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Jodla 20/05/09
Point final pour la Bouvet Rames-Guyane

Les organisateurs de la seconde édition de Rames Guyane nous proposent un résumé bien vivant de cette longue traversée de l'Atlantique à la rame :

Le 8 mars 2009, 22 rameurs dont une femme et cinq récidivistes, tous engagés dans la deuxième édition de la Bouvet Rames Guyane, quittent les côtes d’Afrique pour une traversée de l’Atlantique à la rame, en solitaire, sans escale ni assistance.
Les données sont simples et précises : 2600 milles nautiques, soit 4700 km entre un départ de Saint-Louis du Sénégal et une arrivée à Cayenne en Guyane. Entre les deux, une très longue route.

Portés par leur rêve, ils ont signé sans savoir qu’ils s’engagent dans une aventure difficile et éprouvante. Au final, seuls treize participants doublent la ligne d’arrivée.

Cueillis à froid
Ils sont arrivés à Saint-Louis du Sénégal douze jours avant le départ de la course. Certains néophytes, d’autres aguerris aux épreuves océanes, mais tous amateurs.
Douze petites journées d’une parenthèse africaine pour souffler avant de filer au grand large. Parce que, pour les 22, l’aventure a déjà commencé de longs mois auparavant, lors d’une préparation chronophage souvent vécue sans équipe d’assistance : Budget, dossiers de sponsoring, construction du bateau, entraînement du bonhomme, enfin, si possible! … Certains sont secondés, d’autres moins ou pas du tout. Mais tous auront tremblé jusqu’au bout de ne pas être prêts dans les temps.

Si bien que ce 8 mars, le départ sonne comme une libération.
À 10H00, les conditions sont idéales. Beau temps, belle mer et légère brise de 10 à 12 nœuds de Nord Est. Chacun lance sa machine sous les acclamations et Jean-Jacques Gauthier prend la tête suivi de Mathieu Bonnier, de Jean-Pierre Vennat et d’Eric Lainé.
Eole est de leur côté… Pas pour très longtemps !

Quelques heures plus tard, il faut déjà batailler contre les vents de Nord Ouest qui poussent dangereusement les bateaux vers la terre. Avant d’espérer prendre le large, l’une des difficultés du parcours est en effet de doubler à l’arrache le Cap des Almadies qui prolonge loin vers l’Ouest la presqu’île du Cap Vert
« C’est alors que le voyage peut commencer, le large est vécu comme une libération » annonce, d’entrée, Didier Lemoine, l’un des récidivistes.

Hélas, les conditions sont si défavorables que de nombreux concurrents ne passent pas le fameux Cap et, au total, onze rameurs sont remorqués vers l’ouest par les bateaux accompagnateurs: Henri-Georges Hidair, Didier Lemoine, Patricia Lemoine, Pierre Katz, Henri Deboulogne, Karl Barranco, Christophe Lemur, Jean-Pierre Habold, Patrick Deixonne, Rémy Alnet et Jean-Pierre Vennat savent qu’ils seront pénalisés à l’arrivée.

En eaux libres, l’océan cueille les rameurs à froid mais la course continue et prend rapidement du rythme. Du côté des non remorqués, Jean-Jacques Gauthier, en tête depuis la ligne de départ, mène toujours la danse. Mais au quatrième jour, Patrick Favre, brillant second de la première édition, prend le commandement des opérations suivi d’Eric Lainé, l’une des révélations de cette Bouvet Rames Guyane 2009. Pendant toute la course, Eric, qui n’est pas un habitué des hautes solitudes maritimes, effectue un parcours sans faute en ne lâchant jamais les avant-postes.

Rythme de croisière
Cinq jours de course: les rameurs commencent à s’amariner même si, pour quelque uns, la vie à bord s’avère plus difficile que prévue, d’autant que certains n’ont pas encore quitté la zone des cargos, danger majeur de ces courses en solitaire. Puis les premiers bobos apparaissent. La peau, surtout, est attaquée de toute part alors que le mal de mer, terrible sur ces canots, submerge toujours les moins aguerris.

