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Infos citoyennes

23/06/20
Trois spécialistes en Guyane pour aider les équipes des hôpitaux et de l’ARS

Comme annoncé dimanche par le Premier ministre Edouard Philippe, deux directeurs médicaux de crise et un officier de liaison sont arrivés en Guyane, en appui des hôpitaux et de l’ARS. Le Pr Etienne Gayat (AP-HP, Lariboisière), Mathieu Raux (AP-HP, Pitié-Salpêtrière) et Jean-Malo Déan, ‎chef de projet chargé du plan national d'appui aux crises sanitaires ultramarines au ministère de la Santé, ont démarré leur mission ce week-end. Mathieu Raux la détaille, dresse les premiers constats de la situation en Guyane et apporte son éclairage sur ce que la crise sanitaire dans l’Hexagone lui a appris.

Quelle est votre mission en Guyane ?

Apporter un appui à l’ARS et aux centres hospitaliers dans la conduite de la crise dans sa composante médicale. Etienne Gayat et moi-même étions directeurs médicaux de crise dans nos hôpitaux respectifs lors de la crise Covid en Métropole. On m’a en outre sollicité parce que j’ai participé à la rédaction du Guide d’aide à la préparation et à la gestion des tensions hospitalières et des situations sanitaires exceptionnelles.

Quelle est votre impression après vos premières journées en Guyane ?

Il y a une préparation intrinsèque à la gestion de crise. Tous les gens qu’on a rencontrés savent ce que c’est la crise parce qu’ils la vivent un peu au quotidien et ont une appétence à trouver une solution là où, a priori, il n’y en a pas, pour rendre service à la population et assumer la fonction de soin, que ce soit pour la partie hospitalière ou pour l’ARS. Il y a une capacité à aller chercher des solutions. Il y a un terreau assez fertile. Nous sommes là davantage comme des aidants que comme des faisants. Nous sommes là pour donner quelques clefs, apporter un peu de notre expérience, en bien et en mal. Ici on a trouvé des gens extrêmement motivés et qui ont déjà fait énormément pour la gestion de cette crise. Que ce soit à l’ARS ou à l’hôpital, on a trouvé des personnels extrêmement fatigués physiquement et moralement parce qu’ils ont déjà beaucoup fait. Vous avez le pied au plancher depuis quatre mois et là, on vous demande d’accélérer.

Pourtant, il y a l’impression qu’on part dans le mur…

Je ne peux pas prédire l’avenir. Il faut qu’on s’attende à une saturation du système hospitalier. On va se donner les moyens d’apporter toutes les réponses que nous sommes capables d’apporter. Ces réponses ne sont pas uniquement sur le territoire guyanais. Il y aura évidemment un appui zonal et un appui national. Il n’y a pas d’autres solutions à ça. L’objet de notre mission, c’est de se donner les moyens d’évaluer exactement ce dont on a besoin pour le faire remonter et, qu’en retour, on puisse tenir pendant ce temps-là. Dans ce domaine, le plus gros du travail a été fait par les équipes en place, que ce soit à l’ARS et par les équipes dans les établissements hospitaliers, qu’elles soient soignantes ou non soignantes. Les équipes de direction ont déjà des tableaux capacitaires remarquablement bien fournis.

Vous êtes donc là pour aider à structurer ces demandes…

On a dessiné la mission en trois axes.

  1. Poursuivre la mise en place d’une dynamique de gestion de crise au sein des établissements de santé. Et accompagner en particulier toute la communauté médicale.
  2. Actualiser et ajuster le plan de montée en charge avec une évaluation du capacitaire matériel et du capacitaire en personnel. Définir les critères de déclenchement des paliers suivants. Et donc, de manière consubstantielle, consolider et appuyer les demandes de renforts.
  3. Mettre en place une doctrine d’évacuation stratégique médicale spécifique à la crise COVID avec la création d’une cellule dans l’arc Antilles-Guyane. Elle va définir une doctrine – où, quand, quoi, comment, pourquoi – et, une fois qu’elle sera mise en place, sera capable de les assumer.

