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Infos citoyennes

28/07/23
Chirurgie du ptérygion : nous avons suivi une opération !

Depuis le début de l’année, le Dr Max Gérard réalise la chirurgie du ptérygion dans le bloc opératoire de son cabinet d’ophtalmologie. Une première en France, rendue possible dans le cadre de l’article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018.

Il est 13 heures, en ce mardi après-midi de début de grandes vacances. Edna* patiente dans la salle d’attente du Dr Max Gérard, ophtalmologiste à Cayenne. Cette Kouroucienne de 57 ans doit se faire opérer du ptérygion, une tumeur bénigne qui pourrait toucher 12 % de la population adulte de Guyane. « J’ai des problèmes aux yeux, depuis bien deux ans, témoigne-t-elle. Je fais des ménages et je m’occupe d’enfants. Quand je regarde quelque chose, je vois double. Par endroit, je ne vois pas du tout. J’ai besoin de mes deux yeux pour me déplacer ! J’ai vu le Dr Gérard et il m’a proposé l’opération. » Si Edna avance sans hésiter vers la salle d’opération du centre médical Iris où doit être traité son œil droit, c’est que fin mai, elle a déjà fait l’œil gauche !

Ces opérations réalisées en cabinet de ville sont une première en France. Et c’est en Guyane que cela se passe. Ce qui est courant chez les chirurgiens-dentistes est encore inédit dans d’autres spécialités comme l’ophtalmologie. Le Dr Max Gérard a pu lancer cette innovation début janvier, grâce à la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 (lire la Lettre pro du 17 novembre 2021). Elle a introduit, en son article 51, un dispositif permettant d’expérimenter de nouvelles organisations en santé reposant sur des modes de financement inédits. Et ce, dès lors que ces nouvelles organisations contribuent à améliorer le parcours des patients, l’efficience du système de santé, l’accès aux soins ou encore la pertinence de la prescription des produits de santé. Dans ce cas, la dérogation permettant la réalisation d’actes opératoires en dehors d’un établissement de santé, a été validée par la Haute Autorité de Santé. (avis favorable de la HAS le 26 juillet 2021)

« Les mêmes exigences qu’un bloc opératoire d’un établissement de santé»

Eric, un Cayennais de 45 ans, est le prochain a passé sur la table d’opération, cet après-midi-là. « Je suis chauffeur-livreur. Je roule tout le temps et c’est surtout le soir que je ne vois pas bien. » Il a réalisé sa consultation préopératoire cinq jours plus tôt et n’a « pas hésité : C’est pour ma santé. » Dans le bloc opératoire aménagé à l’arrière du cabinet d’ophtalmologie, le Dr Gérard est accompagné d’une infirmière et d’une assistante médicale. Olivier s’installe. Quelques gouttes dans les yeux pour préparer l’anesthésie. Ça pique un peu. Il ne sentira plus rien jusqu’à ce qu’on lui retire les adhésifs qui lui maintenaient la tête droite, vingt minutes plus tard. « Nous nous soumettons aux mêmes exigences de sécurité qu’un bloc opératoire d’établissement de santé. Ainsi, on a une maîtrise totale de l’environnement. Et, bien que non obligatoire pour la chirurgie oculaire, nous avons rajouté un flux laminaire afin de répondre aux normes les plus élevées exigées pour la chirurgie orthopédique ou cardiaque »

L’opération proprement dite commence. Le Dr Gérard retire déjà le ptérygion, qui forme comme une pellicule qui recouvre l’œil. Il n’existe pas de traitement médical. Seul le traitement chirurgical peut ôter cette pathologie dont l’évolution naturelle est une augmentation de sa taille par poussées. Sans gravité au début, elle peut laisser des séquelles optiques définitives, même après chirurgie, dans ses formes évoluées. Sa prévalence en Guyane n’est pas connue mais des études réalisées dans des régions équatoriales du Brésil ont conclu à 12 % de la population adulte impactée, soit un habitant sur huit. Ses principaux facteurs étant l’exposition au soleil, aux embruns et aux poussières, la Guyane n’est pas épargnée. Sur le fleuve, la plupart des piroguiers en souffrent.

