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09/08/22
Découverte d’une nouvelle zoonose chez un orpailleur en marge de l’étude Malakit

Des chercheurs de l’hôpital de Cayenne et du CNRS de Montpellier décrivent une nouvelle zoonose : l’anaplasmose de Sparouine. Elle a été découverte en marge du projet Malakit chez un orpailleur clandestin qui avait subi une ablation de la rate. Il a dû être hospitalisé plusieurs semaines en raison de fièvre, douleurs musculaires, céphalées, saignements du nez et anémie sévère…

Ces dernières années, de nombreuses études ont insisté sur la manière dont l’exploitation de zones naturelles expose davantage l’homme à de nouvelles maladies transmises par les animaux. Un orpailleur clandestin en a été victime puisque dans ses globules a été découverte une bactérie inconnue jusque-là et baptisée Anaplasma sparouinense. Il a dû être hospitalisé plusieurs semaines à Cayenne. Dans un article publié dans Emerging Infectious Diseases ce mois-ci, et résumé par le Centre national de recherche scientifique (CNRS), les équipes de l’hôpital de Cayenne et du CNRS de Montpellier font part de leur découverte.

Comment les Anaplasma ont été repérées

Tout commence avec Malakit. Ce projet de recherche visait à déterminer l’efficacité de la distribution de kits d’autodiagnostic et d’autotraitement à des orpailleurs illégaux. « Quand nous faisons nos études, qui portent principalement sur le paludisme, nous en profitons pour regarder l’état de santé général des personnes. Il y a un intérêt individuel pour la personne et un intérêt de santé publique », rappelle le Dr Maylis Douine (CHC). Dès la première étude Orpal, en 2015, les chercheurs étudient sur les infections sexuellement transmissibles des orpailleurs clandestins. Lors de l’évaluation Orpal 2, en 2019, ils ajoutent les zoonoses : fièvre Q, lèpre, leptospirose…

Le CNRS de Montpellier, qui travaille sur les maladies transmises par les tiques, les contacte. Il souhaite étudier les échantillons prélevés sur les orpailleurs clandestins. Il récupère l’ADN de bactéries, l’amplifie par PCR et le compare aux bases de données du monde entier. C’est là qu’il tombe sur une anaplasma jamais décrite. Nous sommes il y a un an. Alertés, les chercheurs de l’hôpital de Cayenne et de l’Institut Pasteur de Guyane où une partie des échantillons étaient stockés reprennent les prélèvements du patient et les étudient au microscope pour tenter de repérer les anaplasma, qui pénètrent les globules rouges. « Effectivement, on a visualisé ces bactéries dans les globules rouges », se souvient le Dr Douine.

La bactérie est alors baptisée Anaplasma sparouinense, du nom de la crique Sparouine où le patient déclarait chercher de l’or. « Ce nouvel agent pathogène appartient au genre bactérien Anaplasma, dont la bactérie la plus connue est Anaplasma phagocytophilum, responsable de l’anaplasmose granulocytaire humaine, rappelle le CNRS. Cette zoonose émergente est responsable chaque année de plusieurs centaines de cas, parfois mortels. Les études génétiques ont révélé que Anaplasma sparouinense est un nouvel agent infectieux, différent de toutes les espèces connues d’Anaplasma. »

L’Anaplasma sparouinense repérée à dix-huit mois d’intervalle chez le patient

Les chercheurs de l’hôpital de Cayenne essaient alors de savoir ce qu’était devenu l’orpailleur clandestin. Au moment du prélèvement, en 2019, il ne présentait pas de symptômes. Mais le Dr Douine et ses collègues découvrent qu’en avril 2021, dix-huit mois après les prélèvements effectués sur une base arrière de l’orpaillage clandestin et environ trois mois avant la découverte de l’anaplasma dans les échantillons, il a été hospitalisé à l’Umit par l’équipe du CDPS de Grand santi (unité des maladies infectieuses et tropicales, CHC) en raison de fièvre, douleurs musculaires, céphalées, saignements de nez et anémie sévère. La batterie d’examens réalisée ne révèle pas l’origine de ses symptômes. Il reçoit un traitement antibiotique pendant trois semaines et se remet sur pied.

