Malgré une baisse enregistrée par Santé publique France au cours des deux dernières semaines, l’activité liée à la bronchiolite du nourrisson se maintient à un niveau élevé, depuis mai. Cela impacte le pôle femme - enfant du CHU et provoque des tensions sur les ressources humaines, notamment chez les personnels paramédicaux. Une cellule de crise se réunit depuis début juillet, pour y trouver des solutions. Qu’il s’agisse de traitements préventifs ou de mesures à adopter au quotidien, des moyens existent pour se protéger du VRS.
Depuis plusieurs semaines, la bronchiolite se maintient à un niveau élevé, en Guyane. Le pôle femme – enfant du CHU est fortement impacté, notamment sur les sites de Cayenne et Saint-Laurent-du-Maroni. Ce qui provoque des tensions sur les ressources humaines, en particulier chez les personnels paramédicaux. Les infirmières de puériculture sont les plus touchées. « Nous avons une forte affluence d’enfants avec la bronchiolite à VRS et, depuis mardi, avec du Covid, témoigne Eunice Mignot - de Graven, cadre supérieure du pôle femme - enfant du CHU, basée à Kourou. Les places sont rapidement saturées dans les établissements. Et cela dans une période de départs, que ce soit pour congés ou des arrêts maladies parfois provoqués par la hausse d’activité. La situation est très tendue au niveau paramédical. »
À Cayenne et Saint-Laurent-du-Maroni, la plupart des lits de néonatalogie, de réanimation néonatale, de soins intensifs ou de sons continus sont occupés. À Kourou, l’activité a augmenté dans des proportions moindres, mais avec une plus petite capacité. Depuis le 1er juillet, une cellule de crise réunit les trois établissements autour du Pr Narcisse Elenga, chef de pôle femme – enfant du CHU, des directions et de l’Agence régionale de santé. À partir de la semaine prochaine, le dispositif spécifique régionale en périnatalité (DSRP, ex-réseau Périnat) sera associé. « L’ARS nous accompagne également sur les demandes de renfort de la Réserve sanitaire, poursuit Eunice Mignot – de Graven. L’association Actions santé femmes, du Pr Picone, a également été sollicitée. »
Il a été proposé aux personnels en vacances de revenir prêter main forte à leurs collègues. « Certains ont répondu favorablement, se réjouit Eunice Mignot – de Graven. La plateforme (de remplacement) Hublo a permis de récupérer des aides-soignantes et des auxiliaires de puériculture. Saint-Laurent a également bénéficié de l’aide interservices. Par exemple, une infirmière de réanimation adulte a suivi une courte formation mardi et a effectué un remplacement mercredi. » Hier et comme depuis trois ans, une nouvelle rotation de vingt-six volontaires de la Réserve sanitaire est arrivée sur le site de Saint-Laurent-du-Maroni. Elle compte notamment huit infirmiers de pédiatrie ou de néonatalogie. Un renfort bienvenu pour les équipes.
La bronchiolite à un niveau élevé
« L’activité liée à la bronchiolite était en hausse en mai atteignant des niveaux épidémiques à la fin du mois. La tendance récente est à la baisse mais le niveau de circulation des virus et notamment du VRS reste élevé » souligne Santé publique France, dans un bulletin de surveillance épidémiologique diffusé hier.
Cette reprise est observée depuis début mai. « Le pic semble avoir été atteint il y a deux semaines, précise SpF. La fin du mois de juin a été marquée par une activité plus modérée bien qu’une reprise épidémique soit à prévoir entre août et octobre comme cela est observé chaque année. »
Du 23 au 6 juillet, 32 passages aux urgences ont été enregistrés, contre 35 les deux semaines précédentes. Environ les deux tiers concernent le Chog. Depuis le 1er mai, 16 cas graves de bronchiolite ont été enregistrés par le CHC dont 10 infectés par un VRS, 5 par un rhinovirus/entérovirus et 1 par un parainfluenzae. « Les données issues de la surveillance virologique à partir des prélèvements des laboratoires hospitaliers et de médecine de ville ont permis de détecter 100 VRS chez les moins de 2 ans (9 juin au 6 juillet) », poursuit SpF.
S’agissant des autres infections respiratoires aiguës, « une reprise de l’épidémie de grippe est observée depuis fin mai. La tendance est globalement stable mais le niveau de circulation du virus reste élevé : l’épidémie se poursuit », note SpF.
L’activité liée aux diarrhées et globalement modérée et en baisse au cours des deux dernières semaines, tant sur le littoral que dans les communes isolées. L’activité liée à la dengue était faible, avec quatre cas confirmés par semaine, en moyenne. Le nombre d’accès palustres diagnostiqués dans le système de soins demeurait faible, lui aussi.
