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Infos citoyennes

21/12/22
Médiateurs en santé dans les territoires de l'intérieur : la force de l'accompagnement et du réseau

Dix-sept médiateurs en santé associatifs et hospitaliers se sont retrouvés à Cayenne du 7 au 9 décembre dans le cadre du Plan d’accompagnement et de formation des médiateurs (PAFM) des territoires de l’Intérieur. Fin octobre, Rachel Merlet, directrice d’ADER Guyane, est intervenue au Sommet mondial de la santé mentale organisé à Rome pour présenter le programme et montrer comment l’intervention et la mise en réseau de ces professionnels peut avoir un impact sur le bien-être des habitants.

La médiation en santé, c’est peut-être le Pr Mathieu Nacher qui la définit le mieux : « C’est donner les mêmes chances aux personnes malades, quelle que soit leur localisation, quelle que soit leur culture. » Dans un territoire multiculturel et vaste comme la Guyane, elle prend tout son sens. Début décembre, dix-sept médiateurs en santé, travaillant tous dans les communes de l’intérieur, étaient réunis à Cayenne. Au programme : ateliers de travail sur la place des médiateurs dans la réponse au Covid, évaluation des trois premières années du PAFM et analyses de pratiques. L’occasion d’échanger sur leur métier, sur les situations qu’ils rencontrent, sur la difficile distinction entre vie professionnelle et vie privée quand on est issu de la communauté que l’on aide à prendre en main sa santé.

« Les retours de la population sont très positifs »

Lionel Amato connaît bien ces situations. Cela fait dix-huit ans qu’il travaille au centre délocalisé de prévention et de soins (CDPS) de Grand-Santi, commune où il est né. D’abord comme agent de services hospitaliers (ASH). « Je faisais le secrétaire, l’aide logistique… » Et il répondait beaucoup aux questions des patients, assurait régulièrement des traductions avec les professionnels de santé. « Ça a duré quinze ans. Ça ne me plaisait plus. Il n’y avait aucune perspective d’évolution », se souvient-il. Il postule ailleurs, fait connaître son envie de démissionner. Le Dr Paul Brousse, ancien coordinateur médical des CDPS, le croise lors d’une visite à Grand-Santi. Il lui annonce le recrutement à venir de médiateurs en santé. Ce que Lionel Amato faisait déjà en partie. « Il m’a dit : Il ne faut pas que tu partes, tu es une personne ressource à Grand-Santi. Il m’a rassuré. » L’affaire traîne encore quelques mois, le temps de boucler le financement et Lionel Amato devient médiateur en santé du CDPS. Depuis, il a rejoint l’Emspec, l’équipe mobile de santé publique en commune (lire la Lettre pro du 7 avril 2021).

« Les patients, je les connais tous »

Eloïse Palassissi est quant à elle devenue médiatrice au CDPS de Trois-Sauts il y a un an. « Quand j’ai raté mon bac, je suis rentrée. J’ai effectué un service civique au PAG (Parc amazonien). A la fin du contrat, Françoise Armanville (qui coordonne alors les médiateurs des CDPS) m’a parlé du poste. Je ne savais pas comment fonctionnait un dispensaire ! » Son quotidien ? « Le matin, les patients viennent me voir pour savoir si leur CMU (couverture maladie universelle) ou leurs droits sociaux sont à jour. Je leur explique les ordonnances des médecins, quand ils doivent prendre les médicaments. Je traduis pendant les consultations. Je parle aussi avec ceux qui ont des soucis. Je les connais tous. Quand je sais que la pirogue médicale vient à Trois-Sauts, avec la sage-femme, le pédiatre, le gynécologue et parfois d’autres spécialistes, je prends ma propre pirogue pour le faire savoir dans les autres villages, qui se trouvent parfois à deux heures. Je le fais savoir aux habitants et c’est souvent moi qui fixe les rendez-vous. Quand il y a une évacuation sanitaire à Cayenne, la famille me sollicite pour avoir des nouvelles. Au début, les habitants ne venaient pas me voir. Maintenant, ils ont confiance. Parfois, ils n’osent pas dire au médecin qu’ils ont mal. Ils m’en parlent en premier. D’autres viennent me voir parce qu’ils ont des idées noires dans la tête. Je leur parle. Si je n’y arrive pas, j’en parle au médecin, à l’infirmière ou à une médiatrice de Cayenne. »

Les rencontres régulières des médiateurs du PAFM, à Maripasoula, St Georges ou Cayenne, permettent de faire vivre et accompagner un réseau de professionnels qui vivent des situations complexes et similaires, chacun dans leur bourg ou leur village.

« Rendre la population autonome en matière de santé »

Cette relation toute particulière avec la population, sur ce sujet de préoccupation majeur qu’est la santé, a son revers : les médiateurs sont parfois sollicités à toute heure et au-delà de leurs missions. A Trois-Sauts, Eloïse Palassissi se souvient d’habitants venus la chercher en pleine nuit pour aller récupérer une victime d’un accident de chasse. Uluwalipo Apina, médiateur au sein de l’association ADER Guyane à Maripasoula, ne compte plus les appels sur son téléphone personnel : « En territoire wayana, nous nous connaissons presque tous. Il y a toujours un ami qui va donner notre numéro pour qu’on nous appelle. Nous sommes des personnes de confiance. On connaît celles qui ont des problèmes. Quand on leur dit Bonjour, c’est là parfois qu’on va repérer celle qui est en crise suicidaire. » Autant de problématiques traitées et travaillées dans le cadre du PAFM, pour permettre aux médiateurs de fixer le cadre et les limites.

