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04/10/23
Liquidation d’Air Guyane : comment s’organise le secteur de la santé

La liquidation de la compagnie aérienne, la seule qui desservait les communes de l’intérieur, impacte le fonctionnement des CDPS et des hôpitaux, mais aussi de l’HAD Rainbow, de l’officine de Maripasoula et de la Croix-Blanche, ainsi que les missions de l’ARS en matière de contrôle de la qualité de l’eau de consommation et d’enquêtes environnementales. Les hélicoptères et les avions des sociétés privées, ainsi que les pirogues sont sollicités. La Collectivité territoriale pourrait mettre en place une procédure d’urgence afin qu’une nouvelle compagnie aérienne reprenne l’activité dans les prochaines semaines.

La nouvelle que beaucoup redoutaient est tombée vendredi matin. Le tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) a ordonné la liquidation d’Air Guyane, la compagnie qui assurait les lignes aériennes régulières vers Maripasoula, Grand-Santi, Saül et Camopi. Si la Collectivité territoriale (CTG) travaille à une nouvelle délégation de service publique (DSP), il est probable que la situation actuelle se prolonge plusieurs semaines. Les acteurs de la santé n’ont pas attendu vendredi pour s’organiser, puisque les difficultés de la compagnie aérienne ont débuté bien avant les grandes vacances (lire la Lettre pro du 8 août).

L’hôpital de Cayenne doit envoyer du personnel dans les centres délocalisés de prévention et de soins (CDPS), mais également du matériel et des médicaments. Des spécialistes se rendent en mission dans les communes de l’intérieur. Dans l’autre sens, il rapatrie des échantillons pour analyses. Des patients viennent sur le site de Cayenne pour des consultations et/ou des hospitalisations. Des parturientes sont acheminées, en général un mois avant leur terme. Et ces personnes doivent ensuite pouvoir rentrer chez elles. Le transport médicalisé est le moins impacté puisque le Samu 973 dispose d’un moyen héliporté ponctuel pour assurer ses missions, sans avoir recours à Air Guyane.

Le CHC augmente ses rotations d’hélicoptères

Depuis juillet, deux rotations d’hélicoptères privés, de 5 places, sont effectuées chaque semaine vers Maripasoula pour ses personnels et les patients. A compter de cette semaine, le CHC passe à trois rotations hebdomadaires. Le transport jusqu’aux CDPS de Papaïchton, Taluen et Antecume Pata se poursuit par le fleuve. Les patients des CDPS d’Apatou et Grand-Santi sont transférés, comme d'habitude, au centre hospitalier de l’Ouest guyanais (Chog) en pirogue. Les vecteurs aériens effectuent des escales à Saül si besoin. Sur l’Oyapock, le transport fluvial est privilégié. Pour le fret, l’hôpital alterne entre les avions privés et les pirogues. Mais le transport fluvial risque de ne plus être une alternative dans les prochaines semaines, en raison de la baisse du niveau des fleuves.

Le groupe Rainbow Santé, qui propose de l’hospitalisation à domicile (HAD) à Maripasoula, privilégie les avions privés pour acheminer ses professionnels de santé. Le fret est transporté en pirogue. Pour se fournir en médicaments et petit matériel médical, les équipes sur place travaillent également avec l’officine de la commune.

La pharmacie de Maripasoula, la seule sur le Haut et Moyen-Maroni, rencontrait des difficultés depuis plusieurs mois avec Air Guyane. L’approvisionnement a été renforcé, dans la mesure du possible, avant l’arrêt des vols. Le grossiste-répartiteur qui la livre passe désormais par avion ou hélicoptère privé. Pour les médicaments urgents ou sensibles, notamment vis-à-vis de la chaîne du froid, il fera appel à l’état-major interministériel de zone (Emiz) à la préfecture, qui coordonne l’ensemble des besoins exprimés en matière de missions essentielles.

D’importants changements à partir de 2025

De son côté, l’ARS poursuit sa mission de contrôle de la qualité de l’eau de consommation distribuée dans les communes de l’intérieur, ainsi que ses enquêtes environnementales autour des cas de saturnisme. L’agence réalise des prélèvements qui sont transmis à l’Institut Pasteur de Guyane pour analyse. Les délais sont courts puisque les échantillons doivent être acheminés en moins de vingt-quatre heures. Il est donc prévu de faire appel aux sociétés d’hélicoptères, avec une mission cette semaine à Maripasoula et une dans quinze jours à Camopi.