Le prélèvement, comme ceux des autres patients, sera confié au service d’anatomopathologie du Centre Hospitalier de Cayenne (CHC) pour éliminer les diagnostics différentiels plus graves. Une convention lie le cabinet du Dr Gérard à l’hôpital public. Pour l’analyse des ptérygions. Mais aussi en cas d’urgence. Le centre d’entraînement aux soins d’urgence (CESU) a étudié les éventuels problèmes de sécurité et a formé le personnel du cabinet, le temps de trajet du Samu a été mesuré… « C’est un partenaire indispensable », salue le Dr Gérard.

Deux cents opérations la première année

L’opération se poursuit avec l’élimination des résidus de ptérygions notamment dans la région limbique, la section de la tenon sous jacente, et la prise d’un greffon conjonctival supérieur, « pour éviter les récidives » ». Elle se termine avec la rotation du greffon dans la zone d’exérèse du ptérygion et la suture de celui-ci à la conjonctive adjacente. « Les fils vont gêner pendant quarante-huit heures sous la paupière, puis ça ira », prévient le Dr Gérard. Cela fait un peu plus de vingt minutes qu’Olivier est dans le bloc. Il est temps de retirer les adhésifs qui lui maintiennent la tête…

« L’idée, c’est que le patient passe le moins de temps sur place, poursuit le Dr Gérard. On a une check-list de la HAS, que nous avons pu personnaliser. Tout ça, ce sont des réunions préparatoires, des procédures, des formations. Avec l’idée qu’on ne pose pas dix fois la même question au patient, comme cela se passe en établissement de santé, car le patient est pris en charge par une succession d’équipes différentes (administratives à l’entrée, puis dans le service de chirurgie ambulatoire, puis dans le bloc).. Et à chaque fois, le patient va devoir décliner à chaque membre de chaque équipe, son identité, l’acte, le coté et le nom du chirurgien. Cette répétition finit par inquiéter le patient, celui-ci s’interrogeant sur la connaissance réelle des soignants de l’acte qu’il doive réaliser sur lui-même. Le fait que le patient constate que c’est la même équipe assistante médicale et d’infirmière qui l’a vue en consultation et qui maintenant le reçoit au bloc ; cela le rassure.»

Le patient reviendra le lendemain, pour s’assurer qu’il n’y a pas d’infection. Puis dans une semaine, pour vérifier la vitalité du greffon. Et un mois plus tard à J30 pour s’assurer que tout s’est bien passé et effectuer un contrôle de la vision. Au cours des six premiers mois de l’année, 80 patients ont bénéficié d’une opération. L’objectif est d’en avoir opéré 200 au cours de cette année d’expérimentation.

*Le prénom a été modifié.


Since the beginning of the year, Dr Max Gérard has been performing pterygium surgery in the operating room of his ophthalmology practice. A first in France, made possible in under Article 51 of the Social Security Financing Act for 2018.

It's 1 p.m. on this Tuesday afternoon when the long vacation begins. Edna* patient in the waiting room of Dr Max Gérard, ophthalmologist in Cayenne. This 57-year-old Kouroucienne must have surgery for the pterygium, a benign tumor which could affect 12% of the adult population of Guyana. “ I have had problems with my eyes for a good two years, she testifies. I do housework and take care of children. When I look at something, I see double. In places, I can't see at all. I need both eyes to move around! I saw Dr Gérard and he offered me the operation. » If Edna goes without hesitation to the operating room of the Iris medical center where her right eye is to be treated, it is because at the end of May, she has already had her left eye done!

