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Infos citoyennes

17/06/22
Psychiatrie à Cayenne : «On avait vingt ans de retard; on prend dix ans d’avance»

Au pôle santé mentale, un vaste chantier de rénovation des six unités d’hospitalisation temps plein a débuté et se prolongera jusqu’en 2026. Mardi, les usagers de l’unité Wapa – les plus fragilisés – ont intégré leurs nouveaux locaux. Outre une remise aux normes, après les manquements soulignés dans plusieurs rapports en 2018, ces travaux apportent des innovations comme un espace d’apaisement. Ils doivent faciliter la prise en charge et améliorer les conditions de travail des soignants et de l’ensemble du personnel.

La fin de l’année 2018 avait été animée à l’hôpital de Cayenne, et particulièrement en psychiatrie. Tour à tour, les professionnels avaient reçu la visite des experts-visiteurs de la Haute Autorité de santé (HAS) pour la certification quadriennale et de quatre contrôleurs du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL). Leurs conclusions (HAS et CGLPL) sur le pôle santé mentale – à peu près les mêmes – appelaient une importante réorganisation. Elle s’est notamment concrétisée mardi, lorsqu’une dizaine d’usagers en soins psychiatriques sans consentement et la vingtaine de soignants qui les prennent en charge ont rejoint la nouvelle unité Wapa.



En 2018, des conditions de vie « susceptibles de constituer un traitement inhumain »

Cette unité rénovée est le prélude à un important programme de travaux dans tout le pôle : d’ici à novembre 2026, toutes les unités d’hospitalisation temps plein seront rénovées pour 6 millions d’euros et un bâtiment neuf dédié aux soins de pédopsychiatrie sera construite pour 3 millions d’euros. « Ces travaux font suite aux rapports du Contrôleur général des lieux de privation de liberté, de la HAS et de l’ARS, resitue le Dr Caroline Janvier, chef du pôle santé mentale à l’hôpital de Cayenne. C’était justifié. Ils reprennent point par point ce qui était souligné dans les rapports. »

Le CGLPL avait trempé sa plume dans l’acide pour rédiger le sien : « Les conditions de vie de certaines personnes hospitalisées sont gravement attentatoires à leurs droits fondamentaux, et sont susceptibles de constituer un traitement inhumain ou dégradant au sens de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme (…) Les unités de psychiatrie sont parfois saturées et les éventuelles sur-occupations conduisent à des maintiens de patients dans des chambres d’isolement (CI). » Leur état avait interpellé la HAS : « Les conditions d'hébergements disponibles ne sont pas toujours adaptées aux respects de la dignité et d'intimité de la vie du patient. En psychiatrie adultes, les chambres d’isolement ne présentent pas de fenêtres, seul un lit scellé au sol est présent avec un WC à la turque (…) Des climatisations de chambres d'isolement en psychiatrie de l'adolescent (sont) en panne depuis plus 8 mois sans réponse effective des services techniques alors que la prise en charge des patients est nécessaire dans ces espaces par une température de 30 degrés. En psychiatrie, dans une chambre d'isolement, à défaut de maintenance, une fissure s'est formée dans le plafond. Ainsi, lorsqu’il pleut, il pleut dans la chambre. »

« Ça ne donnait pas l’idée de guérir »

Certaines de ces chambres ont été fermées « dès le départ du CGLPL », rappelle le Dr Janvier. Dans la nouvelle unité, leur nombre a été réduit. « Les chambres d’isolement étaient au fond de l’unité. Les personnels étaient malheureux de travailler là. Ils n’avaient pas l’impression de faire du bon travail. » Ce que confirme un infirmier satisfait de découvrir son nouveau cadre de travail mardi : « Les chambres n’étaient pas aux normes. Je n’y aurais pas mis quelqu’un de ma famille. Alors les patients non plus parce qu’ils sont un peu notre famille. »

Une usagère, qui effectue des séjours en psychiatrie depuis 2020, se souvient des « vieux meubles de régiment, des portes cassées et des intempéries » dans l’ancienne unité Wapa. « On rentrait dans les chambres uniquement pour dormir. Ça ne donnait pas l’idée de guérir et de sortir un jour. » En se promenant dans la nouvelle unité, au milieu des tables, des chaises, de la table de ping-pong et du baby-foot, elle se réjouit que ce soit « plus spacieux. On peut marcher pour faire le vide dans sa tête. On peut mieux discuter, mieux s’entendre. » Aux vieux lits métalliques scellés au sol ont succédé un mobilier plus confortable et aux teintes gaies. « Maintenant, il y a de la couleur, de la lumière, des ventilateurs, apprécie une plus jeune usagère, qui effectue des séjours depuis une dizaine d’années. Il y a même un espace d’apaisement. »