Suite à son appel à projets pour une formation aux gestes qui sauvent, la Croix-Blanche se rend également dans ces communes. L’association envisage de faire appel à une société d’avions privés pour l'envoi de ses formateurs.

A partir de septembre 2025, l’organisation du transport aérien connaîtra d’importants bouleversements. Dans le prochain marché de l’hôpital de Cayenne, un hélicoptère sera disponible pour le Samu, le transport de professionnels de santé et de patients vers Saint-Laurent du Maroni et les communes de l’intérieur dotées d’une hélisurface. Un an plus tard, la Guyane sera dotée d’un avion sanitaire pour les évacuations sanitaires intra-Guyane, le transport de personnels médicaux et le fret urgent ou sensible. Une plateforme territoriale d’appui (PTA) verra le jour au même moment. Elle centralisera toutes les commandes de transport aérien et se chargera de planifier les vols, y compris ceux du Samu

The liquidation of the airline, the only one which served the interior municipalities, impacts the operation of the CDPS and hospitals, but also of the HAD Rainbow, of the Maripasoula and Croix-Blanche pharmacies, as well as the ARS's missions in terms of controlling the quality of drinking water and environmental surveys. Helicopters and planes from private companies, as well as canoes, are used. The local authority could put in place an emergency procedure so that a new airline resumes activity in the coming weeks.

The news that many feared came Friday morning. The commercial court of Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) ordered the liquidation of Air Guyane, the company which operated regular airlines to Maripasoula, Grand-Santi, Saül and Camopi. If the local authority (CTG) works on a new public service delegation (DSP), it is likely that the current situation will continue for several weeks. Health stakeholders did not wait until Friday to organize themselves, since the airline's difficulties began well before the summer holidays (read the Professional Letter of August 8).

The Cayenne hospital must send staff to the delocalized prevention and care centers (CDPS), but also equipment and medicines. Specialists go on mission to inland communities. In the other direction, it repatriates samples for analysis. Patients come to the Cayenne site for consultations and/or hospitalizations. Parturients are transported, generally one month before their term. And these people must then be able to return home. Medical transport is the least impacted since the Samu 973 has a punctual helicopter means to carry out its missions, without having to resort to Air Guyane.

The CHC increases its helicopter rotations

Since July, two rotations of private helicopters, with 5 seats, have been carried out every week to Maripasoula for its staff and patients. Starting this week, the CHC moves to three weekly rotations. Transport to the CDPS of Papaïchton, Taluen and Antecume Pata continues by river. Patients from the Apatou and Grand-Santi CDPS are transferred, as usual, to the West Guiana hospital center (Chog) by canoe. Air carriers make stopovers in Saul if necessary. On the Oyapock, river transport is preferred. For freight, the hospital alternates between private planes and canoes. But river transport may no longer be an alternative in the coming weeks, due to the drop in river levels.

The Rainbow Santé group, which offers home hospitalization (HAD) in Maripasoula, favors private planes to transport its healthcare professionals. The freight is transported by canoe. To obtain medications and small medical equipment, the teams on site also work with the community pharmacy.

The Maripasoula pharmacy, the only one in Haut and Moyen-Maroni, has been encountering difficulties for several months with Air Guyane. Supply was increased, where possible, before flights were stopped. The wholesaler-distributor who delivers it now uses a private plane or helicopter. For urgent or sensitive medications, particularly with regard to the cold chain, he will call on the interministerial zone headquarters (Emiz) at the prefecture, which coordinates all the needs expressed in terms of essential missions.

Important changes from 2025

For its part, the ARS continues its mission of monitoring the quality of drinking water distributed in inland municipalities, as well as its environmental investigations into cases of lead poisoning. The agency takes samples which are sent to the Pasteur Institute of Guyana for analysis. Lead times are short since samples must be sent in less than twenty-four hours. It is therefore planned to call on helicopter companies, with a mission this week to Maripasoula and one in two weeks to Camopi.

Following its call for projects for training in life-saving gestures, the White Cross is also visiting these municipalities. The association plans to use a private aircraft company to send its trainers.

From September 2025, the organization of air transport will experience significant upheavals. In the next Cayenne hospital market, a helicopter will be available for Samu, the transport of health professionals and patients to Saint-Laurent du Maroni and inland towns with a helipad. One year later, Guyana will be equipped with a medical aircraft for intra-Guyane medical evacuations, the transport of medical personnel and urgent or sensitive freight. A territorial support platform (PTA) will be created at the same time. It will centralize all air transport orders and will be responsible for planning flights, including those of the Samu