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Jodla 10/12/11
Marché de kourou :
Un exercice périlleux pour le nouveau gymnase du bourg

Les Kourouciens l'avaient compris depuis bien longtemps. Après avoir laissé s'écrouler systématiquement, faute d'entretien, toutes les installations qui ne dataient pas de l'ère Antoinette (la salle polyvalente*, le centre d'accueil**, et la toujours incontournable place des fêtes), voici que le marché quasi historique de la Condamine, nommé par tous "Marché Hmong", va fermer pour pouvoir remplir le marché-gymnase du bourg dont l'ouverture est prévue vendredi 16 décembre. Les petits chapiteaux écroûlés, les dalles disjointes, les trous plus nombreux que les chalands et jamais réparés, étaient autant de signes de l'abandon orchestré pour virer toute cette piétaille de Simarouba.

Un lieu pourtant si convivial qu'on continue encore à y venir malgré sa dégradation très avancée, et régulièrement investi pour les campagnes électorales, bien pratique pour hurler ses mensonges depuis les voitures-haut-parleurs.

Mais l'exercice qui consiste à fermer ce lieu est peut-être plus périlleux qu'on ne le croit. Un marché de plein air n'est pas un endroit comme un autre, c'est un espace de respiration pour la ville, un haut lieu de rencontres pour une population incroyablement variée qui s'y cotoie librement depuis plus de trente ans.

Enfermer cet espace de vie entre les quatre murs d'un marché-gymnase serait encore un pas en avant vers la destruction d'un tissu social déjà très éprouvé, que des discours pompeux et une langue de bois débitée à longueur d'année ne peuvent occulter.

La suite nous dira le degré de docilité ou de résignation des administrés (qui n'ont pas tous, ou du moins pas encore, le droit de vote...).

Vendredi dernier, dans une atmosphère houleuse ponctuée de cris, une grosse délégation de la mairie - accompagnée du chef de la police municipale et flanquée à distance d'un Quémon qui tournait comme une mouche - distribuait aux commerçants du marché Hmong le diktat de la mairie, signé Jean-Etienne Antoinette. Tous les degrés de réaction étaient visibles parmi les marchands : incompréhension, abattement, stupeur, colère, indifférence, écoeurement, mais ceux qui criaient le plus fort seront vraisemblablement les plus prompts à s'exécuter :

« Dans le cadre de l'ouverture du marché de la Ville de Kourou***, Fortuna Ringuet, le 16 décembre 2011 :
- Une réunion d'information à votre attention est prévue le 13 décembre à 13h30 en Mairie. Il s'agit pour les commerçants d'expérimenter leur activité sur le Marché du Bourg jusqu'au 31 décembre 2011.
- Durant cette période à compter du 16 décembre, le marché Condamine sera intégralement fermé à l'activité commerciale par arrêté municipal.
»

Côté mairie, on assure que les consultations ont été faites et que tout le monde est d'accord. Mais la question est comme toujours de savoir qui peut bien être ce "tout le monde". Les 7 à 8 plus importants vendeurs du marché Hmong, que nous avions consultés la semaine précédente (producteurs et revendeurs), étaient très loin d'être de cet avis : Le nouveau marché couvert très étriqué malgré son gabarit (les stands proposés pour 120 euros/mois font 3 x 2 mètres, sans possibilité d'avoir un stock sur place et sans possibilité de garer son utilitaire à proximité) ne les intéresse absolument pas. Du côté des agriculteurs Hmong, qui arrivent aux aurores depuis des terres éloignées, et dont le véhicule utilitaire est presque une seconde maison, la réponse était catégorique : ils n'iront pas. Même avis du côté des plus gros revendeurs.

Il va donc falloir faire plier tout ce petit monde, et le plus simple est de fermer le marché de la Condamine, dit marché Hmong. Voilà qui a le mérite d'être clair. Après de multiples marches avant et arrière, qui consistaient à réserver ce nouveau marché aux producteurs (où il aurait même été interdit de vendre des produits importés comme des oignons ou des carottes), on ouvre maintenant toutes les vannes pour remplir cet espace qui n'intéresse pas grand monde, sauf ceux qui voudraient y tenir boutique. Ces derniers sont d'ailleurs choisis dans des conditions d'opacité bien épaisses.

Photos ci-dessus : Au centre (espaces tracés au sol de 3 x 2 m) devraient se trouver les marchands de fruits et légumes ; au fond, dans les espaces fermés avec lavabos, les bouchers ; au premier étage les boutiques d'artisans et ambulants. L'ouverture est prévue chaque jour de la semaine, avec un ou deux jours de fermeture (contrairement au marché Hmong, ouvert le mardi et le vendredi).

Tous les marchands peuvent désormais (comprendre "doivent") venir au marché du vieux bourg jusqu'à la fin de l'année, expliquait la délégation de la mairie de Kourou vendredi sur le marché Hmong. Ils pourront s'installer tout autour dans les endroits non couverts, et auront jusqu'à la fin de l'année pour se régulariser...

Quant aux places de parking, "c'est une autre histoire", commentait un agent de la mairie sollicité. Le parking du nouveau marché, qui attend à terme 70 places, est en effet  toujours en cours de construction.

Rendez-vous mardi 13 décembre à 13h30 en mairie avec ceux qui ont encore un peu d'énergie pour défendre un lieu de vie. Fac-simile de l'invitation (pdf)

Photos blada du 29 novembre 2011.

* Depuis la fermeture de la salle polyvalente, Kourou ne dispose plus d'aucune salle de spectacle.

** Avant d'être progressivement transformé en squat, le centre d'accueil était équipé de grandes cuisines, d'une salle immense, et de chambres qui accueillaient des artistes de passage. Il était utilisé pour toutes sortes de réunions, rencontres ou cérémonies (on y fêtait aussi les mariages et tous les grands événements familiaux). Ce sont maintenant les écoles qui sont mises à contribution, et l'on va même jusqu'à y accueillir des sectes.

*** On notera bien le terme de la municipalité : « le marché de la Ville de Kourou ». Comme s'il n'y en avait qu'un seul... en oubliant même le marché "informel" du village Saramaca. Le marché couvert de Kourou existait avant d'être reconstruit, et coexistait fort bien avec le marché de plein air. Sa reconstruction aura coûté autour de deux millions d'euros au contribuable.

 

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