« Le médiateur est identifié par la population, souligne Edouarli Forte, coordinatrice de l’association DAAC Guyane à Saint-Georges et future formatrice. A Saint-Georges, nous n’avons pas de prénom. On nous appelle DAAC. Notre premier rôle est de créer du lien entre la population et les professionnels de santé. On connaît les techniques, les mots qu’il faut employer. Nous sommes là pour que les habitants deviennent autonomes en matière de santé. Mais il y en aura toujours qui ne savent pas comment faire. Nous sommes là pour les préparer, les aider, les orienter. 


Seventeen health mediators from associations and hospitals met in Cayenne from December 7 to 9 as part of the support and training plan for mediators (PAFM) in the interior territories. At the end of October, Rachel Merlet, Director of ADER Guyane, spoke at the World Mental Health Summit held in Rome to present the program and show how the intervention and networking of these professionals can have an impact on the well-being of the inhabitants. .

Health mediation is perhaps Professor Mathieu Nacher who defines it best : “ It means giving the same chances to sick people, regardless of their location, whatever their culture. » In a multicultural and vast territory like Guyana, it takes on its full meaning. At the beginning of December, seventeen health mediators, all working in the municipalities of the interior, met in Cayenne. On the program: workshops on the place of mediators in the response to Covid, evaluation of the first three years of the PAFM and analyzes of practices. The opportunity to discuss their profession, the situations they encounter, on the difficult distinction between professional life and private life when you come from the community that you help take charge of your health.

 The feedback from the population is very positive 

Lionel Amato knows these situations well. He has been working at the delocalized prevention and care center (CDPS) in Grand-Santi, the town where he was born, for eighteen years. First as a hospital service agent (ASH). « I was the secretary, the logistical help… » And he answered a lot of questions from patients, regularly provided translations with health professionals. “It lasted fifteen years. I didn't like it anymore. There was no prospect of evolution,” he recalls. He applies elsewhere, makes known his desire to resign. Dr. Paul Brousse, former medical coordinator of the CDPS, meets him during a visit to Grand-Santi. He announces the upcoming recruitment of health mediators. Part of what Lionel Amato was already doing. “He said to me: You must not leave, you are a resource person in Grand-Santi. He reassured me. » The case dragged on for a few more months, the time to complete the financing and Lionel Amato became health mediator for the CDPS. (read the Professional Letter of April 7, 2021).

 

"Patients, I know them all"

Eloïse Palassissi became a mediator at the Trois-Sauts CDPS a year ago. “When I failed my baccalaureate, I came back. I did a civic service at the PAG (Amazonian Park). At the end of the contract, Françoise Armanville (who then coordinated the CDPS mediators) told me about the position. I didn't know how a dispensary worked! » His daily life? “In the morning, patients come to see me to find out if their CMU (universal health coverage) or their social rights are up to date. I explain to them the prescriptions of the doctors, when they must take the drugs. I translate during consultations. I also speak with those who have concerns. I know them all. When I know that the medical canoe is coming to Trois-Sauts, with the midwife, the pediatrician, the gynecologist and sometimes other specialists, I take my own canoe to let others know. villages, which are sometimes two hours away. I let the locals know and it is often me who sets the appointments. When there is a medical evacuation in Cayenne, the family asks me for news. At the beginning, the inhabitants did not come to see me. Now they have confidence. Sometimes they dare not tell the doctor that they are in pain. They tell me first. Others come to see me because they have dark thoughts in their heads. I speak to them. If I can't, I talk to the doctor, the nurse or a mediator in Cayenne. »

The regular meetings of PAFM mediators, in Maripasoula, St Georges or Cayenne, make it possible to support and support a network of professionals who experience complex and similar situations, each in their town or village.

  Making the population self-sufficient in terms of health 

This very special relationship with the population, on this major subject of concern that is health, has its downside: mediators are sometimes called upon at all times and beyond their missions. In Trois-Sauts, Eloïse Palassissi remembers residents coming to pick her up in the middle of the night to pick up a victim of a hunting accident. Uluwalipo Apina, mediator with the ADER Guyana association in Maripasoula, has lost count of the calls on his personal phone: “In Wayana territory, we almost all know each other. There is always a friend who will give our number so that we can be called. We are trustworthy people. We know those who have problems. When we say hello to them, it is sometimes there that we will spot the one who is in a suicidal crisis. » So many issues dealt with and worked on within the framework of the PAFM, to allow the mediators to set the framework and the limits.

“ The mediator is identified by the population, underlines Edouarli Forte, coordinator of the DAAC Guyane association in Saint-Georges and future trainer. In Saint-Georges, we don't have a first name. We are called DAAC. Our first role is to create a link between the population and health professionals. We know the techniques, the words to use. We are there so that the inhabitants become autonomous in terms of health. But there will always be those who don't know how to do it. We are here to prepare them, help them, guide them. 

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