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Jodla 18/02/13
Plaidoyer pour les femmes Saramaca de Kourou

France-Guyane vient de nous livrer, sous la signature de Karin Scherhag*, une série de trois reportages sur les jeunes de Kourou. Et plus précisément sur cette "génération Antoinette", dont l'image est sérieusement dégradée. Un travail comme on aimerait en voir plus souvent dans l'unique quotidien de la Guyane, et qui s'applique à restituer, non pas la réalité d'une situation socio-économique complexe, mais le ressenti d'une population en souffrance, dont l'exemple nous est donné à travers le village Saramaca. Et c'est déjà beaucoup. On en excluera bien sûr le blabla formaté du premier magistrat de la ville, qui parait aujourd'hui. Parce que celui qui voudra bien prendre la peine de lire entre les lignes les trois volets du reportage sensible de Karin Scherhag, pourra prendre la mesure de ce que dissimule, sous ses airs vertueux, cette ville machiste où le droit de cuissage n'est pas encore aboli : la maltraitance institutionnelle des femmes du village Saramaca, à qui pourtant est confié traditionnellement le soin d'élever les enfants.

Souvent sans papiers, condamnées à rester cloitrées, sans aucune possibilité d'évolution, sous la coupe d'hommes polygames qui trouvent bien confortable cette obligatoire soumission. Parce que des papiers représentent la liberté pour ces femmes, qui en profitent souvent pour prendre le large quand elles ont la chance d'en obtenir. Au besoin, l'homme les confisque pour changer de femme avec les mêmes papiers. On ramène l'indésirable au Suriname et on revient avec la nouvelle. Qui ira vérifier ?

En 2006, après un incendie au village Saramaca, une visite officielle était organisée pour que chacun puisse prendre la mesure de la problématique du logement, puisque tout semble se présenter ainsi. Préfet en tête, une petite délégation officielle déambulait dans les derniers cloaques du village en reconstruction. Mes longues discussions avec les femmes du village m'avaient convaincue de plaider leur cause et de ne pas laisser les capitaines du village monopoliser la parole avec leurs lamentations orientées. L'expérience vaut d'être vécue. Au milieu des regards unanimement désapprobateurs, j'ai porté témoignage auprès du préfet de la vie de ces femmes. Et le préfet Ange Mancini m'a rembarrée vertement : « Occupez-vous de ce qui vous regarde, ce sont leurs coutumes !». Un représentant d'une association caritative que je ne nommerai pas par charité chrétienne, pourtant bien conscient de la problématique des femmes du village saramaca, s'est trouvé subitement frappé d'amnésie quand je lui ai demandé de témoigner devant le préfet. Ainsi va le pouvoir et ses valets.
Le temps a passé, le béton a remplacé les baraques déglinguées, mais sur le fond, rien n'a changé.

Et personne ne semble se demander pourquoi le Planning familial n'est toujours pas présent sur notre territoire. Comme si la PMI (protection maternelle et infantile), quel que soit l'important travail qu'elle fournit, était à même de remplacer cette belle institution qui a largement fait ses preuves dans l'accompagnement des femmes. Mais il est vrai que ce serait peut-être introduire le loup dans la bergerie que de faire appel au Planning familial.

Tout cela vous dérange ? Tant mieux !
Je l'ai sur le coeur depuis trop longtemps.

Odile Farjat
 

* Karin Scherhag - Enquête : Dans le quotidien des jeunes de Kourou
- volet 1, volet 2, volet 3
 


9 mai 2006 : visite officielle au village Saramaca

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