Chambre d’apaisement, système d’alerte fonctionnel et allume-cigarettes

Cet espace d’apaisement – un dispositif encore rare en France – est l’une des nouveautés de l’unité Wapa : une pièce avec de la musique douce et des jeux de lumière, dans laquelle l’usager se rend quand il le souhaite, pour une minute comme pour deux jours. « On travaille avec le patient pour l’aider à comprendre quand il monte dans la crise et qu’il décide d’aller dans cet espace où il trouvera un environnement sensoriel qui l’aidera à désescalader au niveau émotionnel, explique le Dr Janvier. On avait vingt ans de retard. On prend dix ans d’avance sur certains établissements de l’Hexagone. »

D’autres améliorations sont apportées. La HAS reprochait l’absence d’espace de convivialité et de détente pour les familles des usagers. Celui-ci a été inclus dans la rénovation. Le système d’alerte entre les unités, qui permet de signaler un problème avec un usager, était en panne depuis plusieurs mois. Il est à nouveau fonctionnel. La plupart des pièces sont climatisées ou dotées de ventilateurs. Les progrès passent aussi par des améliorations moins visibles comme la présence d’allume-cigarettes, « parce que pour un soignant, passer dix fois par jour le briquet aux patients et s’assurer qu’ils l’ont bien rendu, ça prend beaucoup de temps ». Chantal Jean-Baptiste, cadre de santé des unités Wapa et Comou, salue « une nouvelle ère, un bien-être pour les patients et de meilleures conditions de travail pour les soignants. Ça va faire du bien à l’équipe, redonner du punch ! »

Six unités rénovées, un nouveau bâtiment, 9 millions de travaux

C’est un chantier qui a démarré en novembre 2020, que la pandémie de Covid-19 a ralenti, et qui devrait s’étirer jusqu’en novembre 2026 : d’ici-là, les six unités de psychiatrie, qui peuvent accueillir chacune 14 patients, auront été rénovées pour 6 millions d’euros. Un nouveau bâtiment dédié à la pédopsychiatrie (12-18 ans) au rez-de-chaussée et accueillant les bureaux des équipes mobiles à l’étage aura été construit pour 3 millions d’euros.

Cette opération a été rendue possible par la fermeture temporaire de l’unité d’addictologie : Amaranthe. Quatre lits ont été réservés dans une autre unité pour ces usagers en demande de réalisation d’un sevrage en milieu hospitalier. Désormais rénovée, l’ancienne unité Amaranthe accueille l’unité Wapa, dont les patients sont les plus vulnérables. L’ancienne unité Wapa va désormais être rénové et deviendra l’unité Comou (également dédiée aux soins psychiatriques sans consentement) ; l’ancienne unité Comou sera alors transformée en Moutouchi (unité dédiée à la gérontopsychiatrie). « C’est sans doute l’unité pour laquelle il y a le plus de réflexion, avec la Maia, afin de créer un espace adapté aux personnes âgées », souligne le Dr Janvier. L’ex-Moutouchi deviendra Amourette (qui se spécialisera en unité de réhabilitation psychosociale), l’ex-Amourette deviendra Wassaï (unité d’entrée et de court séjour) et l’ancienne unité Wassaï deviendra la future unité Amaranthe. La boucle sera alors bouclée et l’addictologie retrouvera une unité dédiée. « Dans le même temps, on monte en spécificité dans chaque unité. Et nous formons les équipes en fonction des unités qu’elles choisissent », poursuit le Dr Janvier. Outre d’améliorer la prise en charge des patients, ces travaux visent aussi à rendre plus efficients les circuits logistiques et les locaux de soins, ainsi qu’à regrouper les hospitalisations pédopsychiatriques dans un même lieu.