Vous venez pour dupliquer ce que vous avez fait dans vos hôpitaux ?

Non, nous nous appuyons sur les textes méthodologiques et surtout sur l’expérience des personnes qui sont en place. Ce n’est pas nous qui allons régler le problème. Il y a de l’expérience à l’ARS. Il y a de l’expérience dans les hôpitaux. On est juste là pour aider, pour mettre de l’huile. On se voit plus comme des burettes à huile que comme des chefs d’orchestre. En revanche, oui, on s’appuie aussi sur notre expérience personnelle. On a vécu la crise hospitalière il y a trois mois, avec des moyens bien supérieurs, on en a conscience. Mais les questions que se posent les professionnels que l’on a vus ce matin au Char et cet après-midi à Kourou sont des questions que nous nous sommes posées nous-mêmes. Je ne vais pas dire ce que vous devez faire, ni quelles réponses on a apportées mais comment nous-mêmes dans nos hôpitaux on a apporté notre propre réponse. La Guyane va trouver la sienne. Car c’est aussi ce que nous avons retenu de cette crise : à un moment, on en sort.

Dans vos hôpitaux, qu’est-ce que vous estimez avoir réussi et quels sont les pièges à éviter ?

On pourrait faire 300 pages sur la question. Il y a eu la capacité à mobiliser, à fédérer les équipes hospitalières : les équipes soignantes entre elles, au sein des équipes soignantes et faire travailler ensemble équipes soignantes et équipes de direction. Je crois que c’est un magnifique succès. Ce qui n’a pas marché, ce sont des questions de fatigue qu’on n’a pas bien intégrées, des sujets de communication vers le haut ou vers le bas qui ont été insuffisants. On s’est rendu compte a posteriori que ce qu’on croyait assimilé ne l’était pas, au sein des soignants. Il n’y avait pas forcément une bonne compréhension, au sein des soignants de terrain, de ce qu’était la cellule de crise. En fait, la cellule de crise dans un hôpital est  là pour aider les soignants à soigner. On n’a probablement pas bien géré les repos de l’ensemble des personnels. On aurait pu mieux gérer les évacuations de patients qui n’avaient pas le Covid. Des axes d’amélioration, il y en a à la pelle.

Vous parlez de la difficulté à gérer les congés. Comment faire en Guyane où les professionnels de santé sont le nez dans le guidon depuis trois mois et demi et où c’est maintenant qu’il faut accélérer ?

D’abord, il y aura des renforts. Ils vont avoir un rythme assez intense, ce qui permettra de donner du repos aux personnels qui sont là. Ensuite, il y a les techniques d’optimisation du potentiel. On a tous des ressources en nous. Il faut être capable d’aller les mobiliser. Ce n’est pas de la magie. L’armée fait ça. Des collègues qui ont l’habitude de travailler en situation dégradée ou de stress ont ces habitudes-là. Il faut les offrir aux personnels. On l’a fait chez nous avec des instructeurs bénévoles et ça a été extrêmement bien accueilli. Ca a fait beaucoup de bien.


As announced by Prime Minister Edouard Philippe on Sunday, two crisis medical directors and a liaison officer have arrived in French Guiana, in support of hospitals and the ARS. Pr Etienne Gayat (AP-HP, Lariboisière), Mathieu Raux (AP-HP, Pitié-Salpêtrière) and Jean-Malo Déan, project manager in charge of the national support plan for overseas health crises at the Ministry of Health, started their mission this weekend. Mathieu Raux details it, draws up the first observations of the situation in French Guyana and sheds light on what the health crisis in France has taught him.

What is your mission in French Guiana?

