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Jodla 27/01/12
Léon Gontran Damas - Félix Eboué, l'inévitable débat

Deux enfants prestigieux de la Guyane mis en valeur en même temps ces jours-ci, et qui plus est deux contemporains, qui ont vécu une période de notre histoire particulièrement difficile : le gouverneur Félix Eboué et le poète Léon Gontran Damas. Une belle occasion de mieux approcher les sensibilités liées à ces deux grandes figures de la Guyane se présente, à travers un débat historique contradictoire qui échappe aux discours stéréotypés et aux récupérations. Quelque soit en effet l'immense respect porté à l'homme, les hallucinants panneaux publicitaires à l'effigie emmédaillée de Félix Eboué qui ornent nos rues ne sont pas plus rassurants que la récupération de la poésie de Damas à des fins propagandistes.
Après la parution de la chronique de Lawoety-Pierre Ajavon (ancien président de l'Association des Amis de Léon Damas) : « Damas entre Négritude et engagement politique », et l'intervention de "Liberté-histoire973" dans le courrier des lecteurs (jodla du 26 janvier), P.L. Ajavon répond à son tour à Liberté-histoire 973 :

« Cela ne vous a pas échappé que le parallèle que j’établissais dans mon article entre les deux figures emblématiques guyanaises, DAMAS et EBOUE, n’avait pour seul et unique but que de retracer leurs différents parcours à la même période historique, laissant aux lecteurs le soin de forger leur propre opinion sur la question. Même si naturellement, je me sens idéologiquement plus proche de DAMAS. Le chapeau introductif du Jodla du 22 janvier est à cet égard assez éclairant dès lors qu’il met l’accent sur le rayonnement de la Guyane au travers de ses deux célébrités, au-delà de leurs antagonismes.»
 

Intervention de Lawoety-Pierre Ajavon, 27 janvier 2012 :
Réponse à monsieur Liberté-histoire973

Tout d’abord, monsieur, je tiens à vous remercier pour votre texte, assez court, mais fort enrichissant qui permet de nourrir le débat autour de la problématique qui avait semblé opposer en leur temps DAMAS et EBOUE. Je dis bien semblé, car tout est question d’interprétation, en l’absence de preuves ou de documents probants ou explicites sur ladite opposition. Je salue d’autant plus votre sortie que peu de bladanautes - heureusement pas tous - m’ont rarement habitué à débattre sur le fond de mes articles . Votre contribution a donc le mérite de se situer aux antipodes de certaines personnes dont les attaques personnelles ont toujours tenu lieu d’argumentaire sur ce site.

Je vais, comme vous, tenter d’être assez succint. A charge pour les lecteurs de compléter leurs informations au moyen de l’abondante historiographie à disposition.

Cela ne vous a pas échappé que le parallèle que j’établissais dans mon article entre les deux figures emblématiques guyanaises, DAMAS et EBOUE, n’avait pour seul et unique but que de retracer leurs différents parcours à la même période historique, laissant aux lecteurs le soin de forger leur propre opinion sur la question. Même si naturellement, je me sens idéologiquement plus proche de DAMAS. Le chapeau introductif du JODLA du 22 janvier est à cet égard assez éclairant dès lors qu’il met l’accent sur le rayonnement de la Guyane au travers de ses deux célébrités, au-delà de leurs antagonismes.

Vous posez qu’il y aurait eu une certaine proximité, du moins idéologique, entre DAMAS et l’occupant Nazi pendant la Deuxième Guerre mondiale, alléguant du fait qu’il fut animateur d’émissions sur Radio Vichy. Monsieur, je vous informe que la radio à laquelle vous faites allusion fut au tout début, l’une des premières radios rebelles (une radio libre avant l’heure ?), qui sera par la suite infiltrée puis phagocytée par le régime de Vichy. Ne disposant plus de sa liberté d’expression, DAMAS  dû  démissionner. Quant à la soi-disant affectation de DAMAS au service de la censure de la presse écrite à Toulouse, je ne vous apprendrai pas que ce fut dans le cadre du Service du Travail Obligatoire (STO) qui contraignit bon nombre de Français, ouvriers comme cadres à travailler bénévolement,  soit en Allemagne, soit en France même, pour l’occupant Allemand. Si je suis bien votre raisonnement, plus de quarante pour cent des Français qui furent réquisitionnés à cette époque, comme DAMAS, par les Allemands seraient tous des collabos. C’est vrai que dans la foule enthousiaste qui s’est retrouvée à la Libération sur les Champs-Elysées pour célébrer la défaite de l’ennemi, il y avait beaucoup d’anciens collabos qui ont vite tourné casaque. Qui disait l’autre, les vrais résistants sont au cimetière. Soyons sérieux . Mais le jour où les archives personnelles de DAMAS vont parler, plusieurs personnes devront opérer des révisions déchirantes,  sinon, revoir leurs récriminations contre le poète de la Négritude.
Par ailleurs, vous soutenez que l’ouvrage de DAMAS, « Veillées noires » était un plagiat de Georges Haurigot. En avez-vous des preuves ? Y avait-il eu à l’époque dépôt de plainte de l’auteur pour plagiat ?

