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Infos citoyennes

09/08/23
Transport aérien : pour les CDPS, les difficultés ne sont pas terminées

La compagnie Air Guyane a été placée en liquidation judiciaire avec poursuite d’activité pendant deux mois, mercredi 2 août par le tribunal mixte de commerce de Pointe-à-Pitre. Les salariés, en grève depuis le 14 juillet, ont repris le travail. Les professionnels de santé des communes de l’intérieur ont dû s’adapter pour assurer la prise en charge des patients et des femmes enceintes. Les semaines à venir promettent de rester compliquées.
 

La scène se déroule il y a une quinzaine de jours. EDF envoie des techniciens à Maripasoula en hélicoptère avec une compagnie privée : Air Guyane était en grève depuis le 14 juillet. L’aéronef devant revenir à vide à Cayenne, l’hôpital de Cayenne en profite pour faire embarquer cinq femmes enceintes. Dans le jargon du Centre Hospitalier de Cayenne (CHC), on les appelle les « AMH », pour « Accouchement en Milieu Hospitalier » : ces parturientes, sans pathologies de la grossesse, sont hébergées au sein de l’hôpital en attente d’accouchement car leurs lieux de vie sont trop éloignés de la maternité la plus proche. Elles arrivent, en général, un mois avant le terme prévu.

Cet épisode illustre les acrobaties – aériennes – que doivent réaliser les professionnels de santé en raison des difficultés de la seule compagnie assurant des lignes régulières vers Maripasoula, Grand-Santi, Saül et Camopi. Envoyer des soignants en mission sur place, rapatrier des femmes enceintes en prévision de leur accouchement, faire venir des patients pour une consultation ou une hospitalisation, les ramener chez eux à leur sortie de l’hôpital, acheminer du matériel, des médicaments ou, actuellement, les équipements des futurs hôpitaux de proximité : tout est devenu plus compliqué avec la succession des pannes d’avion, de la grève des personnels et, désormais, des incertitudes liées à la liquidation judiciaire.

« Je ne vois pas comment on pourra reprendre une activité normale en août, constate Charlotte Lacroix, responsable logistique des centres délocalisés de prévention et de soins (CDPS). On ne sait pas comment Air Guyane va prioriser les passagers. » Qui montera en premier dans les avions ? Les passagers qui ont réservé leur billet ? Ceux dont le vol a été annulé en juillet ? Les malades ? Fin août et début septembre, au moment de la rentrée des classes, les élèves des communes de l’intérieur poursuivant une scolarité sur le littoral auront des places réservées.

Un surcoût de 72 000 euros

Depuis la mi-juillet, les CDPS utilisent les hélicoptères et les bimoteurs pour leurs besoins : ceux des compagnies privées, le Dragon de la Sécurité civile, ceux de la gendarmerie nationale ou de l’armée. « On optimise les hélicos. On glisse du fret sous les sièges, dans les coffres. On profite aussi d’avoir beaucoup de fret qui part en pirogue pour équiper les futurs hôpitaux de proximité pour en ajouter. » D’ici au 1er septembre, Charlotte Lacroix a calculé que la facture d’hélicoptères et de bimoteurs s’élèvera à 72 000 euros.

Tout n’est pas réglé pour autant : « Certains patients ne se présentent pas alors qu’on leur a programmé des places : il y a une telle incertitude qu’ils sont réticents à venir à Cayenne, de crainte de ne pas pouvoir retourner chez eux », illustre la responsable logistique. Dans ces conditions, les services de l’hôpital de Cayenne sont impactés : « Si les patients ne peuvent pas sortir d’hospitalisation faute de pouvoir rentrer chez eux, les services sont vite saturés. Quand on fait venir un patient pour une consultation ou une hospitalisation, il faut qu’on suive son parcours, pour organiser son retour. » S’agissant des AMH, la CHC a déjà calculé qu’il doit en faire venir au moins 35 d’ici à la mi-septembre. Soit sept hélicoptères. « Et une femme enceinte qui vient pour un mois a besoin de beaucoup plus de bagages que le patient qui vient pour deux jours d’hospitalisation. Il faut donc coordonner son hélicoptère et la pirogue qui achemine ses bagages. » Certaines parturientes semblent avoir renoncé au voyage, ces dernières semaines : une petite hausse des accouchements à domicile a été constatée sur le Haut-Maroni.

Les professionnels doivent s’adapter

Les patients ne sont pas les seuls touchés par les difficultés d’Air Guyane. « Certains professionnels sont hyper conciliants », souligne Charlotte Lacroix, la responsable logistique des CDPS, qui relate des trajets de seize heures pour rejoindre Maripasoula depuis Cayenne par la route puis la pirogue. Sur l’Oyapock, les spécialistes et les personnels des CDPS ont dû se déplacer en pirogue exclusivement. Si les deux missions de pédiatrie et de psychiatrie au bourg de Camopi ont été maintenues, une seule a eu lieu à Trois-Sauts, en juillet. Une mission de sages-femmes, programmée cette semaine dans le village, a été annulée.

