Le service d’hépato-gastroentérologie du CHU de Guyane s’est équipé d’une nouvelle colonne d’endoscopie de haute résolution et dotée d’une intelligence artificielle. Elle permet de mieux détecter et caractériser les polypes. Elle est utilisée depuis février.
Avec 3 000 à 3 500 endoscopies par an, dont plus de 1 200 coloscopies, le service d’hépato-gastroentérologie du CHU de Guyane – site de Cayenne est un gros centre. Celles-ci sont notamment utilisées pour la détection du cancer colorectal. Ces derniers mois, l’activité a connu une avancée majeure avec le déploiement de l’intelligence artificielle (IA).
« Depuis février, nous avons une nouvelle colonne d’endoscopie de haute résolution, dotée d’une intelligence artificielle nommée Cad Eye », relate le Dr Paul Ngock, référent de l’endoscopie au sein du service. Elle permet d’améliorer le repérage du cancer colorectal qui demeure « le troisième cancer dans le monde après la prostate et le sein, et la deuxième cause de mortalité par cancer, rappelle le praticien. En France, 48 000 cancers colorectaux sont diagnostiqués chaque année. »
Le Dr Marthe Alogo, hépato-gastroentérologue au CHC, classe l’arrivée de l’IA parmi les grandes évolutions de l’endoscopie, depuis sa naissance en 1970. « A partir des années 1990, nous avons eu l’endoscopie thérapeutique, où nous ne nous contentons plus de regarder. Les endoscopies de haute résolution ont été un grand changement en nous permettant de mieux intervenir. L’IA est la nouvelle évolution », détaillait-elle, au début du mois, lors des journées portes ouvertes du service biomédical du CHC. C’est en particulier le cas pour le repérage du cancer colorectal.
« Notre hantise, c’est le cancer d’intervalle », c’est-à-dire le cancer diagnostiqué plusieurs mois après une coloscopie jugée normale, poursuit le Dr Alogo. « Certains secteurs du colon sont mal exposés et nous pouvons manquer des anomalies. Inversement, il arrive de retirer des polypes inutiles, ce qui augmente le risque de complications et surcharge inutilement le service d’anatomo-cytopathologie. L’IA, grâce à sa base de données mondiale, va confirmer la nature du polype. Nous augmentons ainsi notre capacité à diagnostiquer et à traiter. »
« Selon la nature du polype qu’elle repère, l’IA va envoyer un signal sonore au praticien, explique le Dr Ngock. Sur l’image, le contraste de couleur nous renseignera sur sa nature histologique. Le taux de détection des adénomes passe de 15 à 40 %, alors que la recommandation est d’avoir un taux d’au moins 25 %. Même pour un endoscopiste débutant, la progression sera rapide. Sans remplacer le praticien, l’IA améliore nos conditions de travail, nos chances de détection des adénomes et donc, pour le patient, les chances de prise en charge précoce du cancer colorectal. Or s’il est détecté précocement, le cancer colorectal est curable dans neuf cas sur dix »
Une proctologue au Centre Hospitalier de Cayenne
Le service d’hépato-gastroentérologie du CHU de Guyane a recruté une proctologue. Il s’agit a priori d’une première. Le Dr Eloïse Leclerc est arrivée début mars sur le site de Cayenne. Après des études de médecine en Guadeloupe, à Strasbourg puis à Clermont-Ferrand, deux interCHU et son assistanat, elle a choisi de s’installer en Guyane, pour des raisons familiales. « Cela a toujours été un projet de venir ici. Le but est de développer l’activité. »
Jusqu’à présent – et ils continuent de le faire – la proctologie médicale était assurée par les gastroentérologues et la proctologie chirurgicale par les chirurgiens digestifs. Le Dr Leclerc pratique les deux, après s’être formée auprès du Pr Laurent Siproudhis à Rennes puis au groupement hospitalier Diaconesses Croix Saint-Simon, un centre de gros volume opératoire. Elle est titulaire du DIU de proctologie médicale et chirurgicale de la Société nationale française de colo-proctologie (SNFCP). Elle encadre ainsi la formation d’une de ses consœurs et peut accueillir des internes et des spécialistes souhaitant se former.
Au sein du service d’hépato-gastroentérologie, l’activité est importante. « Les rectorragies représentent en moyenne 20 % de l’activité d’un gastroentérologue », indique le Dr Leclerc. En proctologie médicale, l’activité concerne principalement les hémorroïdes, les fissures anales, les condylomes, les lésions HPV. À ce titre, le Dr Leclerc effectue également des vacations à l’hôpital de jour de l’unité des maladies infectieuses et tropicales. S’agissant de la chirurgie, les interventions concernent principalement les fistules anorectales, les lésions condylomateuses volumineuses, les fissures anales ainsi que les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). « A l’avenir, le but sera de développer, avec les urologues et les gynécologues, la prise en charge des maladies du périnée et les pathologies fonctionnelles.
Les patients qu’elles reçoit sont soit déjà suivis par le service, soit orientés par leur médecin traitant « en particulier pour des bilans en première intention de rectorragie ». La prise en charge débute par une coloscopie avant un traitement instrumental ou chirurgical.
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