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Infos citoyennes

12/07/21
Centrale du Larivot : le tribunal saisi en référé avant qu’il ne soit trop tard

A l’heure de l’urgence climatique et de la demande du Conseil d’Etat de prendre des mesures fortes pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, la centrale du Larivot est toujours en construction en Guyane. Ce projet, surdimensionné et utilisant un carburant d’un autre temps, a déjà occasionné la destruction d’une partie de la forêt marécageuse du Larivot: tout est défriché, les pelles mécaniques et les camions ont maintenant commencé le terrassement du terrain. Devant la rapidité des travaux de la centrale et la destruction durable de la biodiversité, Guyane Nature Environnement et France Nature Environnement ont déposé un recours en référé pour que le tribunal se prononce avant qu’il ne soit trop tard.

Pour l’instant, la centrale fonctionnera toujours au fioul
La centrale du Larivot a été initialement autorisée comme fonctionnant au fioul, avec une possibilité de conversion au gaz. EDF-PEI et le Ministère de la transition écologique ont annoncé la conversion de la centrale aux agrocarburants, mais les carburants fossiles figurent toujours dans les textes, y compris dans le projet de modification de la programmation pluriannuelle de l’énergie.

Si la centrale était effectivement alimentée avec des agrocarburants, il faudrait consacrer des dizaines de milliers d’hectares à la culture d’oléagineux, surface qui n’est disponible ni en Guyane, ni dans l’Hexagone, ni dans l’Union européenne.  Importer du carburant produit à partir de monoculture intensive, probablement en défrichant des milieux naturels, aurait alors une empreinte carbone très importante, voire pire que celle du fioul selon plusieurs études commandées par la Commission européenne l’Assemblée nationale et le Commissariat général au développement durable. Quel que soit le carburant utilisé, une centrale à combustion de cette puissance n’est donc pas durable.

Une implantation au milieu d’espèces protégées et en zone inondable
La centrale est en cours de construction dans une zone où ont été repérées plusieurs espèces rares et protégées, parmi elles le toucan toco, le milan à long bec, la loutre à longue queue et la biche des palétuviers. Ces espèces, déjà menacées par l’agrandissement de l’urbanisation sur l’île de Cayenne, sont en train de voir une partie supplémentaire de leur habitat disparaître. De plus, la zone de chantier se trouve sur un corridor écologique, un passage entre deux zones particulièrement riches en biodiversité, le marais Leblond au Nord et le Mont Grand Matoury du Sud.

Les impacts environnementaux du projet ne se limitent pas à la zone du Larivot : la rivière de Cayenne sera exposée, le risque de fuites persiste tout au long du trajet de l’oléoduc sur 14 km et les rejets de gaz à effet de serre contribueront au réchauffement climatique global, aux conséquences catastrophiques y compris en Guyane. En outre, soumise au risque de submersion marine et d’inondation, la zone d’implantation de la centrale doit être remblayée et consolidée avec des tonnes de matériaux, ce qui contribue à épuiser les réserves de sable, une ressource faisant déjà régulièrement l'objet de pénuries en Guyane. Rappelons par ailleurs le risque stratégique de centraliser la majeure partie de la production énergétique dans un seul projet : il s'oppose au principe de résilience en exposant à un réel risque de black-out en cas de défaillance de la centrale !

L’absence de recherche d’alternatives
Ce projet a été acté alors que de nombreuses alternatives étaient possibles pour la Guyane : un mix énergétique à base de photovoltaïque, d’hydraulique et d’éolien permettrait de rendre la collectivité autonome en énergie et en phase avec les objectifs climatiques nationaux. Le Groupement des Entreprises en Énergies Renouvelables de Guyane (GENERG) estime que 160 MW de projets de production d’énergies renouvelables seraient opérationnels d’ici à 20258, soit 40 MW de plus que la centrale du Larivot (120 MW) et seulement un an après sa mise en service. Ce chiffre ne compte d’ailleurs pas les projets de solaire flottant sur la retenue de Petit-Saut ni le contesté projet de Total-Quadran de photovoltaïque dans les savanes de Macouria. En attendant leur mise en service, il serait possible d’utiliser les groupes électrogènes mobiles qui sont déjà utilisés pour pallier aux restrictions de fonctionnement de la centrale de Dégrad-des-Cannes.

De plus, il faudrait 240 ha de photovoltaïque pour produire la même quantité d’énergie que la centrale du Larivot d'après le GENERG. Cette surface est probablement déjà disponible sans impact environnemental, si l'on cumule les zones industrielles et commerciales, les bâtiments publics et leurs parkings, ce qui éviterait de la déforestation. Mais pourquoi les alternatives n'ont-elles pas été étudiées au regard de leur grande pertinence ? Mystère...

Financer la transition écologique au lieu d’une méga centrale thermique ?
“Un demi-milliard d’euros pour la centrale du Larivot, c’est plus que le viaduc de Millau (320 millions d’euros (M€)), deux fois le nouveau pont du Larivot (100 M€ pour le pont et 150 M€ pour le raccordement à la RN1), 3,5 fois le nouvel hôpital de Saint Laurent (140 M€) ou encore 5 lancements de satellites sur Ariane 5 (100 M€). “ calcule Rémi Girault, président de Guyane Nature Environnement. “Pour le prix d’un projet pareil, on aurait pu construire l'autonomie énergétique, politique vertueuse pour l'économie, l'environnement et l'emploi en Guyane. Si la lutte contre le réchauffement climatique est une priorité de la nouvelle équipe de la Collectivité territoriale de Guyane, il serait intéressant de réorienter tout cet argent dans la transition écologique.”