Jean-Pierre Habold résume ainsi son sweet home. « Tu t’imagines manger, dormir et vivre dans un tonneau au milieu des flots ». Pas simple ! Mais au terme de cette première semaine, chacun trouve son rythme, ses repères et entre doucement en solitude. Moins malades mais aussi moins terriens.
Sur le plan d’eau, les bateaux se dispersent. Sur la carte, ils ne représentent plus ce groupe compact lancé à pas comptés vers le milieu de l’océan. Et les rameurs sont des marins solitaires qui tracent une route souvent divergente. Déjà, les nordistes luttent et les sudistes filent…

Puis, le 17 mars, au 9ème jour, première mauvaise nouvelle : Jean-Jacques Gauthier abandonne. Alors qu’il se trouve en 7ème position, le champion d’aviron est en effet victime d’un chavirage et décide de jeter l’éponge. Il est rapidement récupéré par le Guyavoile avant de rejoindre la terre.
Le lendemain, nouveau coup de tonnerre: Henri Deboulogne abandonne à son tour. Très malade depuis le départ, il ne s’alimente plus, se déshydrate et sombre peu à peu dans l’épuisement. Le médecin du CROSS est formel, il doit être secouru et c’est le Mélody qui, cette fois, récupère le malheureux concurrent.
Ce double renoncement jette un froid au sein de la flotte mais la course continue, même si les conditions de mer sont de plus en plus difficiles. Pour les rameurs situés le plus au nord, c’est même la guerre. Il y a ceux qui partent au front et ceux qui attendent la fin des hostilités.

Mais tous souffrent. Mer croisée, vents établis à près de 25 nœuds, creux de trois mètres…Les conditions de navigation sont périlleuses et la vie à bord de ces frêles embarcations devient traumatisante, limite dangereuse. Alors, afin de minimiser les risques, on ballast et on enfile son harnais avant de mettre le nez dehors.

Descente au sud
Même si les rameurs se démènent maintenant pour quitter au plus vite cette mer si difficilement maniable, l’ambiance tourne à la compétition. Aux avant postes depuis le quatrième jour, Patrick Favre accélère encore la cadence. Patrick Hoyau et Mathieu Bonnier sont en effet à moins de 30 milles de son tableau arrière tandis qu’Eric Lainé débarque de l’est comme en embuscade. Quatre marins que l’on retrouvera au coude à coude en vue de la ligne d’arrivée…

Plus à l’arrière, tous jouent le jeu mais avec plus ou moins d’esprit de compétition…Ainsi, de nombreux concurrents cherchent l’équilibre entre performances et contemplation et, sans vouloir se désolidariser du groupe, ils tentent un rythme intermédiaire entre endurance et allure du rêveur. Tout au long de la course et pour de nombreux rameurs, il sera d’ailleurs question de trouver ce fragile point d’équilibre.
Exemple frappant de cette double casquette voyageur compétiteur : Charles Bergère qui, arrivé troisième, cherchera jusqu’à la fin le moyen de ne pas se laisser déborder par la régate sans pour autant s’en détacher totalement.

Mais, en ce 19 ème jour de course, bouleversement au classement pour les trois de l’avant : Hoyau passe en tête. Bonnier prend la deuxième place et Favre gamberge sur une option sud. Juste derrière, Eric Lainé et Charles Bergère jouent les électrons libres, suivis de près par ceux qui s’autoproclament les quatre mousquetaires. Une bande qui navigue collée serrée composée de Jean-Luc Torre, de Gilles Ponthieux, de Patrick Deixonne et de Rémy Alnet. Par la suite, Pascal Vaudé viendra compléter la bande.

Au 24ème jour, de nombreux rameurs commencent leur descente vers le sud. Pas franco, plutôt piano. Du genre j’y vais, j’y vais pas! Tous savent bien en effet que les courants équatoriaux ne sont plus très loin mais qu’après les avoir trouvés, il faudra bien remonter. Le jeu stratégique commence.

Favre a précédé le mouvement et il a est le premier à piquer plein sud. Un peu trop et un peu trop tôt! Ca lui coûtera un podium. Les autres cherchent. Pas tous. Charles Bergère, chef de file des nordistes, ne dévie sa trajectoire que dans les derniers milles avant la ligne d’arrivée.
Un peu en arrière, les rameurs gardent le rythme. On trouve alors Jean-Pierre Lacroix le réservé, Pierre Katz l’humaniste, Jean-Pierre Habold, le poète et plus loin Karl Barranco et sa verve, Patricia et ses sourires, Didier dans son monde et Henri-Georges Hidair l’éthologue qui apprivoise les baleines.

