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Jodla 06/02/12
Petite histoire de notre grande misère :
de la presse, des muscles et du carburant

« L'opinion publique en Guyane, ça n'existe pas »,  déclarait il y a quelques années un homme de goût bien guyanais qui se reconnaîtra s'il prend la peine de lire ces lignes.
Et cela ne s'est pas arrangé depuis...

D'ailleurs, pour avoir une opinion publique, il faudrait aussi avoir une presse, et si ce n'est une presse d'opinion, au moins une presse qui puisse s'exprimer sans être trainée devant les tribunaux. Et il faudrait aussi avoir des tribunaux qui ne confondent pas diffamation avec crime de lèse-majesté, et justice sociale avec justice de classe.

C'est donc en toute sérénité que Guyane 1ère nous a asséné le 2 février, sans que personne (ou alors qui ?) ne trouve à y redire, une longue interview de Joëlle Prévot-Madère protestant contre l'augmentation du prix du carburant, suivie aussitôt de l'intervention du rémora marionnettiste Jean-Claude Ringuet. Tragi-comique, l'histoire se répète... Nous avons extrait du JT de Guyane 1ère ces interventions aussi épiques qu'inoubliables, afin qu'elles ne tombent pas dans la poubelle de la petite histoire de notre grande misère (ou l'on remarquera au passage que la dame musclée, présentée comme la présidente de la CGPME, ne défend en rien les PME mais seulement sa pomme : ici c'est l'autobus qui cache la forêt).

« La question », déclare Joëlle Prévot-Madère dans cette interview Guyane 1ère, « c'est : comment vais-je faire ? » Et même qu'elle a "presque" un sentiment de révolte ! Et nous alors ?!

A la question que pose Joëlle Prévot-Madère, nous avons la réponse ! Et même plusieurs pistes pour trouver les fonds qui serviront à payer cette augmentation des prix du carburant :

1) économiser l'argent gaspillé en procès pour faire taire la presse, et soulager en même temps les tribunaux surchargés qui devraient avoir mieux à faire que de juger des affaires qui n'en sont pas :

Le 1er février, jour de la nouvelle augmentation des prix du carburant, se tenait justement (que le mot est mal choisi !) un procès en appel : La Semaine Guyanaise et Frédéric Farine faisaient appel du jugement d'un procès en diffamation intenté par Joëlle Prévot-Madère pour diffamation. France-Guyane titre le 4/5 février en page 4 : « L'hebdo et la télé sur le banc des accusés », car non contente d'avoir attaqué La Semaine Guyanaise en diffamation, Joëlle Prévot-Madère envoie aussi Guyane 1ère en correctionnelle pour la façon dont elle a rendu compte du premier procès opposant JPM à l'hebdomadaire. Là encore, crime de lèse-majesté, Guyane 1ère ayant commis la maladresse de citer Form'Espace. Pour une fois qu'ils avaient relayé une info de La Semaine Guyanaise...

Form'Espace, l'entreprise créée par Joëlle Prévot Madère avec la caution de la collectivité, pour ne pas dire avec l'argent du contribuable. C'était bien là le sujet qui avait mis le feu aux poudres, longuement décortiqué, explicité, argumenté par Frédéric Farine dans La Semaine Guyanaise, à la veille des élections régionales, objet de toutes les convoitises de la dame musclée.

Dans France-Guyane du 4/5 février, Daniel Saint-Jean rapporte les propos des avocats (du procès en appel Joëlle Prévot Madère/La Semaine Guyanaise) :

« Du côté de l'accusation, Me Philippe Edmond Mariette et Me Jérôme Gay dénoncent un "amalgame" et des "informations erronées", affirmant : "La diffamation, c'est aussi les sous-entendus". Ils soulignent les conséquences politiques et l'atteinte faite à l'honneur de leur cliente. »

Cette fois, nous y sommes, en plein dans le crime de lèse-majesté. La presse de Guyane ne serait donc pas une presse comme les autres, tenue de livrer au public une connaissance des faits ?

