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Infos citoyennes

17/01/25
Coqueluche : face à l’intensification de la circulation, la vaccination reste la stratégie la plus efficace

Depuis septembre, le Chog a notifié à l’ARS 16 cas de coqueluche chez des nourrissons et des enfants, dont deux décès, dans un contexte de recrudescence mondiale. Pour faire face à cette épidémie, la stratégie la plus efficace reste la vaccination. Jeudi, l’Agence a réuni le Chog, la PMI, le CLS de Saint-Laurent, la Croix-Rouge et Santé publique France, afin de coordonner le parcours patient. La réunion a également permis d’évoquer les caractéristiques biologiques et cliniques des patients. En raison de la situation, il est recommandé de notifier les cas à l’autorité sanitaire, la coqueluche n’étant pas une maladie à déclaration obligatoire.

« Plusieurs cas de coqueluche responsables de deux décès de nourrissons dans l’ouest guyanais confirment l’intensification de la circulation communautaire de la bactérie. Pour faire face à cette épidémie, la stratégie la plus efficace reste la vaccination », rappelle l’Agence régionale de santé, dans un courrier adressé aux URPS médecins, infirmiers, sages-femmes et pharmaciens, ainsi qu’au conseil départemental de l’Ordre des médecins, au Chog, à la PMI, à la Croix-Rouge française, à la CPTS et au Pr Narcisse Elenga, référent de la filière pédiatrique du CHU de Guyane.

Pour rappel, la politique vaccinale contre la coqueluche repose sur 3 stratégies complémentaires :

  • La primovaccination précoce et obligatoire des nourrissons à partir de l’âge de 2 mois et l’administration de rappels recommandés jusqu’à l’âge adulte ;
  • La vaccination des femmes enceintes dès le second trimestre de grossesse, en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée ;
  • La vaccination des personnes susceptibles d’être en contact étroit avec le nourrisson durant ses 6 premiers mois de vie (stratégie dite du cocooning).

Par ailleurs, la vaccination est également recommandée pour les publics suivants :

  • Les personnes immunodéprimées ou les personnes souffrant d'une maladie respiratoire chronique ;
  • Les professionnels soignants et étudiants des filières médicales et paramédicales ;
  • Les personnes travaillant en contact étroit et répété avec les nourrissons âgés de moins de 6 mois et plus généralement les professionnels de la petite enfance.

Une quinzaine de cas depuis septembre

Depuis le mois de septembre, seize cas de coqueluche chez des nourrissons et des enfants ont été notifiés par le Centre Hospitalier de l’Ouest guyanais (Chog) à l’Agence régionale de santé (ARS). Deux ont entraîné les décès des patients.

La coqueluche n’est pas une maladie à déclaration obligatoire. Au vu du contexte de la recrudescence de la circulation en Europe et dans les Amériques, un signalement à l’autorité sanitaire est recommandé, notamment pour les établissements de santé. Ils permettront un déploiement rapide des mesures de gestion nécessaire : enquête dans l’entourage des cas pédiatriques, orientation vers le médecin pour la vaccination ou la prise en charge.

Jeudi, l’Agence régionale de santé a organisé une réunion de coordination de réponse dans l’Ouest guyanais avec l’ensemble des acteurs impliqués : Chog, service de la Protection maternelle et infantile (PMI), contrat local de santé (CLS) de Saint-Laurent-du-Maroni, Croix-Rouge française, Santé publique France. Des mesures ont été prises pour l’articulation nécessaire entre les différents acteurs afin de garantir un bon parcours de patients. L’un des enjeux est la bonne articulation entre l’hôpital et la PMI, ainsi que la Croix-Rouge, afin que les femmes sortant de la maternité, leur bébé et leur entourage puissent bénéficier de l’offre vaccinale nécessaire.

Une recrudescence à l’échelle mondiale

L’intensification de la circulation de la coqueluche en Guyane est loin d’être un cas isolé. Dans l’Hexagone, la hausse remonte à il y a un an. Le pic semble avoir été atteint en août dernier. La vigilance est maintenue, le nombre de cas étant toujours élevé. A l’échelle continentale, le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies a noté un nombre plus élevé de cas entre le 1er janvier et le 31 mars 2024. La Guyane a donc suivi avec quelques mois de retard.

Cette hausse s’inscrit également dans un contexte régional similaire : recrudescence des cas de coqueluche dans la zone Amérique où le dernier pic épidémique a été observé en 2012 (2014 au Brésil). Au Brésil, le nombre de cas a été multiplié par quatre entre 2023 et 2024. Aux États-Unis, l’augmentation a été de 300 % entre les deux dernières années. En Guyane, aucune épidémie n’a été enregistrée depuis celle de 2005-2006. Les difficultés d’accès à la vaccination, le grand nombre de femmes enceintes et nourrissons et la précarité sont autant de facteurs de vulnérabilité du territoire face à une recrudescence de la coqueluche.

Souche bactérienne, chant du coq : que sait-on de l’épidémie actuelle ?

La coqueluche est une infection respiratoire très contagieuse causée principalement par la bactérie Bordetella pertussis. « La coqueluche est particulièrement contagieuse : 1 personne contaminée transmet la maladie à 15 autres personnes en moyenne, rappelle l’Institut Pasteur. La contamination s’opère par voie aérienne lors de contacts directs avec des personnes infectées. Dans les régions où les enfants n’ont pas été vaccinés, la transmission se fait parmi les enfants. » Ailleurs, elle se fait par les adultes et les adolescents.

La phase d’incubation se caractérise par un écoulement nasal pendant deux semaines environ. Durant la phase paroxystique, la toux sera persistante, sans fièvre dans la majorité des cas. Les quintes sont associées à une reprise inspiratoire difficile. La période de convalescence peut durer plusieurs semaines.

Parmi les cas pris en charge au Chog, le Dr Jean-Bernard Poux, chef de service du laboratoire, a constaté l’association d’une hyperlymphocytose avec une CRP normale. C’était le cas notamment chez les deux nourrissons décédés. Le Dr Crépin Kezza, chef de service des urgences, a relevé l’absence de « chant du coq », cette émission d’un son aigu à la reprise de l’inspiration après une quinte de toux.

Dans un article, l’Institut Pasteur émet plusieurs hypothèses à cette résurgence de la coqueluche :

  • L’absence d’épidémie depuis 2012 et les gestes barrières de la période Covid « ont limité l’exposition à plusieurs virus et bactéries pathogènes », dont la coqueluche. Une plus grande partie de la population est donc naïve par rapport à la bactérie.
  • La souche de la bactérie circulant en 2024 est différente de celle circulant avant la période Covid. Elle semble plus virulente.
  • Enfin, l’Institut Pasteur relève qu’a été identifié « pour la première fois en France depuis 2011, un isolat bactérien résistant aux macrolides, les antibiotiques de première intention utilisés contre la coqueluche ».

 

 

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