Provide support to the ARS and hospitals in the management of the crisis in its medical component. Etienne Gayat and I were medical crisis directors in our respective hospitals during the Covid crisis in Metropolitan France. I was also asked because I participated in the writing of the Guide to help in the preparation and management of hospital tensions and exceptional health situations.

What is your impression after your first days in French Guiana?

There is an intrinsic preparation for crisis management. All the people we met know what the crisis is because they experience it a little on a daily basis and have a desire to find a solution where, a priori, there is none, to make service to the population and assuming the care function, whether for the hospital part or for the ARS. There is an ability to seek solutions. There is quite fertile soil. We are there more as caregivers than as doers. We are here to give some keys, to bring a little of our experience, for good and for bad. Here we found extremely motivated people who have already done a lot for the management of this crisis. Whether at the ARS or at the hospital, we found personnel extremely tired physically and morally because they have already done a lot. You've had your feet on the ground for four months and there, you are asked to accelerate.

However, there is the impression that we are leaving in the wall ...

I cannot predict the future. We can expect a saturation of the hospital system. We will give ourselves the means to bring all the answers that we are able to bring. These answers are not only in French Guiana. There will obviously be zonal support and national support. There are no other solutions to this. The purpose of our mission is to give ourselves the means to assess exactly what we need to make it go up and, in return, we can hold it during this time. In this area, most of the work has been done by the teams in place, both at the ARS and by the teams in hospitals, whether they are nursing or non-nursing. Management teams already have remarkably well-provided capacity tables.

You are therefore there to help structure these requests ...

We designed the mission in three axes.

 - Continue to put in place a crisis management dynamic within healthcare establishments. And in particular to support the entire medical community.
 - Update and adjust the ramp-up plan with an assessment of the material capacity and staff capacity. Define the criteria for triggering the following levels. And therefore, consubstantially, consolidate and support requests for reinforcements.
 - Establish a doctrine for strategic medical evacuation specific to the COVID crisis with the creation of a cell in the Antilles-French Guiana region. It will define a doctrine - where, when, what, how, why - and, once it is in place, will be able to take it on.

Are you coming to duplicate what you have done in your hospitals?

No, we rely on the methodological texts and especially on the experience of the people who are in place. We are not going to solve the problem. There is experience at ARS. There is experience in hospitals. We're just here to help, to add oil. We see ourselves more as oil burettes than as conductors. On the other hand, yes, we also draw on our personal experience. We lived through the hospital crisis three months ago, with much better resources, we are aware of this. But the questions posed by the professionals that we saw this morning at the Char and this afternoon at Kourou are questions that we asked ourselves. I am not going to say what you should do, or what answers we have given, but how we ourselves in our hospitals have given our own answer. French Guiana will find its own. Because this is also what we learned from this crisis: at one point, we come out of it.

In your hospitals, what do you think you have succeeded and what are the traps to avoid?

We could do 300 pages on the subject. There was the ability to mobilize and unite the hospital teams: the healthcare teams among themselves, within the healthcare teams and make the healthcare teams and management teams work together. I think it’s a great success. What didn't work were fatigue issues that weren't well integrated, upward or downward communication issues that were insufficient. We realized a posteriori that what we believed to be assimilated was not among the caregivers. There was not necessarily a good understanding, within the field carers, of what the crisis cell was. In fact, the crisis unit in a hospital is there to help the caregivers to treat. We probably did not manage well the rest of the whole staff. We could have better managed the evacuations of patients who did not have the Covid. There are areas for improvement.

You talk about the difficulty of managing leave. How to do in French Guiana where health professionals have been involved for three and a half months and where now is the time to accelerate?

First, there will be reinforcements. They will have a fairly intense rhythm, which will give rest to the staff who are there. Then there are the techniques for optimizing potential. We all have resources within us. You have to be able to go and mobilize them. It’s not magic. The military does that. Colleagues who are used to working in degraded or stressed situations have these habits. They must be offered to the personnel. We did it at home with volunteer instructors and it was extremely well received. It did a lot of good.
 

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