Comment protéger les nourrissons face au VRS
Deux traitements préventifs sont disponibles pour protéger les nourrissons d’une forme grave de bronchiolite liée à une infection par le VRS :
Enfin, il est à noter la disponibilité du Synagis (palivizumab) pour les prématurés (enfants nés à 35 semaines d’âge gestationnel ou moins et de moins de 6 mois au début de l’épidémie saisonnière de VRS) et les enfants à haut risque (enfants de moins de 2 ans ayant nécessité un traitement pour dysplasie bronchopulmonaire au cours des 6 derniers mois ou atteints d’une cardiopathie congénitale avec retentissement hémodynamique). Ce médicament est disponible dans les établissements de santé, rappelait un message DGS-Urgent, lors de la dernière épidémie.
Abrysvo : pour les femmes enceintes
Le vaccin Abrysvo est destiné aux femmes pendant la grossesse, exclusivement entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée. Il permet de protéger le nourrisson de la naissance jusqu’à l’âge de 6 mois grâce au transfert d’anticorps maternels. Il peut être administré simultanément avec le vaccin contre la grippe.
Beyfortus : Pour qui ? Qui prescrit ? Qui administre ?
Le Beyfortus est destiné à tous les nourrissons. Il peut être prescrit par les médecins et les sages-femmes, tant en ville qu’en établissement de santé. Il peut être administré par les médecins, les infirmiers et les sages-femmes. En maternité, l’immunisation par le médicament Beyfortus peut être proposée à tous les nouveau-nés.
Des fiches mémo éditées par l’Omedit
L’Omedit Nouvelle-Aquitaine – Guadeloupe – Guyane propose deux fiches mémo sur l’immunisation des nouveau-nés et nourrissons contre les bronchiolites à VRS : l’une à destination des professionnels de ville, l’autre pour les professionnels des établissements de santé. Spécialement conçues pour les professionnels de santé, elles sont disponibles sur son site internet. L’Omedit a également édité une fiche mémo sur la vaccination des femmes enceintes par Abrysvo.
Beyfortus et Abrysvo pris en charge par l’Assurance maladie
L’Assurance maladie rappelle sur son site internet que, depuis l’an dernier, elle prend en charge à 100 % le premier vaccin maternel (Abrysvo) contre les infections respiratoires causées par le virus respiratoire syncitial (VRS). « Cette nouvelle prise en charge permet de protéger les nourrissons en vaccinant la mère pendant le huitième mois de grossesse, précise l’Assurance maladie.
En ville, Beyfortus est remboursé par l’Assurance maladie à hauteur de 30 %. Au sein des maternités, il est remboursé à 100 %. Il est indiqué pour l’ensemble des nourrissons, y compris ceux en bonne santé. Il est recommandé en priorité chez les nouveau-nés de moins d’un mois vivant leur première saison d’exposition au VRS.
La stratégie de cocooning
Dans la rubrique Infectio-CRAIG de décembre 2024, le Dr Alessia Melzani, du centre régional en antibiothérapie et infectiologie de Guyane (CRAIG), revenait, en bande dessinée sur la stratégie de cocooning et notamment le vaccin Abrysvo.
Les gestes barrières
Pour freiner efficacement la circulation du virus, il est également important de respecter les gestes barrières. En période de forte circulation, les familles et proches au contact de nouveau-nés sont invités à appliquer des mesures de protection pour limiter les risques de transmission à ces publics fragiles :
A l’hôpital, les sages-femmes libérales en renfort
Depuis plusieurs années, les maternités de Guyane se retrouvent régulièrement en sous-effectif pendant les grandes vacances. C’est le cas actuellement à Cayenne. « Sur un effectif attendu de 70 sages-femmes, nous sommes une cinquantaine, dont certaines à temps partiel », témoigne Vanessa Massol, sage-femme coordinatrice. La raison tient en partie au fait que beaucoup de jeunes diplômées demandent des contrats se terminant en mai ou juin, avant d’en prendre un nouveau en septembre. En outre, le mois d’août voit généralement le nombre de naissances repartir à la hausse.
« En ce mois juillet, des sages-femmes libérales, des sages-femmes de l’HAD, y compris de Kourou, et des sages-femmes du CHU – site de Kourou font des vacations, poursuit Vanessa Massol. Les sages-femmes coordinatrices et coordinatrice de pôle assurent des gardes. D’autres effectuent des heures supplémentaires et sont au-delà de cent cinquante heures par mois. Des agents ont annulé leurs congés ou ont accepté de les reportés. Il nous manque encore quelques gardes, mais on se débrouille. En revanche, en août, nous avons encore plus de mille heures à pourvoir. »
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