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Infos citoyennes

15/03/24
Chloroquine, équipes mobiles, autotests : des actions pour contrer le paludisme

Face à la reprise des cas de paludisme depuis octobre, un nouveau fournisseur a été identifié pour livrer de la chloroquine en Guyane. Des équipes mobiles sont en cours de recrutement pour intervenir au plus près des habitants. Des tests de diagnostic rapide seront utilisés en autotest.

Depuis le début de l’année, 200 cas de paludisme ont été diagnostiqués en Guyane. C’est quatre fois plus que pour toute l’année 2022. En l'absence de réaction adaptée, le paludisme peut se réinstaller en Guyane », prévient le Pr Loïc Epelboin, infectiologue au Centre Hospitalier de Cayenne (CHC). La Guyane s’est dotée d’un plan d’élimination du paludisme, conformément aux engagements de la France vis-à-vis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La situation nouvelle provoquée par la recrudescence des cas a contraint les acteurs de la lutte contre paludisme, ARS en tête, à accélérer le déploiement du plan d'actions.

De la chloroquine livrée mardi. En septembre 2022, le laboratoire Sanofi a officialisé l’arrêt de sa production de chloroquine, en raison de ses difficultés à se fournir en principe actif. Les derniers traitements disponibles en Guyane ont périmé en décembre de la même année. L’antipaludique a été remplacé par le Riamet moins bien toléré par certains patients et plus compliqué à prendre. Sollicitée par l’ARS, l’OMS a fourni la liste des fabricants de chloroquine basés dans l’Union européenne et au Panama. Celle-ci a été transmise à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui en parallèle en avait identifié d'autres sur demande de l'ARS via le ministère de la Santé. L'ANSM a tranché en faveur d'une firme installée aux Pays-Bas. La première livraison est arrivée mardi à la pharmacie à usage intérieur (PUI) du CHC, confirme le Dr Sya Passard. "C'est le fruit d'un long processus qui se concrétise", se réjouit le Dr Francky Mubenga, chef du pôle veille et sécurité sanitaire à l'ARS, qui salue le travail d'équipe et la mobilisation des acteurs locaux et nationaux. La semaine prochaine, l’ARS, l’ANSM, la Direction générale de la santé (DGS), la PUI de l’hôpital de Cayenne et l’unité des maladies infectieuses et tropicales (Umit) échangeront sur les modalités d’une simplification des conditions de délivrance de la chloroquine, celle-ci n’étant disponible qu’en accès compassionnel pour l’instant.

Des équipes mobiles sur tout le territoire. Si, ces dernières années, les orpailleurs clandestins étaient les plus touchés par le paludisme, depuis octobre, des cas sont diagnostiqués sur des pistes et dans des zones rurales autour de l’Île-de-Cayenne (piste de Montsinéry-Tonnégrande, villages de Cacao et Favard à Roura, Matoury hors bourg), constate Santé publique France. Quoique sur le littoral, ces secteurs sont souvent éloignés du système de santé. L’ARS va donc financer le recrutement de quatre équipes mobiles palu par la Croix-Rouge (littoral) et l’hôpital de Cayenne (secteurs couverts par les CDPS), ainsi que de médiateurs par l’association Daac (Développement, Animation, Accompagnement, Coopération). Les équipes mobiles – des binômes infirmier-médiateur – proposeront notamment des tests de dépistage rapide du paludisme et des tests rapides G6PD lors des actions de terrain. Ils feront également de l’information et de la sensibilisation de la population. Pour leur part, les médiateurs de Daac organiseront avec les personnes positives leur prise de rendez-vous et leur transport jusqu’à l’hôpital ou jusqu’au CDPS, et vérifieront la bonne prise des traitements.

Des tests de diagnostic rapide en autotest. L’an dernier, des kits d’autodiagnostic et d’autotraitement ont été distribués sur les bases arrière de l’orpaillage clandestin, dans le cadre du projet de recherche Curema. Cette utilisation des tests de diagnostic rapide en autotest n’était possible que dans ce cadre de recherche. Sur la liste des allègements réglementaires mis en avant par l'ARS pour optimiser la lutte contre le paludisme en Guyane figure une dérogation pour les kits Malakit. L’ANSM va accorder une dérogation de trois mois à la Guyane pour poursuivre la distribution aux garimpeiros de ces TDR comme autotest en dehors de tout projet de recherche, en attendant une solution pérenne. L'ARS est fortement mobilisée sur le sujet et continue le plaidoyer pour la levée des freins réglementaires identifiés afin de faciliter les actions et le travail des experts du territoire pleinement investis et déployés sur tous les fronts pour lutter contre le paludisme, précise le Dr Francky Mubenga.