Son dossier médical rappelle qu’il a subi une splénectomie (ablation chirurgicale de la rate).  La rate n’étant plus là pour assurer ses différents rôles immunitaires, le risque est en effet augmenté pour certaines infections. Son dossier médical permet également de retrouver son contact. Au téléphone, il indique être retourné vivre chez lui, au Brésil. Il autorise également l’hôpital de Cayenne à poursuivre ses recherches sur son cas. L’Anaplasma est notamment retrouvée sur les échantillons prélevés lors de son séjour à l’hôpital. Le patient en a donc été porteur pendant au moins dix-huit mois.

De son côté, le CNRS souligne qu’il « existe en réalité tout un groupe sud-américain d’Anaplasma émergeants, dont Anaplasma sparouinense est le premier membre décrit comme infectieux pour l’humain. La vie sur le site d’orpaillage, en contact direct avec la faune sauvage, fut sans doute un facteur déterminant pour le passage de l’agent infectieux vers l’humain. Il est encore trop tôt pour affirmer l’importance qu’aura l’anaplasmose de Sparouine dans le futur, et quel risque sanitaire la maladie pourrait alors présenter pour les populations sud-américaines. Sa simple existence nous rappelle toutefois que notre connaissance de la diversité des agents pathogènes circulant dans les zones naturelles reculées reste encore très partielle. L’expansion des activités humaines dans ces régions conduira inévitablement les populations à s’exposer au risque d’émergence de zoonoses similaires. »

« Il ne faut pas stresser avec les tiques »

Souvent, quand quelqu’un arrive de l’Hexagone en Guyane, il s’entend dire qu’il n’y a « pas de problèmes avec les tiques de Guyane car elles ne transmettent pas la maladie de Lyme ». Ce que confirme le Dr Maylis Douine (CHC) : « Le CNRS de Montpellier a cherché la maladie de Lyme dans des milliers de tiques de Guyane et ne l’a jamais trouvée. Elle n’a jamais non plus été diagnostiquée par un clinicien. » Le Pr Loïc Epelboin (CHC) abonde : « Certaines personnes sont persuadées d’avoir attrapé la maladie de Lyme en Guyane mais on n’est pas sûrs qu’elles l’aient réellement eue et, pour celles qui l’ont eue, on n’est pas sûr qu’elles l’aient attrapé en Guyane. »

La découverte d’un cas d’anaplasmose vraisemblablement transmise par une tique ne doit pas non plus inquiéter : « Ce cas unique est apparu dans un contexte particulier, avec un patient n’ayant plus de rate et donc sans doute plus exposé. Il ne faut pas stresser avec les tiques. »

L’an dernier, le Pr Epelboin était revenu sur onze cas d’alpha-gal – une allergie à la viande qui pourrait être provoquée par une morsure de tiques. Il tempérait toutefois : « Nos résultats ne permettent pas clairement d’affirmer que les morsures de tiques sont la cause de cette allergie, mais tous les patients ont déclaré être régulièrement exposés à ces arthropodes. » Pour lui, le principal problème posé par les tiques pour la population, c’est « le désagrément provoqué par leurs morsures ».

Cet article est issu de la Lettre pro de l’Agence régionale de santé. Vous pouvez vous y abonner en remplissant le formulaire suivant : https://forms.sbc28.com/5a8bed50b85b5350ef1cd117/t13M7zUZQi2XMq5E3DdnhQ/0WQoeDwjRXqJblCpKbLDzA/form.html  


Researchers from the Cayenne hospital and the CNRS in Montpellier describe a new zoonosis: anaplasmosis of Sparouine. It was discovered on the sidelines of the Malakit project in a clandestine gold digger who had had his spleen removed. He had to be hospitalized for several weeks due to fever, muscle aches, headaches, nosebleeds and severe anemia…

In recent years, many studies have focused on how the exploitation of natural areas exposes humans more to new diseases transmitted by animals. A clandestine gold digger was the victim since in his blood cells was discovered a bacterium unknown until then and baptized Anaplasma sparouinense. He had to be hospitalized for several weeks in Cayenne. In an article published in Emerging Infectious Diseases this month, and summarized by the National Center for Scientific Research (CNRS), teams from Cayenne Hospital and CNRS Montpellier share their discovery.

