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Jodla 28/03/11
Des Kali'na au Jardin d'acclimatation : la polémique continue...

Un collectif de chercheurs, responsables associatifs et culturels, romanciers, cinéastes se mobilisent pour dénoncer les manifestations prévues au jardin d'acclimatation dans le cadre de l'année des outre-mer.  Dans Le Monde, l'historien et porte parole du collectif, Nicolas Bancel, co-auteur des « Zoos humains », reprend le mot d'ordre des Surréalistes en 1931 : « Nous n'irons pas à l'exposition coloniale » : L'exposition des Outre-mer au Jardin d'acclimatation est un scandale.

En Guyane, les dégâts collatéraux s'additionnent avec les réglements de comptes auxquels cette affaire a servi de déclencheur. Avec en toile de fond quelques manoeuvres politiciennes pas toujours visibles mais bien réelles. Ainsi l'autorité coutumière du village Kali'na de Kourou a été remise en question, et Jean-Aubéric Charles - à qui l'on reproche une inactivité prolongée au sein de la FOAG et dans son propre village - est remplacé, à l'issue d'un vote, par le conseiller municipal et adjoint au maire Roger François (Okamag 26/03), dont l'élection a été validée par l'ONAG, l'association dirigée par Florencine Edouard à laquelle Christiane Taubira a apporté son soutien (Okamag). Jean-Aubéric Charles, de son côté, ne reconnait pas ce nouveau chef coutumier et considère que sa communauté « a réaffirmé, par acclamation », sa souveraineté (communiqué).

Mais derrière ces remue-ménage qui sont autant de gourmandises pour la presse, les questions de fond restent en suspens : quid de la propriété collective des terres*, difficile à mettre en place dans le cadre du droit français, et que ne règle pas définitivement la ratification de la convention 169 de l'OIT (chronique d'Alexis Tiouka de 2006, et motion signée récemment par Rodolphe Alexandre et Jean-Aubéric Charles) ; quid de la zone d'accès réglementée du sud de la Guyane (Une zone d'accès contestée, dans France-Guyane du 19 mars, et Préparer la rencontre, de Brigitte Wyngaarde) ; et quid du statut réel des autorités coutumières, dans le flou le plus absolu ?

L'arroseur arrosé

En effet, si l'Etat reconnait l'existence des autorités coutumières**, bien utiles à l'occasion, et dont les représentants recoivent même une indemnité versée par le Conseil Général, un vrai flou artistique demeure sur les conditions de leur désignation, et la bataille rangée qui se déroule au village amérindien de Kourou vient de faire imploser ce montage précaire. Et la question politiquement incorrecte mérite d'être posée : si les chefs coutumiers sont avant tout un référent moral et culturel pour leur communauté, leur reconnaissance et leur rémunération par l'Etat sont-elles désormais autre chose qu'une simple survivance du système colonial ? D'autant que le droit coutumier n'a aucune réalité dans nos institutions, pour l'instant du moins. Les manoeuvres, qui ont permis de remplacer Brigitte Wyngaarde à Balaté par un chef coutumier favorable à Léon Bertrand (jodla 01/03/08, 97320.com et Conseil général), et à Kourou Jean-Aubéric Charles par un chef coutumier favorable à Antoinette et aux logements sociaux pour les amérindiens, reposent assurément la question dans ces termes - et les communautés bushinengué n'échappent pas à cette forme d'assimilation, voire d'asservissement aux allures de rente de situation.

A Balaté, le fragile équilibre qu'avait trouvé Brigitte Wyngaarde pour la gestion collective des terres n'est plus qu'un souvenir, et le nouveau chef coutumier de Kourou a déjà reçu les félicitations du maire pour son action dans le cadre du programme de rénovation urbaine.

Quand tout le monde se fait la guerre, il ne reste que des blessés, des morts... et des prisonniers. Et les vainqueurs ne sont sûrement pas du côté des peuples autochtones.

Reste à savoir ce qu'il adviendra du Conseil consultatif des populations amérindiennes et bushinenge de Guyane, créé en juin 2010 à l'initiative du sénateur Othily.
Il est encore trop tôt pour le dire.

Au moment où nous écrivons ces lignes nous parvient de la mairie d'Awala-Yalimapo un courrier d'habitants de Camopi qui n'ont pas eu besoin d'un chef coutumier pour dénoncer au préfet - un peu trop bruyamment compte tenu des habitudes électorales historiques du coin - les agissements du candidat du MDES aux dernières élections cantonales : « Lors de sa tournée à Camopi, le dimanche 13 mars, nous avons constaté qu'il s'autorisait à distribuer de l'alcool (rhum) pour nous inviter à voter pour lui. »
 

* Droits collectifs des peuples autochtones, par Alexis Tiouka (fichier word).

**
Les chefs coutumiers en Guyane, par Maude Elfort, sur le site de l'Ademe ; Les chefs coutumiers, sur Politique-africaine.com ; et Du yopoto au capitaine, du capitaine au chef coutumier, par Gérard Collomb.

Illustration : tournoi de fanin, jeu traditionnel kali'na où des toupies s'affrontent.

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