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Jodla 26/03/10
Les infos de FF : Route gruyère de Cacao,
le maire annonce les travaux « début avril »

C’est une route (ca)cahoteuse qui, depuis de longues années, excède sans tapage ses usagers. A une soixantaine de kilomètres de Cayenne, elle démarre d’un embranchement de la route nationale 2 (celle qui mène à la frontière du Brésil) pour rejoindre, après 13 km, le bourg de Cacao, ultra majoritairement peuplé d’habitants d’origine hmong. Très vite les trous surgissent. A bord de votre véhicule, les déjouer en première s’impose. Seuls les trois derniers kilomètres menant au village sont dépourvus de trous et d’ornières. En octobre, les autorités avaient annoncé d’importants travaux de réhabilitation à partir de mars. Parmi elles, le maire de Roura qui annonce aujourd’hui ces « gros travaux » pour « début avril ».

« Je suis maire depuis deux ans mais c’est tout de même un appel d’offres de 13 millions d’euros et en France il y a des délais administratifs incompressibles » se justifie d’abord le maire de la commune de Roura, David Riché, quand on lui demande à quelle date vont effectivement commencer les travaux sur cette route de Cacao, qui se détériore de jour en jour. Selon les témoignages que nous avons pu recueillir sur place, certains usagers trépignent, d’autres donnent l’impression d’attendre Godot.

Travaux prévus « d’avril à octobre »

La municipalité de M. Riché englobe le bourg de Cacao distant de 60 km de celui de Roura. « C’est le conseil général qui est maître d’ouvrage (délégué, ndlr) car la commune de Roura n’en a pas les moyens sur un tel projet. Les travaux vont commencer début avril et doivent se terminer en octobre, c’est le calendrier » assure le maire. La Semaine Guyanaise a brièvement relayé cette « information » calendaire révélée par l’édile de Roura dans son numéro sorti jeudi 25 mars. Pour ce projet de 13 millions d’euros, « la Région met 1,5 million d’euros, le Conseil général 1,5 million et le Fonds Exceptionnel d’Investissement (FEI) donc l’Etat met 10 millions » indique le maire.

Habitant le long de cette route, M Cha By, propriétaire du restaurant Bellevue qui offre une vue imprenable sur la forêt environnante, glisse : « Je ne suis pas technicien mais à mon avis avec une telle somme, il y a de quoi faire tout ce qu’il faut ». Alors que chez certains usagers de cette route de Cacao, on commençait sérieusement à en douter, notamment dans le milieu enseignant, le maire soutient avoir fait le maximum pour concrétiser la réhabilitation de ce trajet que les agriculteurs hmongs empruntent quasiment quotidiennement pour se rendre sur les marchés du littoral. « Trois mois après mon installation, j’ai fait réaliser une étude sur cette route. Je l’ai envoyée au gouvernement et transmise à Michel Barnier ministre de l’agriculture qui, lors de sa venue en Guyane, était monté avec Chantal Berthelot, dans mon 4x4 sur la route de Cacao, alors qu’il devait s’y rendre en hélicoptère. Il m’avait dit devant tout le monde : ‘Monsieur le maire, je m’occupe de la route’. Et quelques mois plus tard, on faisait partie du FEI (fond d’Etat, débloqué dans le cadre du plan de relance gouvernemental, ndlr) », raconte encore David Riché.

95% des électeurs de Cacao
ont voté Alexandre

Dimanche 21 mars, au second tour des Régionales, 95% des électeurs du bourg de Cacao ont voté Rodolphe Alexandre. Pourtant, David Riché, le maire de la commune de Roura (Cacao), second sur la liste AGEG (A Gauche en Guyane) de Chantal Berthelot au 1er tour avait milité pour la liste de l’union de la gauche conduite par Taubira au second. « C’est un vote en faveur de la sécurité qu’inspire l’Etat » a estimé le maire dans La Semaine Guyanaise. Pour David Riché, il ne s’agit pas du tout d’un vote de protestation de la population vis-à-vis de l’état déplorable de la route. M. Cha By, habitant de Cacao et président de l’association pour l’accueil et l’intégration des Hmongs du sud-est asiatique ne le contredit pas sur ce point : « Même si je ne peux pas parler à la place des gens, l’état de la route ne date pas d’aujourd’hui, cela date de 30 ans. Donc je ne pense pas que cela soit l’état de la route qui ait incité les gens à voter Alexandre. »

