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Jodla 19/03/09
En France, les questions sont dans la rue

Pendant que le préfet de Martinique savoure les lauriers de la patience sur le site du Monde (Ange Mancini, le briscard de la négo), de belles remises en question se font jour sur le site de Bondamanjak : Derrière mon caddie, mon 4x4 et mes...Ray Ban, alors que la couleur de peau gangrène tous les débats de fond en Guadeloupe (Caribcréole1.com). Mais là haut tout là haut, ils sont tous d'accord, puisque le projet de loi de développement économique de l'outre-mer (Localtis.info) a été adopté par les sénateurs à l'unanimité moins une voix, l'abstention étant ici comme ailleurs une forme d'approbation (Les Echos : Les tabous tombés de l'outre-mer). Un journaliste politique (Nicolas Domenach, sur Canal +) affirmait même récemment que le président de la région Guadeloupe, Victorin Lurel, aurait été pressenti par Nicolas Sarkozy pour entrer dans le prochain gouvernement... A croire que le petit voyage en avion privé pour soutenir les barragistes guyanais en novembre n'était qu'un accident de parcours.

La grève nationale du 19 mars devrait voir un véritable déferlement de salariés du public et du privé dans les rues... de la France hexagonale, mais il est peu probable que la solidarité joue dans les DOM et qui plus est en Guyane, dont les leaders syndicaux (sauf exception) sont majoritairement préoccupés par le consumérisme, laissant bien loin derrière eux les carences de l'Etat en matière de justice, d'éducation, et de la simple mise en application des valeurs de la République. Ici on écoute avec attention et respect des porte-parole qui vous lancent, sans même consulter la population, des listes improvisées à la hâte et des ultimatum suspendus dans le temps, sans considération pour les injustices criantes qui perdurent dans notre département, et encore moins pour la fragilité du tissus économique local.

Le paysage se trouble à l'infini... et la recherche de la cohérence ressemble à une course éperdue. Peut-on encore raisonnablement s'étonner, ou même s'indigner, de quoi que ce soit ? Quand le pape mène campagne contre la capote jusqu'au Cameroun (Le Messager du Cameroun, et Courrier international), il ne faut pas s'attendre à ce que l'évêque de Guyane (salarié du Conseil général, rappelons-le) dénonce les propos de son grand manitou (qu'il n'approuve pas pourtant), même s'il se croit permis de prendre publiquement position pour l'évolution institutionnelle de la Guyane, par exemple. Ainsi vont les représentations de notre société.

Pour en revenir à la manifestation nationale du 19 mars :
Outre les revendications résultant de la casse du secteur public, la réalité française est que la situation des salariés du privé est alarmante (« et nous ne sommes qu’au début de cette catastrophe sociale », estime un Cégétiste dans Le Parisien), et n'a cessé de se dégrader depuis plusieurs décennies - pendant que le discours syndical était "ailleurs" - comme en témoigne un article du Monde diplomatique en date du 20 février : « Partage de la valeur ajoutée : Touchez pas aux profits » :
« La part des salaires augmente lentement de 1960 à 1970, passant de 66,3 % à 69,7 % de la valeur ajoutée brute ; puis elle grimpe plus rapidement (notamment après les hausses de 1968) pour atteindre 74,1 % de la valeur ajoutée en 1982. Après le tournant de la rigueur de 1983, elle chutera à 63,5 % en 1998, avant de remonter très légèrement depuis. En 2007, elle était de 65,1 %. Encore ces données comprennent-elles les très hauts salaires des dirigeants d’entreprises, qui ont augmenté plus vite que le salaire moyen. » (article complet).
Voir aussi sur le Diplo : Ce que révèlent les données officielles sur les conflits sociaux.

Des petits chemins de l'info Guyane :

CAP21/Modem (Franck Dubos) du 17 mars :« La croyance envers le Progrès, d’une conquète et d’une exploitation sans limite de la Nature , commence dans l’opinion publique a devenir obsolète voire une source d’inquiétude pour l’avenir » : Communiqué Mayouri et schizophrénie.

Les Nouvelles Forces de Progrès : « les N.F.P. s’attachent à vouloir étendre la lutte contre la vie chère, car elle ne cesse d’accroître les inégalités entre nos concitoyens. Cependant, les Nouvelles Forces de Progrès refusent de cautionner la destruction de notre tissu économique.» : communiqué.

Le Medef est à l'origine d'un regroupement : L'Union des employeurs de Guyane, et invite les organisations socioprofessionnelles à se faire connaitre : Communiqué.

Liste des revendications déposée en préfecture par Mayouri kont leksplwatasyon, piloté par l'UTG, assortie d'un "ultimatum".

Liste déposée le 18 février en préfecture par les associations de consommateurs, pilotée par l'ACC.

La tentative de négociation qui a eu lieu aujourd'hui à la préfecture a tourné court. Voir communiqué de la préfecture.