Monsieur, sachez que je n’ai rien contre Félix EBOUE à qui je reconnais le mérite de l’honneur que vous lui décernez. Cet honneur qui l’amena à refuser la défaite au moment où bon nombre de Français par opportunisme, intérêt ou idéologie, souhaitaient ouvertement ou secrètement la victoire de l’Allemagne nazie. Comment ne pas saluer ce fils de la Guyane qui sut mobiliser, lorsqu’il le fallait, des centaines de milliers de « tirailleurs » afin de libérer la France. Mon propre grand-père maternel ,  caporal au 6ème Régiment d’Infanterie Coloniale, l’ a payé de sa vie sur le front à Fréjus, dans le sud de la France en 1943. Seulement, Thiaroye où les ex-tirailleurs qui rallièrent F. EBOUE à Fort-Lamy (Tchad) se firent massacrer en 1944 par leurs propres frères d’armes au cours des revendications salariales, restera toujours la pomme de discorde entre la France et ses anciens libérateurs.

Voyez-vous encore monsieur, là où certains saluaient en Félix EBOUE un Grand Compagnon de la France Libre aux côtés du général de Gaulle, d’autres n’y voyaient qu’un serviteur zélé de l’Empire colonial. En effet, c’est sous sa férule de ce Gouverneur de la Coloniale que le fameux « code de l’indigénat », qui n’avait rien à envier aux lois discriminatoires de Nuremberg contre les Juifs, étendit sa chape de plomb sur la vie quotidienne des Arabes en Algérie, et des Nègres en Afrique noire. Que dire de la construction du chemin de fer Congo-Océan qui devait relier Pointe-Noire à Brazzaville, « effroyable consommateur de vie humaine » pour reprendre les propos d’André GIDE, et qui vit périr 17 000 Africains soumis aux travaux forcés ? Même si, par la suite, avec l’évolution des institutions de la République ainsi que des mentalités, ce code fut aboli paradoxalement, grâce à  l’action du même F. EBOUE . Il y a une dizaine d’années, fut organisé à l’université Marien Ngouabi à Brazzaville (Congo), un colloque assez controversé sur l’action de F.EBOUE en Afrique  centrale pendant la période coloniale. Inutile de vous dire que les positions étaient alors très tranchées en fonction de l’orientation politique des uns et des autres : qui fallait-il célébrer ?  le compagnon de la Libération ou l’allié inconditionnel de la colonisation en Afrique ?  S’il a œuvré pour le bien la France, avaient reconnu la plupart des participants, les Africains eux, n’ont pas oublié qu’il contribua à pérenniser l’ordre colonial, en niant les droits légitimes de ses propres « frères » sur le continent. Comme quoi, cher monsieur, peut sommeiller dans chaque être humain, à la fois  l’ange et le démon.

Il appartiendra en dernier ressort à la postérité, notamment à l’Histoire, de se prononcer le moment venu, sur l’action de ces deux illustres et incontournables personnages que furent F. EBOUE et L-G DAMAS. Car si l’un et l’autre ont bien emprunté des chemins différents, mais pas forcément opposés, il n’en demeure pas moins que chacun a joué sa propre partition pour la prise de conscience et la dignité des hommes de leur époque. L’engagement, il est vrai parfois excessif, le talent et la force de conviction de DAMAS ne sauraient être incompatibles avec le sens de l’honneur, de la dignité et le courage tels qu’exprimés par le Gouverneur EBOUE au cours d’une des périodes les plus désastreuses de l’histoire de la France.

Pour terminer, cher monsieur, lorsque vous parlez dans votre texte de « farce mémorielle et falsificatrice », inutile de vous dire dans quel camp se sont toujours retrouvés les falsificateurs. Maintes fois réécrite, révisée, tronquée et enfin falsifiée par les vainqueurs, les ex-vaincus revendiquent aujourd’hui la vérité historique.  Non pas l’histoire écrite à Paris, Bruxelles, Londres, Amsterdam etc, pour parodier le regretté grand panafricaniste Patrice LUMUMBA, mais, la vraie, celle écrite par nous-mêmes. Pour ma part, il y a belle lurette que je m’évertue, contre vents et marées, à dénoncer à travers mes écrits les faussaires de notre histoire.

Monsieur, je vous salue. 


LP AJAVON.
 

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