Les victimes de violences conjugales peuvent désormais porter plainte à l’hôpital de Cayenne. Un dispositif mis en place pour faciliter les démarches et garantir un cadre sécurisé et confidentiel.
Depuis ce 23 avril, les victimes de violences conjugales peuvent déposer plainte directement au Centre Hospitalier de Cayenne. C’est une avancée majeure dans la lutte contre les violences faites aux femmes, qui a été officialisée lors de la visite d’Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes.
Jusqu’ici, une convention existait déjà entre l’hôpital de Cayenne et les partenaires institutionnels, mais elle ne permettait pas le dépôt de plainte sur place. La limite a été levée. Désormais, les forces de l’ordre peuvent se déplacer directement à l’hôpital pour enregistrer une plainte, sans contraindre la victime à se rendre dans un commissariat ou une gendarmerie.
Une réponse de terrain face à une urgence sociale
« Cette mesure vise à offrir un environnement rassurant pour les femmes victimes de violences. À l’hôpital, elles peuvent s’exprimer à leur rythme, sans avoir à répéter leur récit à plusieurs interlocuteurs, un processus souvent vécu comme une nouvelle épreuve », argumente Aurore Bergé.
Le dispositif s’appuie sur une chaîne claire : lorsqu’une victime se présente aux urgences, elle est d’abord prise en charge selon des protocoles de soins établis. Si des faits de violences sont détectés, un signalement est effectué. Ce n’est qu’à ce moment-là que les forces de l’ordre sont sollicitées et interviennent. La victime, elle, ne se rend à l’unité médico-judiciaire (UMJ) que sur réquisition, afin de respecter au maximum le cadre médical et la confidentialité de la prise en charge.
Un accès facilité à la justice
Cette convention, qui officialise une collaboration entre le Centre Hospitalier de Cayenne, les services de l’État, l’association d’aide aux victimes Kaz Plurielles et les forces de l’ordre, pourrait bientôt s’étendre aux hôpitaux de Kourou et de Saint-Laurent-du-Maroni. Elle s’inscrit dans le cadre du plan gouvernemental « Toutes et tous égaux ».
« La lutte contre les violences faites aux femmes est une responsabilité collective », a martelé Aurore Bergé. La ministre a aussi tenu à rendre hommage aux victimes récentes de féminicides, dont Yasmine Boutin et ses deux fils, ainsi qu’Hélène Tarcy-Cétout, toutes tuées en 2024.
Pour les associations, cette évolution est salutaire. « C’est un outil crucial pour intervenir rapidement, quand les femmes sont le plus vulnérables », souligne Amandine Marchand, directrice des programmes de Kaz Plurielles. Mais elle insiste aussi sur l’importance d’un suivi de qualité rigoureux pour assurer l’efficacité de cette mesure.
Des moyens concrets contre l’isolement
Ce dispositif vient renforcer un ensemble déjà existant de moyens de protection : la ligne d’écoute 3919, disponible 24h/24 et en plusieurs langues, l’aide universelle d’urgence, le recouvrement automatique des pensions alimentaires par l’ARIPA, les téléphones « grave danger » ou encore les bracelets antirapprochement.
« La lutte contre les violences conjugales ne se joue pas seulement à Paris ou dans les grandes villes. Elle concerne toute la société, sur chaque territoire », a conclu la ministre. À Cayenne comme ailleurs, l’objectif reste le même : garantir à chaque femme le droit de vivre libre, en sécurité et dans le respect.
A l’UMJ, les victimes sont des femmes dans 93 % des cas
Début 2022, la thèse de médecine Margaux Fouillet revenait en détails sur les 466 victimes de violences conjugales pour lesquelles un examen médico-légal, au sein de l’unité médico-judiciaire (UMJ) de l’hôpital de Cayenne, a été requis par un officier de police ou de gendarmerie, entre le 1er juin 2019 et le 31 décembre 2020 (lire la Lettre pro du 8 juin 2022).
Ces victimes étaient :
Les violences physiques étaient présentes dans la quasi-totalité des cas (94,8 %), avec des gifles et/ou des coups de poing au visage dans plus de la moitié des cas (59 %). Ces violences ont généralement lieu dans la soirée (38 %), chez la victime (50 %) et avec des enfants comme témoins (59 %). Un retentissement psychologique a été constaté dans chez au moins 82 % des victimes.
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