Plus loin, Daniel Saint-Jean rapporte les propos de la défense (de La Semaine Guyanaise) : « Pour Me Marcault-Derouard, qui assure la défense, cette affaire relève "d'une mauvaise querelle politique", rappelant à ses contradicteurs que "le débat, ce n'est pas de salir les personnes poursuivies en justice". Il souligne l'absence de précision sur les propos incriminés et rappelle "la liberté d'expression et d'information", quitte à déplaire en étant critique ».

« Absence de précision sur les propos incriminés »... le cauchemar est devenu réalité : devant les tribunaux de Guyane, on peut être poursuivi pour diffamation sans que l'accusateur soit capable de citer avec précision quel propos il a jugé diffamant. Une grande première, qu'il nous faudra tous retenir, et méditer, une nouvelle définition de la liberté d'expression made in Guyane en quelque sorte.

Délibéré le 28 mars.

2) puiser dans les économies faites sur le dos des contribuables, à savoir sur les 549 062,90 euros* payés par le Conseil Général à la place de Joëlle Prévot-Madère, dont tous les détails ont été révélés dans La Semaine Guyanaise n°1357 du 3 mars 2010 . Douloureux certes, mais vrai ! Si nos comptes sont bons, à raison de 6 centimes d'augmentation pour l'essence, et 5 pour le gazole, Dame Joëlle pourra s'offrir ces petits suppléments sur 9 151 048 litres d'essence ou 10 981 258 litres de gazole. Sans même compter les intérêts ! Soyons magnanimes !

C'est peu dire que nous ne voulons plus l'entendre se lamenter sur Guyane 1ère : « Comment vais-je faire ? ». La solution est désormais trouvée pour longtemps !

Comment s'étonner, à la lumière de ce qui précède, de la frilosité des journalistes de Guyane, plombés par des directions aux ordres, guettés par des procès, il faut bien du courage ou même de l'inconscience pour faire fi de tout cela. Et le directeur de publication de La Semaine Guyanaise, Alain Chaumet, qui jusqu'ici a fait front avec ténacité, mérite un vrai coup de chapeau. Malgré la lassitude et les frais que doivent générer ces procès à répétion, il n'en a pas encore perdu un seul.

A qui le tour ?

Odile Farjat
 

Extrait de La Semaine Guyanaise n° 1357 du 3 mars 2010. Article de Frédéric Farine :
Un document judiciaire que Joëlle Prévot-Madère a bien voulu nous faire transmettre, souligne  d’abord ses  difficultés à  rembourser le prêt consenti par la  « BNP  Guyane » pour son projet  de  complexe sportif au début des années 90. Ce prêt d’une valeur de 1 926 000 francs ( 293 597,63 euros), cautionné à hauteur de 50 % par le Conseil général, a été déchu « par lettre recommandée  avec accusé de réception du 18 février 1997 » rappelle le document en  question,  « Mme  Prévot  n’ayant pas honoré » ses échéances.  L’intéressée est alors mise en demeure de payer : « 1 646 047,34 F  au  titre  du capital restant dû au 18 janvier 1997 ; 905 749,67 F  au  titre  des  échéances impayées du 18 juin 1994 au 18 janvier 1997 et 169 441,23 F au titre des intérêts moratoires ».
Le conseil général a dû régler « 549 062,90 euros »
Le document éclairant nous apprend que le Conseil général de Guyane a été condamné, le 20 février 2002, en tant que « garant » à payer à la BNP Paribas Guyane « 312 434,06 euros en principal outre les intérêts au taux de 13,69 % l’an à compter du 31 janvier 1999 ( plus 1 500 euros au titre de frais de procédure, ndlr ) ». Le Conseil général s’étant finalement désisté de son appel, il a dû régler, aux frais du contribuable  « 549 062,90 euros correspondant à sa garantie à hauteur de 50 % des engagements pris par Melle Prévot » souligne le document judiciaire qui note tout de même que « des échéances ont été payées par Melle Prévot entre mars et mai 1994 ».

 

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