Sur le Maroni, les trois missions de diabéto-endocrinologie, pédiatrie et infectiologie se sont tenues. « Mais au lieu de se rendre à Maripasoula et à Papaïchton, le médecin et l’interne n’ont fait qu’une commune à chaque fois », relate Charlotte Lacroix. L’hôpital doit également organiser les rotations des professionnels des CDPS, nombreuses en cette période de congés. « On essaie de les emmener en hélicoptère, mais ceux qui partent pour un contrat de cinq ou six mois emmènent beaucoup de fret, vu les difficultés à s’approvisionner sur place. »

Les CDPS ne sont pas les seuls à avoir dû se réorganiser. Ces dernières semaines, l’Agence Régionale de Santé a dû aider la pharmacie de Maripasoula et son grossiste-répartiteur à trouver de la place dans des hélicoptères, pour acheminer des médicaments. Chez Rainbow, qui gère l’hospitalisation à domicile (HAD) à Maripasoula, les professionnels de santé ont dû rejoindre la commune en pirogue. Une option plus difficile à mettre en œuvre lorsque le niveau du fleuve sera plus bas : de nombreux piroguiers refuseront alors de transporter les personnels entre Grand-Santi et Maripasoula, en raison de la dangerosité des sauts. Ces derniers jours, la grève ayant été levée chez Air Guyane, le travail et les rotations ont pu reprendre et répondre à une partie des besoins.

Schéma aérien : où en est-on ?

Un hélicoptère disponible 365 jours par an pour tous les transports commandités par le Smur et pour les professionnels de santé, un avion sanitaire dédié pour les évacuations sanitaires vers les Antilles et intra-Guyane et une plateforme territoriale d’appui (PTA) pour organiser tous ces transports. Le tout articulé avec les autres types de transport (pirogue, route…) Voici ce que prévoit le schéma aérien rédigé par l’Agence Régionale de Santé. Il a été transmis au ministère de la Santé qui en a validé le principe et en étudie le financement.

Le SAMU 973 dispose d’un moyen héliporté ponctuel pour assurer ses missions dans les espaces les plus reculés de Guyane et certains transferts inter hospitaliers. Depuis plus d’un an, le CHC fonctionne hors marché suite à une décision du tribunal administratif ayant rendu caduque le résultat du précédent appel d’offre.

Dans le prochain marché, qui doit débuter en septembre 2025, un hélicoptère sera disponible tous les jours pour le Samu, le transport de professionnels de santé et de patients vers Saint-Laurent du Maroni et les communes de l’intérieur dotées d’une hélisurface. L’hôpital de Cayenne a reçu un financement de l’ARS pour les réhabiliter.

L’avion sanitaire est attendu un an plus tard. Il effectuera les évacuations sanitaires intra Guyane. Il bénéficiera également aux personnels médicaux ou au fret dit « urgent » ou sensible (médicaments, échantillon de sang…), cette nouvelle organisation doit permettre de réduire les délais, de renforcer l’attractivité médicale et bénéficier aux patients. La Guyane est le seul territoire ultramarin à ne pas en être doté d’avion sanitaire. Les évacuations sanitaires vers l’Hexagone et les Antilles se poursuivront selon les modalités actuelles.

Enfin, une plateforme territoriale d’appui (PTA) sera mise en place. Cette PTA prendra toutes les commandes de transport aérien et se chargera de planifier les vols (y compris ceux du Samu), suivra les missions, assurera le reporting et la facturation. Elle disposera d’une autonomie de gestion et assurera la passation des marchés. Elle se chargera également des relations avec les tiers : CTG, préfecture, Aviation civile, gestionnaires d’aéroports, etc.


Air Guyane was placed in compulsory liquidation with continuation of activity for two months, Wednesday August 2 by the mixed commercial court of Pointe-à-Pitre. employees, on strike since July 14, have returned to work. Health professionals in inland municipalities have had to adapt to provide care for patients and pregnant women. The coming weeks promise to remain complicated.

The scene takes place a fortnight ago. EDF is sending technicians to Maripasoula by helicopter with a private company: Air Guyane had been on strike since July 14. The aircraft having to return empty to Cayenne, the Cayenne hospital took the opportunity to board five pregnant women. In the jargon of the Center Hospitalier de Cayenne (CHC), they are called " AMH ", for "Childbirth in the Hospital" : these parturients, without pregnancy pathologies, are accommodated within the hospital awaiting delivery because their living quarters are too far from the nearest maternity ward. They usually arrive a month before the due date.

This episode illustrates the acrobatics – aerial – that health professionals have to perform because of the difficulties of the only company providing regular lines to Maripasoula, Grand-Santi, Saül and Camopi. Send healthcare workers on site, repatriate pregnant women in anticipation of their delivery, bring in patients for consultation or hospitalization, bring them home when they leave the hospital, transport equipment, medicines or, currently , the equipment of future local hospitals: everything has become more complicated with the succession of plane breakdowns, the staff strike and, now, the uncertainties linked to the judicial liquidation.

