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Jodla 08/11/10
« Comment vous empoisonnez les Amérindiens »
Contre l'orpaillage sauvage, les initiatives se multiplient

Trois affluents de la Camopi pollués par un site d'orpaillage illégal actif : c'est ce que vient de constater, samedi 6 novembre, le WWF qui a survolé la zone en présence du réalisateur Marc Barrat. Le WWF signale que le film du survol sera bientôt disponible sur www.nonalorillegal.fr, mais qu'il a déjà mis des vidéos en ligne ici (250 mo). Voir communiqué WWF.

Sur le Haut-Maroni, depuis des années, l'association Solidarité Guyane prélève des cheveux des enfants de Kayodé, et les fait analyser par un laboratoire au Japon : les résultats font régulièrement apparaître des taux d'intoxication mercurielle invraisemblables qui explosent tous les seuils de l'OMS et qui ont fini par altérer définitivement la santé des enfants. Certains présentent désormais, selon Solidarité Guyane, « des séquelles très visibles et irréversibles ». Pourtant des baisses sensibles des taux d'imprégnation mercurielle viennent d'être enregistrées ces derniers temps sur certains individus, et ces baisses constituent un véritablement encouragement à continuer l'action (voir les résultats des dernières analyses communiqués par l'association Solidarité Guyane). Effet conjugué sans doute des prises de conscience des victimes de l'orpaillage - suite à la communication des résultats des analyses aux intéressés qui peuvent ainsi mesurer l'évolution de leurs efforts (des victimes à qui l'on demande d'éviter de consommer ces poissons qui constituent la base traditionnelle de leur alimentation, alors que le gibier est décimé par les orpailleurs), et aussi, bien sûr, aux opérations Harpie, même si on n'en finit pas de regretter leur manque de constance.

Marc Barrat, le 6 novembre,
lors du survol de la Camopi avec le WWF.

Mais la problématique reste entière, et tous les moyens seront bons pour tenter de protéger ces populations exposées à la folie des hommes. Et comme les orpailleurs sont aussi des hommes et bien souvent des pères de famille, les habitants de Kayodé ont décidé de s'adresser directement à eux. Un tract a donc été rédigé, avec le soutien d'un enseignant et de Solidarité Guyane. Jusqu'ici ce tract n'a pas encore été distribué, et nous invitons toutes les personnes en contact avec des orpailleurs sagouins - ou avec ceux qui en profitent indirectement - à imprimer ce tract (en pdf ici, en français et en brésilien, ou cliquez sur l'image du tract) et à leur remettre pour tenter de les sensibiliser aux conséquences de leurs actes. Merci d'aider le plus possible à diffuser cette information.

De son côté, la revue Oka'mag a lancé une pétition "parachutée", sur le registre « il faut sauver les 1500 derniers amérindiens Wayana », via Cyberacteurs, qui en est à 8000 signatures.
Aujourd'hui même a lieu au Sénat un colloque sur le thème « Guyane : entre diversité et égalité des peuples et des territoires », où la problématique de l'orpaillage ne devrait pas être oubliée.
Christiane Taubira, qui s'est réveillée tardivement sur la question de la tracabilité de l'or, enregistre une avancée : elle a « obtenu le soutien du groupe Socialiste Radical et Citoyen (SRC) auquel elle appartient à l'Assemblée Nationale pour l'amendement qu'elle a déposé au projet de loi de Finances pour 2011 visant à étendre l'application de la loi de garantie sur l'or à la Guyane. En conséquence, son amendement sera co-signé par tous les Députés socialistes membres de la Commission des Finances.»

Confluence du Tampak et de la Camopi : photo WWF du 6 novembre 2010