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Jodla 11/11/06
Un peu de douceur dans un monde de brutes

Salle comble hier à l'auditorium de Remire pour la journée d'études organisée par l'Association Guyanaise des Psychologues, forte d'environ 25 membres. Un public essentiellement féminin surtout composé de professionnels, travailleurs sociaux, éducateurs, personnel médical. Les femmes - ce sont les statistiques qui le disent - sont 25 fois moins violentes que les hommes, nul ne s'étonnera donc qu'elles soient à l'origine de cette initiative - et aussi à l'écoute - de cette journée dont les thèmes centraux étaient la violence et l'altérité. Toute la journée se sont succédées des interventions de psychologues dont l'expérience et le vécu fort différents avaient en commun d'enrichir le traitement du sujet, avec quelques interventions remarquables de sensibilité.

Ainsi Frédéric Targe, psychologue dans une unité de gérontologie de Cayenne, a développé le thème de la perte d'humanité dans le vieillissement à travers la « détoriation de l'efficience ». Toute communication devenant impossible, l'existence même de la personne âgée se trouve dissolue par nos peurs et pour pouvoir surmonter cette peur, la tentation est grande de s'identifier, comme par un effet de miroir, à « celui qui sait, celui qui ne se trompe pas ». Dans certaines cultures, la seule présence d'un corps vivant dépourvu de moyens de communication peut-elle quand même être reconnue dans son humanité ? Frédéric Targe posait la question, avec humilité.

Une superbe intervention de Ramona Justin, en tenue traditionnelle, accompagnée d'une jeune fille au tambour battant le kassé ko : « Dis-moi comment tu vas ? » A kouman to fika ? A travers les représentations culturelles de la société créole, à travers le langage, Ramona a tenté de faire comprendre ce qu'il pouvait rester de souffrance non identifiée et pourtant transmise de génération en génération dans ce corps objet de toutes les préoccupations, au détriment d'un coeur qui ne sait plus s'exprimer. Fracture entre psychée et soma, où « la psychée a trouvé refuge dans le corps-mémoire » et où « le moi chancelant » refoule dans l'insconscient « les représentations mentales indésirables ».
Léo, le petit enfant en souffrance cité par Ramona, tentait de capter une tendresse que ses parents n'avaient pas apprise et ne savaient donc pas transmettre. Un long travail à faire de mise à jour des handicaps de l'inconscient. A kouman to fika ?

Une impressionnante découverte : Cécile Marotte.
Auteur de plusieurs ouvrages (dont Matoubor, en collaboration avec Toto Bissainthe, et Mémoire oubliée, sur les problématiques des droits de l'homme), Cécile Marotte travaille actuellement sur un important programme d'aide aux victimes des violations des droits de l'homme à Haïti. Viols et massacres sans prise en compte par un Etat carencé et indifférent sont au quotidien du labeur de cette psychologue. « L'impunité est le ciment de la violence organisée », précise Cécile Marotte. Avec un préalable : « une victime de violence souffre directement dans son corps mais sa souffrance physique est toujours accompagnée d'une souffrance psychique ». Il s'agit ici de traiter des violences dites "politiques", c'est à dire entre individus d'un même groupe social et ethnique. Un travail qui demande une longue préparation et une grande connaissance de la culture de l'Autre. Cela ne peut pas se faire sans avoir réussi au préalable le difficile métissage du langage de la victime et de celui qui entend lui apporter son aide. Pour Cécile Marotte, celui qui s'installe dans son statut de victime - qui ne doit être que temporaire - y trouve un intérêt, et l'essentiel du travail consiste ici à passer du statut de victime à la prise en compte de la citoyenneté (sauf à devenir bourreau à son tour ?), un travail d'autant plus indispensable que la carence des pouvoirs publics n'apporte pas cette valeur pédagogique que représente le recours juridique.

Des lumières dont nous sommes largement privés et qui pourtant seraient d'une aide immense pour notre société guyanaise qui, bien qu'étant encore très loin des violences haïtiennes, présente de sérieux dérapages sur le registre des droits de l'homme et quelques points de similitude.

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