" I don't see how we can resume normal activity in August, notes Charlotte Lacroix, logistics manager of the delocalized prevention and care centers (CDPS). It is unclear how Air Guyane will prioritize passengers. ” Who will get on the planes first? Passengers who have booked their ticket? Those whose flight was canceled in July? The sick? At the end of August and beginning of September, at the start of the new school year, pupils from inland municipalities pursuing an education on the coast will have reserved places.

An additional cost of 72 000 euros

Since mid-July, the CDPS have been using helicopters and twin-engine aircraft for their needs: those of private companies, the Civil Security Dragon, those of the national gendarmerie or the army. “We optimize the helicopters. Cargo is slipped under the seats, in the trunks. We also take advantage of having a lot of freight leaving by canoe to equip future local hospitals to add more. » By September 1, Charlotte Lacroix has calculated that the bill for helicopters and twin-engine aircraft will amount to 72 000 euros.

All is not yet settled: “Some patients do not show up even though places have been scheduled for them: there is such uncertainty that they are reluctant to come to Cayenne, fear of not being able to return home”, illustrates the logistics manager. Under these conditions, the services of the Cayenne hospital are impacted: “If patients cannot be discharged from hospital because they cannot return home, the services are quickly saturated. When we bring in a patient for a consultation or hospitalization, we have to follow his journey, to organize his return. » Regarding the AMH, the CHC has already calculated that it must bring in at least 35 by mid-September. That is seven helicopters. “And a pregnant woman who comes for a month needs a lot more luggage than a patient who comes for two days of hospitalization. It is therefore necessary to coordinate his helicopter and the canoe which transports his luggage. » Some parturients seem to have given up on the trip in recent weeks: a small increase in home births has been noted in Haut-Maroni.

Professionals must adapt

Patients are not the only ones affected by Air Guyane's difficulties. “Some professionals are super accommodating,” says Charlotte Lacroix, CDPS logistics manager, who recounts sixteen-hour journeys to reach Maripasoula from Cayenne by road and then by canoe. On the Oyapock, specialists and CDPS personnel had to travel exclusively by canoe. If the two pediatric and psychiatric missions in the town of Camopi have been maintained, only one took place in Trois-Sauts, in July. A midwifery mission, scheduled for this week in the village, has been cancelled.

On the Maroni, the three missions of diabeto-endocrinology, pediatrics and infectiology were held. “ But instead of going to Maripasoula and Papaïchton, the doctor and the intern only made one joint each time ,” says Charlotte Lacroix. The hospital must also organize rotations of CDPS professionals, who are numerous during this holiday period. "We try to take them by helicopter, but those who leave for a contract of five or six months bring a lot of freight, given the difficulties in obtaining supplies locally. 

The CDPS are not the only ones to have had to reorganize. In recent weeks, the Regional Health Agency has had to help the Maripasoula pharmacy and its wholesaler-distributor to find space in helicopters to transport medicines. At Rainbow, which manages home hospitalization (HAD) in Maripasoula, health professionals had to reach the town by canoe. A more difficult option to implement when the river level is lower: many canoeists will then refuse to transport personnel between Grand-Santi and Maripasoula, because of the dangerousness of the jumps. In recent days, the strike having been lifted at Air Guyane, work and rotations have been able to resume and meet some of the needs.

Aerial diagram: where are we?

A helicopter available 365 days a year for all transport sponsored by Smur and for health professionals, a dedicated medical aircraft for medical evacuations to the West Indies and intra-Guyana and a territorial support platform (PTA) to organize all these transports. All articulated with other types of transport (canoe, road, etc.) This is what the aerial plan drawn up by the Regional Health Agency provides. It has been sent to the Ministry of Health, which has validated the principle and is studying its funding.

The SAMU 973 has a one-off helicopter to carry out its missions in the most remote areas of French Guiana and certain inter-hospital transfers. For more than a year, the CHC has been operating off the market following a decision by the administrative court that rendered the result of the previous call for tenders null and void.

In the next market, which should start in September 2025, a helicopter will be available every day for the Samu, the transport of health professionals and patients to Saint-Laurent du Maroni and the towns in the interior equipped with a helipad. The Cayenne hospital received funding from the ARS to rehabilitate them.

The air ambulance is expected a year later. It will carry out medical evacuations within Guyana. It will also benefit medical personnel or so-called “urgent” or sensitive freight (medicines, blood samples, etc.). This new organization should make it possible to reduce delays, enhance medical attractiveness and benefit patients. Guyana is the only overseas territory not to have an air ambulance. Medical evacuations to France and the West Indies will continue according to current procedures.

Finally, a territorial support platform (PTA) will be set up. This PTA will take all the air transport orders and will be in charge of planning the flights (including those of the Samu), will follow the missions, will ensure the reporting and the invoicing. It will have management autonomy and will ensure procurement. It will also take care of relations with third parties: CTG, prefecture, Civil Aviation, airport managers, etc.

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