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01/03/11
Le maire de la commune d'Awala-Yalimapo écrit au ministre de la culture

Monsieur le Ministre de la Culture et de la Communication,

Nous venons vers vous, pour vous faire part d’une situation qui pourrait mettre à mal les relations de l’Etat avec la communauté amérindienne de Guyane de façon générale et les kali’na de manière plus singulière.

« Eclairer la réalité des outre-mer français, au-delà des clichés sur les "enfers de cyclones ou de crises sociales" ou les "paradis de cocotiers" ».

Nous en étions restés à ces quelques mots nobles prononcés lors de la cérémonie de lancement de cette « Année des Outre-Mer » par Daniel Maximin, commissaire de l’année des Outre-Mer .

L’illusion, l’espoir furent de très courte durée.

Comme vous le savez, l’année 2011 « Année des Outre-Mer » verra de nombreuses manifestations sur l’ensemble du territoire national. Paris devrait concentrer un nombre non négligeable d’entres elles.

Il y est prévu notamment la construction de carbets amérindiens au Jardin d’acclimatation.

Ce « fameux » jardin d’acclimatation, appelé également jardin colonial, a été un des sites d’accueil des expositions coloniales des 19ème et 20ème siècles de la France.

La France exposait lors de ces manifestations « ses » populations indigènes de ses nombreuses colonies.

La dernière en date fut organisée en 1931 et y furent exposés des familles kanak de Nouvelle-Calédonie.

Des kali’na du bas Maroni furent exposés entre 1882 et 1892 (à trois reprises) dans ce jardin d’acclimatation, beaucoup d’entre eux ne revirent jamais leur terre natale, décimés par le froid et la maladie, certains disséqués au nom de la science et de la connaissance.

Ils y avaient reconstitué un village et devaient vaquer à leurs occupations, dites traditionnelles, sous les yeux des visiteurs.

Ces évènements malheureux, gravés dans nos mémoires, véritables zoos humains d’un autre temps que nous espérions révolu, ont fait l’objet d’un travail de recherche et vulgarisé sous forme d’une exposition financée par la Région en 1992 (en commémoration des 500 ans de contacts).

Vous comprendrez donc aisément, Monsieur le Ministre, les réactions de colère, d’incompréhension, d’indignation à la découverte du programme de cette « Année des Outre-Mer ».

Ces réactions , dont nous nous faisons le relais auprès de vous mais également auprès du Président du Conseil Régional, du Président du Conseil Général , des élus de Guyane, du Ministre de l’Intérieur, de celle de l’Outre mer, sont plus que légitimes.

Nous vous demandons que cet évènement, souhaité, programmé et maintenu par les organisateurs très certainement par ignorance (du moins nous l’espérons), ne puisse être cautionné par votre ministère.

Cette demande ne remet pas en cause cette « Année des Outre-mer » mais elle se veut juste le geste responsable de personnes désireuses de construire sainement cette « Guyane plurielle » riche de sa diversité culturelle à laquelle vous tenez tant.

Recevez, Monsieur le Ministre, nos salutations les plus respectueuses.

Monsieur Jean-Paul FEREIRA
Maire de la commune d'Awala-Yalimapo