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10/06/19
Guyane : Tournons définitivement la page du minier industriel

Depuis le Conseil de défense écologique du 23 mai dernier, les ministres et porte-paroles du gouvernement ont répété avec fermeté que le projet Montagne d’Or ne se ferait pas. Cette affirmation a été renouvelée devant le Sénat le 28 mai par Brune Poirson et devant l’Assemblée nationale le 29 mai par François de Rugy. Le WWF France se réjouit que le gouvernement acte cette décision formellement et définitivement et souhaite que le déplacement de François de Rugy en Guyane du 13 au 15 juin soit l’occasion de mettre un terme définitif au projet Montagne d’Or et de lancer la mobilisation pour les filières durables de la Guyane.

Renforcer la lutte contre l’orpaillage illégal
L’orpaillage illégal reste le principal fléau social, sanitaire et environnemental pour la Guyane. Forêts détruites, rivières dévastées, populations menacées et contaminées, les conséquences de ces activités aurifères sont catastrophiques, avec des impacts constatés maintenant à 60km de Cayenne.
Le WWF France, présent en Guyane et mobilisé depuis plus de 10 ans contre ce fléau, se félicite de la remise en place de contrôles fluviaux sur certains axes stratégiques de la logistique des trafiquants. Cependant, plusieurs centaines de sites miniers illégaux (dont 120 dans le Parc Amazonien) continuent de polluer au mercure les fleuves guyanais et notamment les poissons carnivores, qui demeurent une source de protéines de première importance pour les communautés locales.

Le WWF France attend de la visite du ministre d’Etat l’annonce du renforcement de la coopération diplomatique transfrontalière, indispensable à toute ambition de lutte contre l’orpaillage illégal.

Accompagner le développement des filières durables
Pour répondre au défi de l’emploi et du développement socioéconomique du territoire, la Guyane dispose d’atouts considérables qui n’ont pas été mis en valeur ces dernières années, notamment en raison d’une obstination à faire émerger le secteur minier industriel. Or, l’étude publiée en novembre dernier par le cabinet de conseil Deloitte Développement Durable met clairement en évidence que le potentiel de développement du territoire n’est pas dans le minier industriel mais dans les filières locales créatrices d’emplois durables.

En effet, le secteur extractif est le secteur marchand qui dispose des plus faibles effets d’entraînement sur le reste de l’économie locale, notamment parce que ce secteur importe à hauteur d’environ 75 % les biens et services dont il a besoin pour produire.

Au contraire, l’étude réalisée par Deloitte pour le WWF fait ressortir 10 secteurs à forts effets d'entraînement dont le développement pourrait permettre de répondre aux besoins du territoire : agriculture et élevage ; pêche ; agroalimentaire ; bois ; tourisme ; énergies renouvelables ; gestion des déchets ; construction ; audiovisuel ; économie de la connaissance. Ces secteurs ont souvent besoin d’accompagnement pour se structurer et pleinement jouer leur rôle de moteur économique.

Le WWF France souhaite que le Ministre d’Etat profite de son déplacement pour sortir du minier industriel et annoncer un soutien et accompagnement des filières durables et locales.

“Les solutions pour permettre un développement économique et soutenable de la Guyane existent et le WWF participe à les mettre en lumière. Tout d’abord, lutter contre le fléau de l’orpaillage illégal à travers le renforcement de la coopération régionale, sur le contrôle du mercure notamment. Ensuite, tourner le dos au minier industriel et plus largement au modèle de développement du passé. Nous attendons du gouvernement à travers la visite du ministre d’Etat qu’il fasse preuve d’une ambition forte pour la Guyane, qui prenne en compte la richesse amazonienne et accompagne le développement des filières locales durables créatrices d'emplois pour un choc économique positif qui profite réellement aux Guyanais.” (Laurent Kelle, responsable du bureau Guyane du WWF France)