These operations carried out in a city office are a first in France. And it is in Guyana that this is happening. What is common among dental surgeons is still unheard of in other specialties such as ophthalmology. Dr Max Gérard was able to launch this innovation in early January, thanks to the social security financing law for 2018 (read the Pro Letter of November 17, 2021). It introduced, in its article 51, a device allowing experimentation with new health organizations based on new methods of financing. And this, when these new organizations contribute to improving the patient journey, the efficiency of the health system, access to care or the relevance of the prescription of health products. In this case, the derogation allowing the performance of surgical procedures outside a health establishment has been validated by the Haute Autorité de Santé. (favorable opinion from the HAS on July 26, 2021)

“The same requirements as an operating theater in a healthcare facility”

Eric, a 45-year-old man from Cayen, was next on the operating table that afternoon. “I am a delivery driver. I ride all the time and it's especially at night that I can't see well. » He had his preoperative consultation five days earlier and “didn’t hesitate: It’s for my health.” In the operating theater set up behind the ophthalmology practice, Dr Gérard is accompanied by a nurse and a medical assistant. Oliver settles down. A few drops in the eyes to prepare the anesthesia. It stings a bit. He wouldn't feel a thing until the tapes holding his head up were removed twenty minutes later. “We submit to the same safety requirements as an operating theater in a healthcare establishment. Thus, we have total control of the environment. And, although not mandatory for eye surgery, we have added laminar flow to meet the highest standards required for orthopedic or cardiac surgery”

The actual operation begins. Dr. Gérard already removes the pterygium, which forms like a film covering the eye. There is no medical treatment. Only surgical treatment can remove this pathology, the natural evolution of which is an increase in its size by flare-ups. Although not serious at first, it can leave permanent optical sequelae, even after surgery, in its advanced forms. Its prevalence in Guyana is not known, but studies carried out in equatorial regions of Brazil have concluded that 12% of the adult population is affected, i.e. one inhabitant in eight. Its main factors being exposure to the sun, spray and dust, Guyana is not spared. On the river, most canoeists suffer from it.

The sample, like those of other patients, will be entrusted to the anatomopathology department of the Cayenne Hospital Center (CHC) to eliminate more serious differential diagnoses. An agreement binds Dr Gérard's office to the public hospital. For the analysis of pterygium. But also in case of emergency. The emergency care training center (CESU) studied possible security problems and trained the practice staff, the travel time of the Samu was measured… “It is an indispensable partner”, salute Dr. Gérard.

Two hundred operations in the first year

The operation continues with the elimination of pterygium residues, particularly in the limbic region, the section of the underlying tenon, and the taking of a superior conjunctival graft, "  to avoid recurrences » ". It ends with the rotation of the graft in the excision area of the pterygium and the suturing of it to the adjacent conjunctiva. “The threads will get in the way for forty-eight hours under the eyelid, and then it will be fine,” warns Dr. Gerard. Olivier has been in the block for a little over twenty minutes. It's time to remove the adhesives that hold his head...

  The idea is that the patient spends the least amount of time on site, continues Dr. Gérard. We have a HAS checklist, which we were able to customize. All that is preparatory meetings, procedures, training. With the idea that the patient is not asked the same question ten times, as happens in a health establishment, because the patient is cared for by a succession of different teams (administrative at the entrance, then in the ambulatory surgery department, then in the block). And each time, the patient will have to tell each member of each team his identity, the act, the side and the name of the surgeon. This repetition ends up worrying the patient, who wonders about the real knowledge of the caregivers of the act he must perform on himself. The fact that the patient realizes that it is the same team of medical assistants and nurses who saw him in consultation and who now sees him in the operating room; that reassures him.”

The patient will come back the next day to make sure there is no infection. Then in a week, to check the vitality of the graft. And a month later at D30 to make sure everything went well and perform a vision check. In the first six months of the year, 80 patients underwent surgery. The objective is to have operated 200 during this year of experimentation.

*Name has been changed.

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