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Jodla 03/11/11
Roulons pour la Guyane, et tout ira mieux :
A propos de la grève UTG qui s'éternise à But

Pour qui roule blada ? écrivait en mai la députée de la première circonscription dans un communiqué rien moins que mensonger et injurieux à en-tête de l'Assemblée nationale. Nous allons donc de ce pas lui donner une nouvelle occasion de se poser la question, même si l'on peut se demander comment une si grande dame - élue députée de la Guyane avec la moitié du chiffre (voir sur TDG) des visiteurs quotidiens de blada - peut trouver le temps de s'intéresser à d'aussi basses considérations.

La grève à But qui s'éternise dangereusement ne semble guère préoccuper nos élites. Elle est pourtant exemplaire du dérapage de l'action syndicale dans notre département. Mais qu'est-ce qui peut bien à ce point boucher l'horizon ? Au deuxième mois d'une grève dont les revendications initiales ne pouvaient laisser entrevoir une telle durée (voir sur le site de l'UTG), la nouvelle direction du Medef s'impatiente (communiqué) et s'engage à fond derrière la LCD But installée en Guyane depuis 30 ans, et les irréductibles de l'UTG font le siège du magasin. Jusque là, nous pourrions être dans une grève classique, sauf qu'à chaque fois qu'elles s'éternisent, les grèves de l'UTG prennent une tournure de guerre ethnique, avec l'aide active d'Albert Darnal qui n'a jamais su faire la différence entre déontologie et démagogie. Ce qui entraîne quasi automatiquement un traitement bien spécifique de l'information, chacun marchant sur des oeufs, de peur d'être accusé de trahir sa classe sociale, sa couleur, son église, sa famille, son copain, son voisin, ou même sa petite amie, et d'en payer lourdement les conséquences... Et Télé Guyane, dite Guyane première, déploie alors tout son art de la désinformation - organisée ou relevant d'une indécrottable paresse intellectuelle - digne d'une célèbre campagne publicitaire de type « Demain j'enlève le bas ». Et la télé, c'est ce que le peuple regarde. Le seul journal télévisé de la Guyane est entre les mains de Guyane première et ceux qui ne prennent pas la peine d'aller lire d'autres commentaires s'en tiendront à ce qu'ils ont vu sur la pravda guyanaise. Nous aurons ici une pensée compatissante pour les quelques professionnels respectables qui y sévissent encore.

D'abord on enlève le haut :

A propos des salaires, un reportage de Guyane première courant octobre, prétendant nous informer sur les salaires pratiqués par le magasin But de Cayenne, nous montrait un bulletin de paie d'un salarié - dont le haut avait été tronqué - sur lequel figurait un montant net à payer misérable : c'est l'objet de notre jodla du 24 octobre.

Demain, j'enlève le bas :

Le 26 octobre, dans un JT qui est encore en ligne (n'hésitez pas à le consulter), c'est le haut seul d'un bulletin de paie qui nous a été montré, faisant état d'un salaire horaire carrément illégal si l'on s'en tient à ce seul élément : 5,889 € de l'heure. A aucun moment la caméra n'a montré le reste du bulletin de paie (à moins que ce ne soit une coupure au montage ?), et le commentaire n'a fourni aucune explication sur les éléments constitutifs de cette paie.

Ces images sont extraites de captures d'écran du JT du 26 octobre de Guyane première.

Nos expériences précédentes d'approche d'un piquet de grève prolongée UTG nous ont montré depuis longtemps que la moindre demande d'explication faisait irrémédiablement de vous un ennemi. On comprendra mieux pourquoi nos médias se contentent de jouer les porteurs de micros (et France-Guyane n'échappe pas à la règle).

C'est donc vers le Medef Guyane que nous nous sommes tournés pour tenter d'avoir quelques explications sur ce salaire horaire de 5,889 €, manifestement illégal si l'on s'en tient à une analyse brute. Mais le calcul des salaires des vendeurs échappe visiblement à la logique habituelle des salaires (Institut de management Tardivon, et Forum Droit-finances à propos des salaires des vendeurs de Darty).

Dans la réponse détaillée que nous a fournie le Medef, l'explication est la suivante : « La fiche de paye des vendeurs présente un fixe de 893€ se calculant avec un salaire horaire de 5.889€ x 151,67 heures (comme les vendeurs de voitures qui sont à  4€ de l'heure soit 4€ x 151,67 = 606,68€ brut), s'ajoutent les primes sur CA, les primes sur marge, les primes sur garantie, l'ancienneté, les tickets restaurant. En cas de je ne sais quel événement qui viendrait à ce que le vendeur ne vende rien pendant un mois, le vendeur a la garantie d'être payé le SMIC. Ce cas ne s'est jamais produit chez BUT. »

En complément de cette explication, le Medef Guyane nous a adressé copie d'un échange de correspondances entre la direction de But et l'UTG (pdf 1,7 mo), que nous livrons à votre analyse.

On y notera, entre autres, que la fiche de paie de vendeur qui figure dans le dossier fourni par le Medef est vraisemblablement celle d'un employé performant (elle montre un brut de 4 615,59 € !), loin de celle qui nous a été montrée par Télé Guyane le 26 octobre (qui montre un brut apparent de 761,75 €). On notera encore que la mention d'heures d'absence pour grève (capture d'écran 2 ci-dessus) est parfaitement illégale (Easy droit et site gouvernemental www.travail-emploi-sante.gouv.fr). Cette mention figure maintenant sous forme de "reprise heures abs" dans le bulletin de paie du dossier Medef. On peut imaginer qu'entre-temps l'illégalité du commentaire a été repérée par les gérants de But. Un enseignement positif de la grève, vraisemblablement.

Reste que nous sommes loin du combat syndical avec cette grève de près de deux mois pour satisfaire l'égo de Darnal et de la dame au nom de jour férié, au mépris de ceux qui les ont suivis, et qui vont devoir retourner au travail, meurtris et amers, encore plus endettés qu'avant.  Et qui mettront des années à récupérer leurs pertes de salaire, augmentation ou pas, seul point bloquant restant des revendications initiales.

Les exemples ne manquent pas dans les longs exercices de ce genre menés par certains dirigeants de l'UTG.

Roulons pour la Guyane, et tout ira mieux.

 

 

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