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21/05/14
Lettre ouverte au Préfet de Guyane
par le Collectif Trop violans

Lettre ouverte à Monsieur le Préfet
Vous nous avez reçus dans votre bureau le vendredi 16 mai dernier. Nous vous avons dit : il est temps que l’Etat et ses services cessent d’agir en Guyane comme de simples gestionnaires ayant pour préoccupation majeure le « pas de vagues ». Notre territoire se meurt de la violence, dans l’indifférence hexagonale. Le gouvernement s’autorise à jouer aux gros bras dans différentes parties du monde en occultant sa mission première : assurer la sécurité de ses citoyens sur un sol français.

Nous sommes d’accord avec vous. Oui l’Etat ne peut pas tout. Mais l’Etat peut et doit beaucoup. Voici quelques-unes des actions que nous demandons à L’Etat.

L’Etat peut engager un plan de désenclavement pour le territoire. Par exemple, une voie qui, à partir de Bélizon, relierait Maripasoula. Les retombées seraient énormes tant sur le plan économique (facilité d’accès pour les opérateurs miniers, développement d’autres secteurs d’activité), que touristique (les Guyanais seraient ravis de découvrir par voie terrestre une partie de leur territoire), sécuritaire (accès plus rapide et moins onéreux pour la force publique), et environnemental (recul des orpailleurs clandestins qui polluent impunément le territoire). Pour information, le FEDER (fonds européens) est là pour concrétiser cette voie terrestre.

L’Etat peut accélérer le développement structurel de la Guyane en rétrocédant aux collectivités une partie des 90% du territoire dont il est propriétaire.

L’Etat doit accéder aux demandes de la population et de nos élus quant à l’installation de commissariats à Kourou, Matoury et Saint-Laurent. Il ne s’agit pas de mésestimer le travail des gendarmes, bien au contraire ; mais cette demande correspond à favoriser un recrutement local, à remplacer le turn-over des gendarmes préjudiciable aux liens de proximité avec les habitants, enfin à l’investissement physique et financier des policiers dans les communes plutôt que dans une caserne.

L’Etat doit garantir le même niveau et la même qualité de soins en Guyane que dans l’hexagone. Abroger l’ordonnance de 2005 qui autorise des médecins étrangers sans traçabilité de leur formation à exercer en Guyane. Les Guyanais ne sont pas des cobayes. Favoriser le développement de plateaux médicaux pluridisciplinaires dans toutes les communes de Guyane pour éviter les drames qui seraient insupportables en hexagone mais tolérables en Guyane (décès de nourrissons par exemple).

L’Etat doit régulariser l’économie informelle – non clandestine – véritable plaie pour notre société à tous les niveaux et génératrice de violences.

L’Etat doit scolariser tous les enfants en âge de l’être (plan d’infrastructures scolaires) et veiller à assurer un niveau de qualification minimum pour tous nos jeunes (avec une carte des formations relative à notre territoire).

Notre collectif vous a prévenu. Nous avons passé beaucoup de temps (et sur nos fonds propres) à écouter nos élus, nos acteurs socio-professionnels et la population. Nous avons l’ambition de participer à l’atténuation de cette violence qui est là, partout, à frapper devant nos portes. Vous avez convenu avec nous que la violence n’est pas que juvénile mais aussi sociale et économique. Ce qui suppose obligatoirement une implication forte de l’Etat. Vous profitez de la non-unicité de nos élus pour promettre des « bien, on verra, je comprends, c’est en cours, … ». En plus d’être lassés d’être traités avec mépris par l’Etat, nos concitoyens nous font part d’une colère sourde qui, à tout moment, peut éclater puisque leur sécurité n’est plus assurée. Nous avons décelé les conditions d’une explosion de violence généralisée. L’Etat a failli. Il peut et doit réendosser son rôle en ôtant les freins qui (sciemment ?) empêchent le dynamisme de notre territoire. Arrêtez vos saupoudrages.

Vous nous permettrez un dernier mot. L’Etat doit cesser de prendre les Guyanais, par nature trop gentils, pour des imbéciles. Prenons par exemple votre plan de prévention sur la délinquance. Comment expliquer que seuls quatre maires sur les 22 communes aient paraphé ce plan que vous nous avez remis. Est-ce à dire qu’une majorité de nos élus sont quantité négligeable. Par ailleurs, d’aucuns ont évoqué pour ce plan un montant (que vous n’avez pas nié) de 220 millions d’euros pour la période 2014-2017. Aucune ventilation précise de ces fonds ne figure dans ce plan. Vous nous avez indiqué seulement l’engagement d’une dépense de 150 000 euros cette année au titre de la médiation sociale. Belle aumône. Mais où est le reste ?  

Le Collectif TrῸp Violans

Ci-dessous un tableau (2013) émanant de votre hiérarchie qui crie l’urgence à réagir.

Comparaison avec les autres départements d’Outre-mer
Population en 2009 / Nombre de faits constatés pour 1000 habitants / Rang

Guyane : 221 000 / 136,3 / 1er
Guadeloupe : 408 000 / 72,7 / 8ème
Martinique : 404 000 / 53 / 26ème
La Réunion : 817 000 / 37,6 / 65ème

 

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