How Anaplasma Were Spotted

It all starts with Malakit. This research project aimed to determine the effectiveness of distributing self-diagnosis and self-treatment kits to illegal artisanal miners. “When we do our studies, which mainly focus on malaria, we take the opportunity to look at the general state of health of people. There is an individual interest for the person and a public health interest,” recalls Dr. Maylis Douine (CHC). From the first Orpal study, in 2015, researchers have been studying sexually transmitted infections among clandestine gold miners. During the Orpal 2 evaluation, in 2019, they added zoonoses: Q fever, leprosy, leptospirosis…

The CNRS of Montpellier, which works on diseases transmitted by ticks, contacts them. He wants to study the samples taken from clandestine gold panners. It collects DNA from bacteria, amplifies it by PCR and compares it to databases around the world. This is where he comes across an anaplasma never before described. We are a year ago. Alerted, researchers from the hospital in Cayenne and the Institut Pasteur in French Guiana, where some of the samples were stored, took the patient's samples and studied them under a microscope to try to identify the anaplasmas, which penetrate the red blood cells. “Indeed, we visualized these bacteria in red blood cells,” recalls Dr. Douine.

The bacterium is then baptized Anaplasma sparouinense, from the name of the Sparouine cove where the patient said he was looking for gold. “This new pathogen belongs to the bacterial genus Anaplasma, the best-known bacterium of which is Anaplasma phagocytophilum, responsible for human granulocytic anaplasmosis, recalls the CNRS. This emerging zoonosis is responsible for several hundred cases, sometimes fatal, each year. Genetic studies have revealed that Anaplasma sparouinense is a new infectious agent, different from all known species of Anaplasma. »

Anaplasma sparouinense spotted eighteen months apart in the patient

Researchers at the Cayenne hospital then tried to find out what had become of the clandestine gold miner. At the time of the sample, in 2019, he had no symptoms. But Dr. Douine and his colleagues discover that in April 2021, eighteen months after the samples were taken from a clandestine gold panning rear base and about three months before the discovery of the anaplasma in the samples, he was hospitalized. at Umit by the Grand Santi CDPS team (Infectious and Tropical Diseases Unit, CHC) due to fever, muscle aches, headaches, nosebleeds and severe anemia. The battery of examinations carried out does not reveal the origin of his symptoms. He receives antibiotic treatment for three weeks and recovers.

His medical records recall that he underwent a splenectomy (surgical removal of the spleen). Since the spleen is no longer there to perform its various immune roles, the risk is indeed increased for certain infections. His medical file also makes it possible to find his contact. On the phone, he says he has returned to live at home in Brazil. He also authorizes the Cayenne hospital to continue its research on his case. Anaplasma is notably found on the samples taken during his stay in the hospital. The patient was therefore a carrier for at least eighteen months.

For its part, the CNRS points out that “there is in fact an entire South American group of emerging Anaplasma, of which Anaplasma sparouinense is the first member described as infectious for humans.

Life on the gold panning site, in direct contact with wildlife, was undoubtedly a determining factor for the passage of the infectious agent to humans. It is still too early to say the importance that the anaplasmosis of Sparouine will have in the future, and what health risk the disease could then present for South American populations. Its mere existence reminds us, however, that our knowledge of the diversity of pathogens circulating in remote natural areas is still very partial. The expansion of human activities in these regions will inevitably lead populations to be exposed to the risk of the emergence of similar zoonoses."

"You shouldn't stress about ticks"

Often, when someone arrives from France in French Guiana, they are told that there are "no problems with ticks from French Guiana because they do not transmit Lyme disease". This is confirmed by Dr. Maylis Douine (CHC): “The CNRS of Montpellier looked for Lyme disease in thousands of ticks in Guyana and never found it. She was also never diagnosed by a clinician. "Professor Loïc Epelboin (CHC) agrees: "Some people are convinced of having caught Lyme disease in French Guiana but we are not sure that they really had it and, for those who had it , we are not sure that they caught it in French Guiana. »

The discovery of a case of anaplasmosis probably transmitted by a tick should not worry either: “This unique case appeared in a particular context, with a patient no longer having a spleen and therefore undoubtedly more exposed. Don't stress about ticks."

Last year, Professor Epelboin returned to eleven cases of alpha-gal – an allergy to meat which could be caused by a tick bite. However, he tempered: “Our results do not clearly confirm that tick bites are the cause of this allergy, but all the patients reported being regularly exposed to these arthropods. For him, the main problem posed by ticks for the population is “the inconvenience caused by their bites”.

This article is from the Regional Health Agency's Newsletter. You can subscribe by filling out the following form: https://forms.sbc28.com/5a8bed50b85b5350ef1cd117/t13M7zUZQi2XMq5E3DdnhQ/0WQoeDwjRXqJblCpKbLDzA/form.html
 

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