Ce sera l’objet de l’autre gros chantier : la construction d’un bâtiment de 1 374 m2, sur deux niveaux pour trois millions d’euros. L’unité Acajou, au rez-de-chaussée, abritera 6 lits d’hospitalisation à temps plein et quatre lits pour de l’accueil de jour ou de nuit en séquentiel. Il peut s’agir d’enfants scolarisés qui viennent y dormir la nuit ou d’enfants en famille d’accueil lorsque ces dernières ont besoin de répit. Les enfants de moins de 12 ans, en revanche, continueront d’être pris en charge en pédiatrie.

Le délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie en visite en Guyane

Pendant deux jours, le Pr Franck Bellivier a rencontré les acteurs de la santé mentale en Guyane. Le délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie se rend dans chaque région pour voir comment la feuille de route nationale de la santé mentale et de la psychiatrie est mise en œuvre, discuter des difficultés auxquelles les équipes font face et voir comment il peut les appuyer pour les surmonter. Il était déjà venu en Guyane il y a deux ans. Au cours de ce séjour, il lui a notamment été présenté le centre de ressources prévention du suicide (CRPS, lire la Lettre pro du 29 avril) et les résultats de l’enquête santé mentale en population générale réalisée sur le territoire de l’Agglomération cayennaise (lire la Lettre pro du 2 février).

Cet article est issu de la Lettre pro de l’Agence régionale de santé. Vous pouvez vous y abonner en remplissant le formulaire suivant : https://forms.sbc28.com/5a8bed50b85b5350ef1cd117/t13M7zUZQi2XMq5E3DdnhQ/0WQoeDwjRXqJblCpKbLDzA/form.html  


At the mental health center, a vast renovation project for the six full-time hospitalization units has begun and will continue until 2026. On Tuesday, the users of the Wapa unit – the most vulnerable – moved into their new premises. In addition to bringing it up to standard, after the shortcomings highlighted in several reports in 2018, this work brings innovations such as a space of appeasement. They must facilitate care and improve the working conditions of caregivers and all staff.

The end of 2018 had been lively at Cayenne hospital, and particularly in psychiatry. In turn, the professionals had received the visit of the experts-visitors of the High Authority for Health (HAS) for the four-year certification and of four controllers of the General Controller of the places of deprivation of liberty (CGLPL). Their conclusions (HAS and CGLPL) on the mental health pole – more or less the same – called for a major reorganization. It notably materialized on Tuesday, when a dozen users of psychiatric care without consent and the twenty caregivers who take care of them joined the new Wapa unit.

In 2018, living conditions "likely to constitute inhuman treatment"

This renovated unit is the prelude to a major work program throughout the cluster: by November 2026, all full-time hospitalization units will be renovated for 6 million euros and a new building dedicated to child psychiatry care will be built for 3 million euros. "This work follows the reports of the Comptroller General of places of deprivation of liberty, the HAS and the ARS, relocates Dr Caroline Janvier, head of the mental health unit at Cayenne hospital. It was justified. They repeat point by point what was underlined in the reports. »

The CGLPL had dipped its pen in acid to write its own: "The living conditions of certain hospitalized persons are seriously detrimental to their fundamental rights, and are likely to constitute inhuman or degrading treatment within the meaning of Article 3 of the European Convention on Human Rights (…) Psychiatric units are sometimes overcrowded and any overcrowding leads to patients being kept in isolation rooms (CI). Their condition had challenged the HAS: “The available accommodation conditions are not always adapted to respect for the dignity and privacy of the patient's life. In adult psychiatry, the isolation rooms do not have windows, only a bed sealed to the floor is present with a Turkish toilet (…) Air conditioning in isolation rooms in adolescent psychiatry (are) out of order for more than 8 months without an effective response from the technical services while the care of patients is necessary in these spaces with a temperature of 30 degrees. In psychiatry, in an isolation room, due to lack of maintenance, a crack formed in the ceiling. So when it rains, it rains in the bedroom. »

“It didn’t give the idea of ​​healing”

Some of these rooms were closed "from the start of the CGLPL", recalls Dr Janvier. In the new unit, their number has been reduced. “The isolation rooms were at the back of the unit. The staff were unhappy to work there. They didn't feel like they were doing a good job. “Confirmed by a nurse satisfied to discover his new working environment on Tuesday: “The rooms were not up to standard. I wouldn't have put someone in my family there. So neither do the patients because they are a bit like our family. »

