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Jodla 06/03/12
Pascal Vaudé est arrivé à Cayenne :
« Du beau travail vraiment », selon Patrick Hoyau

Une dépêche AFP parue sur le site du Parisien sous le titre « Transat à la rame Sénégal-Guyane : la revanche du matricule 52.306 » nous fait apprécier avec encore plus de sympathie l'arrivée de Pascal Vaudé à Cayenne, et confirme s'il en était besoin la dimension romanesque de cette Bouvet-Guyane (voir jodla du 19 mars). « La Guyane, son bagne et ses forçats, page épique et douloureuse de l'histoire pénitentiaire française, sont au coeur de la 3e édition de la transatlantique à la rame Bouvet-Guyane », commente l'AFP qui revient longuement sur l'histoire de Raymond Vaudé, bagnard en Guyane dans les années 1930 - alors que la double peine sévissait encore dans toute son injustice - qui s'est évadé par la mer sur une embarcation de fortune. Raymond Vaudé a ensuite rejoint la France et s'est engagé dans la résistance contre l'occupant nazi. Puis il est revenu faire souche en Guyane après avoir été gracié par le général De Gaulle (voir aussi l'article sur le site de RTL : Après avoir ramé, Pascal Vaudé arrive le 1er). Pascal Vaudé, le vainqueur de l'édition 2012 de la Bouvet-Guyane (déjà arrivé, il est attendu au vieux port de Cayenne vers 16 heures), Guyanais de souche, est le petit-fils de cette homme là.
Quelle belle histoire !

C'est ce qui s'appelle jouer le jeu : Chantal Berthelot a déjà adressé ses félicitations à Pascal Vaudé.

Les nouvelles du jour par la Bouvet-Guyane :

J + 37 UNE ARRIVEE SOUS LE CRACHIN

Un crachin accompagnait l'arrivée victorieuse de Pascal Vaudé ce matin. Un crachin genre  breton sinon que la température est déjà douce au jour levant. L'eau jaune/marron charriée par les fleuves voisins ne donne pas envie d'aller se baigner. La mer levée par les hauts fonds est brutale et escarpée. Pascal a vécu ces dernières 48 heures en mer non sans une pointe d'anxiété vu le temps ponctué par les grains parfois violents et un courant puissant (lire plus loin).

Après avoir franchi la ligne établie à environ 5 milles de la rive entre l'îlot de l'Enfant  et une bouée plus au nord, le rameur solitaire a été pris en remorque par la vedette à moteur pilotée par Patrick Deixonne, un ancien de la Bouvet Guyane. Il était 07 heures et 10 minutes locales. Pascal, habillé d'un short bleu et d'un T shirt jaune à manches longues rayonnait de joie. Il salua ses amis venus à sa rencontre, brandit les deux fusées de la victoire comme le veut la tradition, puis plongea dans la mer agitée pour venir embrasser sa mère à bord d'un bateau voisin. Pascal était ému, on le serait à moins, visiblement heureux d'en finir avec cette Transat à la rame, et dans une forme physique étonnante après un tel périple. L'homme a parfaitement maîtrisé sa course et affichait un calme imposant à l'arrivée.

Propos recueillis.

Les dernières 72 h : « Comme tous les matins, j'ai téléchargé samedi matin mes e-mails et les infos de mes routeurs et je remarque qu'ils se sont un peu plantés sur ma dérive. Je suis par 4°09'alors qu'ils me plaçaient au 4°13'. Ils me donnent un Way point à 4°25' pour le soir. Samedi a été sûrement une des plus grosses journées d'aviron que j'ai faites. J'ai ramé 12 heures effectives jusqu'à 20 H 30 le soir pour atteindre ce Way point. Et je l'ai atteint avec... 7 mètres d'écart. Ensuite je n'ai quasiment pas ramé la journée de dimanche. Hier lundi je n'ai pas ramé non plus. J'ai regardé trois films coup sur coup. C'est la première fois que cela m'arrivait depuis le départ de Dakar. Et puis gros coup de panique hier soir à 19 h avec le vent et le courant qui me rabattaient sur la côte. Et là j'ai cru que je n'arriverai pas à passer la ligne d'arrivée principale. Du coup je me suis remis aux avirons de 21 H à 3 H du matin pour reprendre ce que j'avais perdu. Et à 3 H du matin, j'ai bénéficié du changement de marée et du courant descendant. J'ai  arrêté de ramer car ce n'était plus nécessaire : le courant m'emmenait sur la ligne d'arrivée principale. Ces trois derniers jours, le vent était assez fort, la mer aussi et le courant de Guyane poussait bien. Pour donner un exemple, hier à 17 h à j'ai essuyé un grain. J'en ai profité pour me rincer debout sur le bateau, les bras écartés, j'ai jeté un coup d'œil au GPS : j'avançais à 6 nds en dérive. Et ça a duré une demi-heure ».

Une journée type à bord de Marine & Loisirs : «Réveil au lever du jour, une demi-heure à charger les mails de routage, à se faire chauffer de l'eau et prendre le petit déjeuner. En gros vers 7 H 7/30 au plus tard, on  prend les avirons jusqu'à 13/13 H 30 avec des pauses au bout de la deuxième heure de 10' toutes les heures. Je m'arrête pour déjeuner une heure et ensuite je reprends les avirons jusque vers 18 heures au coucher du soleil. A 19 H je me fumais rituellement un petit cigare accompagné d'un petit Ricard. Ensuite manger et dodo à partir de 21 h 30 au plus tard jusqu'au lendemain ».