A Favard, coup d’accélérateur pour la prise en charge

Le 16 février, six mineurs ont été testés positifs au paludisme dans le village de Favard, à Roura (lire la Lettre pro du 23 février). La Croix-Rouge française et ses partenaires avaient proposé des tests de diagnostics rapides, lors d’une opération de sensibilisation. Lorsque se produisent de telles situations, les personnes positives sont censées se rendre à plusieurs reprises à l’hôpital de Cayenne pour la prise en charge initiale et l’instauration du traitement par Riamet, le diagnostic du déficit en G6PD, indispensable à la mise en place du second traitement, par primaquine. Ces démarches ne sont pas accessibles quand on vit à plus d’une heure de Cayenne, dont 20 minutes de pirogue ou 5 km de piste. Se posait aussi le problème de l’observance puisque le traitement prévoit la prise de 24 comprimés de Riamet en trois jours au cours de repas gras puis de deux comprimés de primaquine par jours pendant quinze jours. Parmi tous ces patients, « on ne sait pas combien auraient été traités et on peut être sûr qu’aucun n’aurait reçu la primaquine, souligne le Pr Loïc Epelboin, infectiologue au CHC. Il faut que l’on puisse les traiter sur place. » C’est désormais chose faite !

L’équipe mobile santé environnement (EMSE) de la Croix-Rouge, des infirmiers et infectiologues de l’hôpital de Cayenne (Umit et pédiatrie) et une équipe de l’Institut Pasteur (IPG) sont retournés dans le village, qui compte 180 à 185 habitants, les 28 février, 6 et 13 mars. Au cours de ces trois missions, 113 tests ont été réalisés, qu’il s’agisse de tests rapides ou de PCR. La présence de médecins a permis d’organiser la consultation initiale avec instauration du Riamet pour les personnes ayant des tests rapides ou des PCR positifs, puis la consultation de suivi avec délivrance de la primaquine, en partenariat avec la PUI du CHC. Les infirmières libérales Marie et Lucie Malligand, qui interviennent depuis 20 ans à Favard, ont été associées pour réaliser des bilans de suivi et s’assurer de la bonne observance des patients. Les médecins traitants ont également été informés.

« Cette opération a pu être organisée très rapidement avec la Croix-Rouge, l’ARS, l’Umit, la pédiatrie, le centre national de référence de l’Institut Pasteur, la pharmacie et le laboratoire de l’hôpital de Cayenne », se réjouit Margot Oberlis, responsable de l’équipe mobile santé environnement. Entre-temps, l’équipe de démoustication de la CTG est passée et les habitants ont constaté un effet. » Conséquence directe de ces mesures pro-actives, plus aucune PCR réalisée chez les personnes asymptomatiques du village, n’est revenue positive, témoin de l’eeficacité de cette mission contre le paludisme. Des moustiquaires imprégnées ont été distribuées aux personnes testées positives ainsi qu’aux personnes fragiles de leur entourage. Les médiatrices de l’EMSE ont également animé des ateliers sur l’ouverture des droits sociaux. Ces interventions ont enfin permis de retrouver trois personnes testées positives par le passé et qui n’avaient pas reçu de traitement. « Pour nous tous, une telle opération est une bonne base pour mettre en place des actions à une plus grande échelle en Guyane », conclut le Pr Epelboin.

Deux cents accès palustres depuis le début de l’année

La semaine dernière, la Guyane a enregistré son 200e accès palustre de l’année, indique Santé publique France, dans un point épidémiologique diffusé hier. C’est déjà quatre fois plus qu’en 2022. Avec quatorze puis onze accès au cours des deux dernières semaines, SpF note qu’« après une tendance à la baisse en février, l’activité globale liée au paludisme s’est stabilisée à un niveau modéré au cours des deux dernières semaines. » Parmi les deux cents accès enregistrés cette année, 198 étaient dus à Plasmodium vivax, 69% concernaient des patients prélevés dans un laboratoire de biologie médicale, 24% en centre de santé (CDPS) et 8% étaient des militaires.

« Depuis le début de l’année, les contaminations auraient principalement eu lieu sur des pistes et zones rurales du littoral et également en zone périurbaine dans les communes de Roura (villages de Cacao et Favard) et, dans une moindre mesure, Matoury hors bourg », précise SpF.

 

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