Pour toutes ces raisons, Guyane Nature Environnement et France Nature Environnement ont déposé un recours en référé contre l’autorisation environnementale de la centrale devant le Tribunal administratif de Cayenne, dans l’espoir de suspendre les travaux avant que le sol ne soit complètement artificialisé.

Plus d’informations :
Centrale au fioul en Guyane : action en justice contre un projet climaticide, sale et dangereux
Centrale du Larivot: l’avenir énergétique de la Guyane acté dans l’ombre
 


At a time of the climate emergency and the request of the Council of State to take strong measures to fight against greenhouse gas emissions, the Larivot plant is still under construction in French Guiana. This oversized project, using old fuel, has already caused the destruction of part of the Larivot swamp forest: everything has been cleared, mechanical shovels and trucks have now started to excavate the land. Faced with the rapidity of work on the power plant and the lasting destruction of biodiversity, Guyane Nature Environnement and France Nature Environnement have filed an application for interim relief so that the court can rule before it is too late.

For now, the plant will still run on fuel oil
The Larivot plant was initially authorized to run on fuel oil, with the possibility of conversion to gas. EDF-PEI and the Ministry of Ecological Transition announced the conversion of the plant to agrofuels, but fossil fuels are still included in the texts, including in the proposed modification of the multi-year energy program.

If the power station were actually supplied with agrofuels, tens of thousands of hectares would have to be devoted to the cultivation of oilseeds, an area which is not available either in French Guyana, in France, or in the European Union. Importing fuel produced from intensive monoculture, probably by clearing natural environments, would then have a very significant carbon footprint, even worse than that of fuel oil according to several studies commissioned by the European Commission, the National Assembly and the General Commission for Sustainable Development. Regardless of the fuel used, a combustion plant of this power is therefore not sustainable.

An establishment in the middle of protected species and in a flood zone
The power plant is under construction in an area where several rare and protected species have been spotted, among them the toco toucan, the long-billed kite, the long-tailed otter and the mangrove doe. These species, already threatened by the expansion of urbanization on the island of Cayenne, are seeing an additional part of their habitat disappearing. In addition, the construction site is located on an ecological corridor, a passage between two areas particularly rich in biodiversity, the Leblond marsh in the north and Mont Grand Matoury in the south.

The environmental impacts of the project are not limited to the Larivot area: the Cayenne River will be exposed, the risk of leaks persists throughout the 14 km route of the pipeline and greenhouse gas emissions will contribute to the global warming, with catastrophic consequences including in French Guiana. In addition, subject to the risk of marine submersion and flooding, the area where the power plant is located must be backfilled and consolidated with tons of materials, which contributes to depleting the sand reserves, a resource already regularly making the subject of shortages in French Guiana. Let us also recall the strategic risk of centralizing the major part of energy production in a single project: it is opposed to the principle of resilience by exposing to a real risk of black-out in the event of plant failure!

Lack of search for alternatives
This project was implemented when many alternatives were possible for French Guiana: an energy mix based on photovoltaic, hydraulic and wind power would make the community self-sufficient in energy and in line with national climate objectives. The French Guiana Renewable Energies Group (GENERG) estimates that 160 MW of renewable energy production projects would be operational by 20258, i.e. 40 MW more than the Larivot plant (120 MW) and only one year after commissioning. This figure does not include solar projects floating on the Petit-Saut reservoir or the contested Total-Quadran photovoltaic project in the savannas of Macouria. While waiting for their commissioning, it would be possible to use the mobile generators which are already in use to alleviate the operating restrictions of the Dégrad-des-Cannes power plant.

In addition, it would take 240 ha of photovoltaics to produce the same amount of energy as the Larivot plant according to GENERG. This surface is probably already available without environmental impact, if we add up the industrial and commercial zones, public buildings and their car parks, which would avoid deforestation. But why have the alternatives not been studied in view of their great relevance? Mystery...

Financing the ecological transition instead of a mega thermal power plant?
Half a billion euros for the Larivot plant is more than the Millau viaduct (320 million euros (M €)), twice the new Larivot bridge (100 M € for the bridge and € 150 million for connection to the RN1), 3.5 times the new Saint Laurent hospital (€ 140 million) or even 5 satellite launches on Ariane 5 (€ 100 million). Calculates Rémi Girault, president of Guyane Nature Environnement.For the price of such a project, we could have built energy autonomy, a virtuous policy for the economy, the environment and jobs in French Guiana. If the fight against global warming is a priority for the new team of the Territorial Collectivity of French Guiana, it would be interesting to redirect all this money into the ecological transition.

For all these reasons, Guyane Nature Environnement and France Nature Environnement have filed an interim appeal against the environmental authorization of the plant before the Cayenne Administrative Court, in the hope of suspending work before the ground is completely artificial.

More information :
Oil fired power station in French Guiana: legal action against a dirty and dangerous climate control project
Larivot power station: the energy future of French Guiana in the dark
 

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