Galères physiques : « Au début de la course j'ai rapidement souffert d'irritations au postérieur que j'ai pu calmer. Mais ça m'a bien gêné pendant 15 jours. Aussi  une douleur musculaire permanente m'a gêné au niveau de l'épaule gauche tout au long de la traversée. Sinon on se prend des coups de rames sur les genoux et les tibias à longueur de journée. Ca fait partie du quotidien du rameur océanique. Je n'ai pas souffert des mains mais surtout des fesses en fin de journée. Et en fin de traversée quand on a perdu quelques kilos. On pèse  sur les os et ça fait mail ». Pascal  qui pense avoir perdu une dizaine de kilos durant la traversée s'est bien ébouillanté sur le mollet gauche ça fait 5 jours. La trace en est encore bien visible.

De se retrouver premier après 8 jours de course lui a mis le pied à l'étrier. « Ca m'a passé l'envie de pêcher alors que j'avais la canne à poste à longueur de journée. En plus sur les ¾ du parcours, on a eu énormément d'algues en surface qui dissuadaient de pêcher. Au total j'ai quand même pris trois dorades coryphènes que j'ai rejetées à l'eau et dimanche après midi un thon. Mais celui là, il est passé à la casserole ».

Sa priorité est désormais de retrouver sa famille. Et quand on lui demande s'il reviendra sur la Bouvet Guyane, il répond non : « J'ai bouclé la boucle en remportant cette édition ». Est-ce qu'il fera d'autres courses à la rame ? « Je ne sais pas (silence) ... Pas tant que mes gamins ne me traiteront pas de vieux c... ». Autrement dit le Guyanais pourrait se remettre à l'ouvrage en d'autres circonstances.

Quid de la suprématie guyanaise qui est bien partie pour placer ses six représentants dans les 7 premiers ? « Ca veut dire simplement que l'élite de la rame océanique française vient de Guyane... Y a eu une bonne préparation et surtout une symbiose qui nous avait manqué en 2009 avec une vraie solidarité à l'intérieur du Team Guyane. On est arrivé à Dakar presqu'au top sans que personne ne le sache ».

TEMOIGNAGES

Patrick Hoyau, vainqueur de la dernière édition, est venu saluer  la victoire « Pascal a fait une course tout en régularité et en performance. Du beau travail vraiment. Il a d'ailleurs bien amélioré le record de la course avec un temps de 37 jours et 10 minutes (contre 40 jours et 3 heures, le temps record établi en 2006 par Romain Vergé). C'est une sacrée performance même si  le parcours est légèrement plus court  avec le départ donné à Dakar. J'ai suivi la course  2012 avec beaucoup d'intérêt. Malgré la pression, Pascal a su rester devant. Et ce n'est pas évident ». Et quand on interroge Patrick sur la suprématie des Guyanais, il répond dans un grand sourire : « Parce qu'ils rentrent chez eux... Plus sérieusement, ils se sont bien préparés sur place dans des conditions de mer difficile. L'avantage est qu'en Guyane, on peut naviguer sur l'eau toute l'année dans des conditions d'une Transat. On a beaucoup échangé. Je leur ai fait part de mon expérience ».

Jean-Christophe Vaudé, frère aîné de Pascal : « Pascal est très discret. Même moi je ne savais pas qu'il était parti avec un objectif sportif ambitieux.  Il a dit à tout le monde qu'il voulait faire sa course tranquille à son rythme, mais en réalité il a bien caché son jeu. Et dès le départ il avait une idée derrière la tête. Les circonstances ont  fait qu'il s'est retrouvé à la première place après 8 jours et après il n'a cessé d'augmenter son avance avec beaucoup de régularité et sans prendre de risque inutile.  Je suis très admiratif de sa performance ».

TOUJOURS EN COURSE

Julien Besson, 2ème Cariacou Boto 3, se réjouit de la victoire de son adversaire et ami Guyanais. « Pascal a vraiment fait une super belle course, Félicitations ! C'est très bien pour la Guyane. Je fais tout pour garder ma seconde place, nous les Guyanais, on ne lâche rien ! »

Rémi Dupont, 7ème Le Brigandin. Tout va bien à bord, malgré un petit souci technique « Je n'ai plus qu'une batterie qui tient la charge J'ai modifié mon circuit électrique, j'arrive encore à faire tout ce dont j'ai besoin. »

Christophe Letendre, 10èmeThermience. « Je me suis un peu coupé  la main mais rien de grave. Je faisais de la couture pour me confectionner un petit coussin anti douleur pour mettre sous mes fesses quand je rame. »

Didier Lemoine, 15ème Mercator, raconte avec humour une petite mésaventure « J'ai eu un peu de soucis avec mon desalinisateur, il ne voulait plus marcher ce coquin ! J'ai bricolé dessus pendant une heure et demi, je ne sais pas ce que j'ai fait, mais il est reparti. Je crois que de me voir sortir le marteau et tous les outils, il a eu peur ! »

CLASSEMENT DU JOUR : A 14 TU

1. Pascal Vaudé, arrivé le 6 mars 2012 à 10 h 10'26'' TU
2. Julien Besson
3. Henri-Georges Hidair

 

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