FF

« Ils vont couper la colline »

« Après l’envoi de mon étude, j’ai été pris au sérieux par l’Etat qui a commandé une étude plus importante. Cela va donner une superbe route, il y a des endroits comme le site de Bellevue, où il y a des carbets au-dessus. Tout cela va être dégagé, ils vont couper la colline » explique encore le maire. M. Cha By, habitant l’endroit confirme : « Dans le virage (face au site de Bellevue, ndlr), la colline où j’ai fait mes carbets va être rasée. J’ai donné mon autorisation. On m’a promis un endroit à proximité où je pourrai les reconstruire. On m’a dit aussi qu’on allait bitumer correctement mon parking (devant son restaurant, ndlr) en refaisant la route ». « Cette route communale au départ était une simple piste. Puis on a décidé de la goudronner mais cela n’a jamais été correctement busé donc ça fait des trous » indique Lionel Lemoine, secrétaire général pour les affaires régionales (Sgar), à la préfecture. Selon certains experts, la route de Cacao s’est aussi toujours très vite détériorée parce que la forêt a toujours peu ou prou continué à la recouvrir. « Le programme prévoit des déboisements et, pour la première fois, des fossés vont être réalisés » assure encore David Riché. « Fin 2009, des premiers travaux ont déjà été réalisés » poursuit-il. Il avait alors fallu réagir vite suite à un éboulement. « Il s’agissait de travaux pour reculer la plate-forme de la route suite à un effondrement » précise Lionel Lemoine.

« Comme pour les routes de montagne en France »

Nous sommes allés voir sur place lesdits travaux : à côté d’une route escarpée à flanc de colline, la colline a été « reconstruite » en terrasse. « Comme pour les routes de montagne en France » souligne M. Lemoine. Mais sur la route, on n’a encore rien bitumé. A cet endroit, par exemple, on roule sur une centaine de mètres de piste plus ou moins bosselée. M. Cha By n’est pas vraiment estomaqué : « depuis fin 2009, quelques travaux ont été faits à 200 mètres de chez moi. Mais peu de choses ont été faites et les machines sont aujourd’hui retournées sur Cayenne ». Aujourd’hui encore, tout au long des 13 km menant à Cacao, les trous impressionnants se succèdent sans répit jusqu’à 3 kilomètres du bourg où l’ultime partie du trajet bitumé est convenable même si la route est très étroite. M. Cha By traduit le scepticisme ambiant : « On n’a pas d’information sur cette route. Vous m’apprenez que les travaux sont maintenant annoncés pour avril. Pour tout ce qui concerne cette route, aujourd’hui, les Hmongs n’y croient pas vraiment. » En octobre dernier, une réunion à Cacao, conduite par la préfecture et trois collectivités (Région, Département et mairie), en présence d’Antoine Karam, Alain Tien-Liong, David Riché et Lionel Lemoine, avait accouché publiquement d’une date objectif de début des gros travaux en mars. Certains enseignants, habitant sur le littoral et faisant le trajet quotidiennement, maugréent un chouia sur le non respect de cette échéance. « Le début des travaux était effectivement prévu pour mars », concède David Riché, « il y a eu un petit décalage d’une quinzaine de jours. Mais j’ai reçu une lettre du Conseil général la semaine dernière (notre entretien a eu lieu mardi 23 mars) disant clairement que les gros travaux commencent début avril pour une livraison en octobre. » Dimanche, le maire va inaugurer une salle polyvalente à Cacao, des questions sur la route lui seront certainement posées. « Ce n’est pas une seule entreprise qui sera chargée des travaux, il y en quatre. Elles ne sont pas là pour faire chacune une portion de route. Leur travail sera complémentaire : l’une fera par exemple l’assainissement etc. Les travaux vont commencer à l’embranchement de la RN2. » En attendant, selon M. Cha By : « Ca pose énormément de problèmes de prendre cette route. Ca pose des problèmes techniques, ça devient trop dangereux. »