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25/09/20
Le premier patient admis en réanimation pour Covid-19 est rentré chez lui !

Camilo Norino, 86 ans, est entré en réanimation le 26 mai, après avoir développé les premiers symptômes du Covid-19 quelques jours plus tôt. Admis en SSR réa-Covid fin juillet, il a retrouvé son domicile avant-hier. S'il a fini par retrouvé la mémoire, il conserve des séquelles, comme de nombreux patients touchés par le virus.

C’était le 26 mai. La préhistoire à l’échelle du Covid-19 en Guyane. On comptait entre 10 et 30 nouveaux patients infectés par jour. Seize patients hospitalisés dans l’ensemble du département. Et un premier patient admis en réanimation. Camilo Norino, de Saint-Georges. Agé de 86 ans, il est rentré chez lui avant-hier.

« Il est content », se réjouit sa fille Rosalie, qui vit à ses côtés. L’hôpital de Cayenne, qui l’a accueilli pendant presque quatre mois, l’a équipé pour qu’il continue de pouvoir se tenir debout et se déplacer. Une infirmière vient le voir tous les jours.

Sa fille se souvient de ces jours de fin mai quand son papa a présenté les premiers symptômes. « Il était à la maison. Il toussait, toussait, toussait. Il disait qu’il avait du mal à respirer. » Depuis quelques jours, Saint-Georges est l’épicentre de l’épidémie en Guyane. Une opération de dépistage intensif y a été lancée. Camilo Norino, un octogénaire solide qui se rend encore régulièrement dans son abattis, répète à sa fille que « ça ira ». Cela, malgré quelques problèmes de santé, « cholestérol et rhumatisme », relate-t-elle.

« Un jeudi soir, il avait mal à la tête. Il ne voyait rien. Il ne savait pas où il était. Il refusait pourtant que je l’emmène à l’hôpital. » Rosalie le conduit tout de même au centre délocalisé de prévention et de soins (CDPS) de la commune. « Il ne voulait pas partir à Cayenne. Mais je travaille ; il ne pouvait pas rester à Saint-Georges. » Son papa est emmené le lendemain à Cayenne par le service départemental d'incendie et de secours (Sdis). Le test confirme sa positivité au Covid-19. Celui de sa fille, quatre jours plus tard, reviendra négatif. Ce même jour, son père entre en réanimation. Nous sommes le 26 mai. Camilo Norino est le premier patient à y être admis en Guyane pour Covid-19. Il en ressortira deux mois plus tard, capable de s’alimenter lui-même, se souviennent ceux qui l’ont vu à cette époque. Il est alors admis dans la toute nouvelle unité de soins de suite et de réadaptation dédiée aux patients Covid sortant de réanimation.

Il s’y trouve encore, l’après-midi du samedi 5 septembre, lorsque sa petite-fille Alexandra lui rend une nouvelle visite avec Rosalie. Elle constate les progrès de son aïeul. « Mes tantes étaient venues début août. Elles m’ont dit qu’il ne se rappelait de rien. » Aux professionnels qui s’occupent de lui, il répète son bonheur d’être rentré « dans son petit village », alors qu’il est sur son lit d’hôpital à Cayenne. Et lors de la première visite de sa petite-fille, fin août, les souvenirs affluent. « Il m’a reconnue. Il m’a dit se souvenir quand les sapeurs-pompiers sont venus le récupérer à Saint-Georges, que c’était ma maman qui l’avait emmené au centre de santé. »

Si la mémoire est revenue, les séquelles restent importantes. Camilo Norino ne se déplace plus qu'avec déambulateur. « Début août, il ne se levait pas », rappelle toutefois sa petite-fille. Sa vue est moins bonne selon ses proches. Ce samedi de début septembre, il dit ne pas sentir ses jambes. Mais il parvient à discuter normalement.

Des proches profitent de cette visite familiale pour l’appeler, via le portable de sa fille ou de sa petite-fille. Les larmes montent aux yeux de Camilo, qui répète à tous combien il est pressé de les revoir à Saint-Georges, de « reboire du lait et de manger du couac (...) Je sortirai bien un jour ! Peut-être en octobre… »
Son vœu aura été exaucé.