Director General of the ARS, launched the work of the regional Cancer roadmap, yesterday afternoon, in the presence of around forty health professionals. It will define, by May, the priorities and projects for the next ten years. French Guiana will have to become more self-sufficient in its response to cancer care needs, relying, in particular, on the Kourou hospital center which will be the pivot of the discipline within the future CHRU.

Each year, more than 400 cancers are diagnosed in French Guiana. Many are diagnosed late, while 90% of some of these cancers can be cured if they were at an early stage. Part of the processing is carried out in French Guiana, with the expertise of the Center Léon-Bérard, in Lyon. In the years to come, the strengthening of prevention, screening, healthcare provision in French Guiana and post-cancer care will be the axes of the ten-year strategy against cancer.

Local version of the national strategy, launched in 2021 by the President of the Republic, it was launched yesterday by Clara de Bort, Director General of the Regional Health Agency. About forty health professionals took part in the exchanges, face-to-face or remotely. By May, they must draft a roadmap setting regional priorities for the years to come.

National objectives, local application

Endowed with 1.7 billion euros over five years (17% more than for 2016-2021), the national strategy aims to

  •     Go in a decade from 150,000 new preventable cancers annually to less than 100,000
  •     Reduce the mortality of the 7 most lethal cancers
  •     Better support the consequences of cancers and treatments on quality of life and employment, because to date two thirds of patients retain sequelae five years after diagnosis. It's about rolling it back to a third party.

In French Guiana, although there are fewer daily smokers (12% of the population) and daily alcohol consumers (5.2%) than elsewhere in France, overweight is higher than the national average among women (53% versus 44%). “We should redouble our efforts to learn how to eat better, diversify our diet and develop physical activity, and this also from an early age, encouraged Clara de Bort. These actions will have a beneficial effect in the long term on cancer but also on other diseases related to overweight. »

Screening twice as low as at the national level

The director general of the ARS also asked “to place a very strong emphasis on the screening of the three cancers for which we have relevant tests. Our testing rates are all about half lower than the national average, which is already not optimal. On the 2018-2019 average, excluding the Covid period, the participation rate for breast cancer is only 23% (49% nationally) and that for colorectal cancer is only 9% (29% nationally). national). Organized screening for cervical cancer has just restarted after a hiatus of almost two years. »

The most common cancers in French Guiana

In French Guiana, the most frequent cancers are:

  •     For women, breast, cervical and colorectal cancers;
  •     For men, prostate cancer, colorectal cancer and lung cancer.

The most common cancers in French Guiana are therefore those for which organized screening exists. "Somehow, this is good news for us," says Clara de BORT. As for so-called “poor prognosis” cancers, they represent 16.7% of all cancers diagnosed in French Guiana (compared to 22% nationally). They are mainly represented by that of the stomach, where we have both an excess incidence and a significant excess mortality, and that of the liver.

A central role for Kourou within the framework of the future CHRU

Finally, the regional cancer roadmap should also address the potential consequences and sequelae for patients. "As you can see, in the years to come, French Guiana must become more self-sufficient and further develop local cancer prevention and treatment," concludes Clara de Bort. As such, the French Guiana CHRU project will assign the role of oncology pilot to the Kourou CH. This future CHRU site will eventually be equipped with the radiotherapy offer, a platform for the therapeutic use of radioelements and specialized follow-up care and rehabilitation to offer patients with cancer centralized care. In the intermediate phase, the regional hospital group is in the process of creating a Health Cooperation Group (GCS) of resources which will be the bearer of authorizations for cancer surgery. In terms of heavy equipment, a petscan may see the light of day in French Guiana with the new regional health project."

Dr Laurent Dejault, president of the regional oncology network: “There is a permanent desire to improve things”

In recent years, have you noticed progress in the fight against cancer in French Guiana?

Yes. The sustainability of the support of the Léon-Bérard Center (Lyon) is important! It is the guarantor, referent organization. All establishments in French Guiana are associated establishments authorized in oncology. We have authorizations for the medical treatment of cancer in the three hospitals. It's good ! We have authorizations for cancer surgery, in Cayenne for digestive cancer, in Kourou for breast cancer, in Saint-Laurent du Maroni for gynecological cancer.

There is also a permanent desire of the people I meet to improve things. But just because we want doesn't mean we can. There are volunteer health professionals, who have been trained, who have nothing to envy anyone.

What difficulties do professionals encounter?

First, the medical or paramedical, hospital or liberal city under-demography. There is a lack of qualified and identified oncologists, of an organized and structured sector. There is a phenomenon of exhaustion, with practitioners who are overbooked, who have limited resources.

The second pitfall is the unequal distribution of populations. Municipalities in the interior are penalized for the prevention and treatment of cancer.

The third is the "lost sight" and the difficulties of perception of cancer within a very heterogeneous, cosmopolitan population. I stressed the importance of cultural mediation during the meeting to launch the regional roadmap.

The fourth pitfall is the need to create integrated care pathways, which go from prevention to care and post-cancer. With probably an under-dimensioning of the care offer in support care. Dr. François Coisne (CHC) pointed this out very well: there is a sizing for 200 patients in supportive care when it should be for 400 to 500. Care actors should be trained in supportive care , but to train you need available time. When you have your head in the handlebars, it's a wishful thinking.

Geographical isolation is penalizing. We work with evasan for complementary examinations. We do not have a petscan available in French Guiana. Until now, Guianese demography did not allow it. These are things that will take shape over time.

What opportunities for improvement do you identify?

With regard to the attractiveness and number of caregivers, an interesting lever is the universitarization of hospitals with the creation of the CHU. Being able to promise certain practitioners a university career, with the structuring of a cancerology course, can attract medical and paramedical resources.

The increase in demography means that even if we are not talking about radiotherapy today in French Guiana, we have to think about it for the day after tomorrow. It is inevitable.

In terms of rationalization, we have levers such as prevention and providing care on site. It will be better experienced by families.

You are starting a roadmap for ten years, with a milestone in 2025. What, in three years, would allow you to say that French Guiana has made good progress ?

The first objectives are the rationalization of the patient circuit, the improvement of communication between caregivers, the training of professionals and the coordination of pathways. For me, by 2025, this is the priority. We must continue to improve prevention and allow people to access supportive care in oncology.

With regard to prevention, what are the easiest and most effective levers to activate in French Guiana ?

There is a lot of prevention to be done on the papillomavirus. This is cervical cancer in women. In French Guiana, it is a scourge. The promotion of the vaccine against the papillomavirus, whose effectiveness is known, is a priority. There are many gastric cancers. It would be interesting to identify the causes of these cancers. As far as I know, there has been no chlordecone in French Guiana but the prevalence of prostate cancer is high. Digestive cancer, prostate cancer, cervical cancer and breast cancer are the four cancers that need to be taken care of in terms of prevention.

We track much less than in France. How do you explain it?

The problem is multifactorial. We have a population that does not always understand screening mechanisms. Health professionals have little time to do primary prevention. There is a whole therapeutic education that you have to have the time to do. Many screening campaigns rely on the postal service, but when people don't have an address or the postal service is down, envelopes are sent to encourage people to take pap smears or benefit from colon cancer screening. that do not reach patients.

What improvements can the patient expect for the next few years?

It is necessary to train nursing coordinators of care pathways. It would be a pioneering measure.

This article is from the Professional Letter of the Regional Health Agency. You can subscribe to it by filling out the following form: https://forms.sbc28.com/5a8bed50b85b5350ef1cd117/t13M7zUZQi2XMq5E3DdnhQ/0WQoeDwjRXqJblCpKbLDzA/form.html
 

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