Et puis il y a ceux qui souffrent comme Bertrand de Gaullier, blessé au bras ou Jean-Pierre Vennat et ses terribles problèmes de peau, tous deux faisant preuve d’un grand courage physique et mental.
Quant à Christophe Lemur, il est hors course et file cape à l’ouest, bien aidé par un grand cerf-volant…

Régate finale
A l’approche de la Guyane et après un gros mois de mer, 14 milles séparent Mathieu Bonnier de Patrick Hoyau, le leader. Au Nord, le Guyanais Charles Bergère attaque le groupe de tête par la route orthodromique.

Mais au 41 ème jour de course, un évènement bouscule l’ordre des priorités. Alors qu’il navigue par 4° Nord et 44° Ouest, Rémy Alnet déclenche ses deux balises de détresse. Après une attente interminable de 29 heures accroché à sa coque retournée, Rémy Alnet est récupéré sain et sauf par l’Astro Chloé, un super tanker détourné pour les recherches. Pendant cette terrible épreuve, Rémy a fait preuve de sens marin, de sang froid et de détermination, trois qualités qui lui ont certainement permis de tenir.

Deux jours plus tard, c’est la fête en Guyane. Le 20 avril en effet, après 42 jours de mer, Patrick Hoyau est en passe de remporter la Bouvet Rames Guyane, seconde édition de cette magnifique Transatlantique à la rame et en solitaire.
Très amaigri, le kouroucien jette ses dernières forces dans un inégal combat aux avirons pour enfin franchir la ligne d’arrivée. Il lui faut en effet lutter jusqu’à l’épuisement pour vaincre un contre-courant de près de quatre nœuds qui tente jusqu’au bout de l’empêcher de passer. « C’était sidérant, il était à bout… Sur les bateaux accompagnateurs, les encouragements, les hurlements et la présence de ses proches lui ont donné le courage de finir. Mais dans quelles conditions ! Il était en larmes et souffrait le martyr. » explique admiratif l’un des passagers du bateau jury.

Mathieu Bonnier l’isérois le suit de près et arrive en deuxième position après 43 jours de route. Huit heures plus tard, le guyanais Charles Bergère prend la troisième place. Né à Sinnamary il y a 29 ans, Charles est donc le deuxième guyanais du podium. Une immense joie pour tout un pays.

Le 22 avril, Patrick Favre et Eric Lainé franchissent la ligne puis, le lendemain, c’est au tour de Jean-Luc Torre et de Patrick Deixonne d’en finir avec seulement quatre petites minutes d’écart. Après 47 jours de régate, l’image marque les esprits.
Arrivent ensuite Gilles Ponthieux, plus amaigri que jamais et Pascal Vaudé en grande forme. Ainsi, du 20 au 25 avril, les arrivées s’enchaînent et la fête bat son plein en Guyane, d’autant que les enfants du pays n’ont pas démérité.

Mais au cœur de cette semaine de liesse, l’angoisse s’abat de nouveau sur le PC course quand Bertrand de Gaullier déclenche ses deux balises de détresse. L’infernale attente recommence, plus longue et peut-être plus terrible encore que pour Rémy Alnet. Les deux balises de détresse ne semblent plus positionnées au même endroit ce qui rend les recherches impossibles et laisse supposer le fait que Bertrand n’est plus sur son bateau.
Après 36 heures d’angoisse au cours desquelles il fait preuve d’un étonnant sang froid, Bertrand est miraculeusement aperçu par un avion de la Marine brésilienne avant d’être récupéré par le vaillant équipage du Mélody qui, depuis le Sénégal, veille à la sécurité du plan d’eau. Peu après, il est transféré à bord de l’Audacieuse, patrouilleur de la Marine Nationale de type P 400 basé à Cayenne.

Le lendemain, Pierre Katz et Jean-Pierre Habold arrivent à Cayenne. Le 5 mai enfin, Karl Barranco termine « à la régulière » en treizième position et ferme avec panache la ligne officielle de la Bouvet Rames Guyane 2009.

Les abandons

Jean-Jacques Gauthier, Rémy Alnet et Bertrand de Gaullier chavirent ; Henri Deboulogne et Jean-Pierre Vennat abandonnent à la demande d’un médecin pour raisons de santé ; Christophe Lemur casse son safran et rejoint la Guyane à l’aide d’un cerf-volant ; Patricia Lemoine, trop au Sud, termine la traversée à l’aide d’un cerf-volant avant d’être remorquée dans les derniers milles par le Mélody « Nelson » ; Henri-Georges Hidair et Didier Lemoine, également trop au Sud, sont remorqués jusqu’à Cayenne par le voilier « Rois Mara ».

www.bouvet-ramesguyane.com

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