A user, who has been in psychiatry since 2020, remembers the "old regimental furniture, broken doors and bad weather" in the former Wapa unit. “We went into the rooms only to sleep. It did not give the idea of ​​​​healing and going out one day. As she strolls through the new unit, amid the tables, chairs, ping-pong table and foosball table, she is glad it's "more spacious." You can walk to empty your mind. We can talk better, get along better. The old metal beds sealed to the floor have been replaced by more comfortable furniture in cheerful colours. “Now there is color, light, fans, appreciates a younger user, who has been staying for ten years. There is even a quiet space. »

Quiet room, functional alert system and cigarette lighter

This calming space – a device still rare in France – is one of the novelties of the Wapa unit: a room with soft music and light effects, in which the user goes when he wishes, for a minute as for two days. “We work with the patient to help him understand when he is getting into the crisis and he decides to go into this space where he will find a sensory environment that will help him de-escalate on an emotional level, explains Dr. Janvier. We were twenty years behind. We are ten years ahead of certain establishments in France. »

Other improvements are made. HAS criticized the lack of space for conviviality and relaxation for the families of users. This was included in the renovation. The alert system between the units, which makes it possible to report a problem with a user, had been down for several months. It is functional again. Most rooms are air-conditioned or have fans. Progress also involves less visible improvements such as the presence of cigarette lighters, "because for a caregiver, passing the lighter to patients ten times a day and making sure that they have returned it, it takes a lot of time”. Chantal Jean-Baptiste, health manager of the Wapa and Comou units, welcomes “a new era, well-being for patients and better working conditions for caregivers. It will do the team good, give some punch! »

Six renovated units, a new building, 9 million euros of work

This is a project that started in November 2020, which the Covid-19 pandemic has slowed down, and which should stretch until November 2026: until then, the six psychiatry units, which can each accommodate 14 patients, will have been renovated for 6 million euros. A new building dedicated to child psychiatry (12-18 years old) on the ground floor and hosting the offices of the mobile teams upstairs will have been built for 3 million euros.

This operation was made possible by the temporary closure of the addiction unit: Amaranthe. Four beds have been reserved in another unit for these users requesting weaning in a hospital setting. Now renovated, the former Amaranthe unit houses the Wapa unit, whose patients are the most vulnerable. The former Wapa unit will now be renovated and will become the Comou unit (also dedicated to psychiatric care without consent); the former Comou unit will then be transformed into Moutouchi (unit dedicated to geriatric psychiatry). “It is undoubtedly the unit for which there is the most thought, with the Maia, in order to create a space adapted to the elderly”, underlines Dr Janvier. The former Moutouchi will become Amourette (which will specialize in a psychosocial rehabilitation unit), the former Amourette will become Wassaï (entry and short-stay unit) and the former Wassaï unit will become the future Amaranthe unit. The loop will then be closed and addictology will find a dedicated unit. “At the same time, we are increasing in specificity in each unit. And we form the teams according to the units they choose, ”continues Dr Janvier. In addition to improving patient care, this work also aims to make logistics circuits and care facilities more efficient, as well as to group child psychiatric hospitalizations in the same place.

This will be the subject of the other major project: the construction of a building of 1,374 m2, on two levels for three million euros. The Acajou unit, on the ground floor, will house 6 full-time hospital beds and four beds for sequential day or night care. They can be school children who come to sleep there at night or children in foster care when they need respite. Children under the age of 12, on the other hand, will continue to be cared for in paediatrics.

The Ministerial Delegate for Mental Health and Psychiatry visits French Guiana

For two days, Professor Franck Bellivier met with mental health actors in French Guiana. The ministerial delegate for mental health and psychiatry visits each region to see how the national mental health and psychiatry roadmap is being implemented, discuss the difficulties that the teams are facing and see how he can support them to overcome them. He had already come to French Guiana two years ago. During this stay, he was notably presented with the suicide prevention resource center (CRPS, read the Professional letter of April 29) and the results of the mental health survey in the general population carried out on the territory of the Agglomeration. cayennaise (read the Professional Letter of February 2).

This article is from the Regional Health Agency's Newsletter. You can subscribe by filling out the following form: https://forms.sbc28.com/5a8bed50b85b5350ef1cd117/t13M7zUZQi2XMq5E3DdnhQ/0WQoeDwjRXqJblCpKbLDzA/form.html

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