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Infos citoyennes

23/07/25
Agressions de professionnels de santé : « Ce sujet n’est plus un tabou »

L’URPS médecins libéraux a présenté son Atlas des agressions de médecins en 2024, jeudi. Si elle n’est pas en mesure de fournir un chiffre exhaustif du phénomène, elle cite des exemples et les motifs avancés par les agresseurs. Elle travaille également à l’organisation d’une caravane de la sécurité à destination de ses confrères de l’hôpital de Cayenne, durant ces grandes vacances. Pour sa part, l’ARS dispose toujours de boutons « Police connectée » à destination des professionnels de santé de Cayenne.

Un médecin de Saint-Laurent menacé par téléphone par un employeur contestant l’arrêt de travail de son salarié. La collaboratrice d’un médecin de ville injuriée, menacée et harcelée à cause d’un rendez-vous jugé trop lointain. L’accompagnant d’un patient qui injurie, menace et lance des propos racistes à un médecin de l’hôpital de Cayenne. Des menaces par arme à feu sur une gériatre de la clinique Saint-Adrien (lire la Lettre pro du 7 juin 2024). Ou encore un patient qui occasionne la fracture d’un doigt d’un médecin à Matoury, estimant sa prise en charge trop lente (lire les Lettre pro des 25 et 29 octobre 2024). Et dans toutes les têtes, le meurtre d’Hélène Tarcy-Cétout, pharmacienne à Saint-Laurent-du-Maroni, le 8 avril 2024.

En présentant son Atlas des agressions de médecins 2024, l’URPS médecins libéraux de Guyane avait d’innombrables exemples à décrire. Leur nombre précis n’est d’ailleurs pas connu. Lors d’une rencontre avec des professionnels de santé, fin juin, le colonel Thierry Crampé, numéro 2 de la gendarmerie de Guyane, avait évoqué « un vrai chiffre noir des agressions (sur les professionnels de santé), parce que par pudeur, manque de temps, vous ne portez pas plainte ».

« Il y a encore une sous-déclaration des agressions et des incivilités sévères », confirme le Dr Jacques Breton, président de l’URPS médecins libéraux. C’est la raison pour laquelle il milite, avec ses confrères, pour la création d’un observatoire régional des violences contre les professionnels de santé. « Cet observatoire, avec un coordinateur salarié, aurait plusieurs objectifs, liste le Dr Jawad Bensalah, référent sécurité de l’URPS médecins libéraux :

  • Gérer la sécurité des professionnels médicaux et paramédicaux, salariés et libéraux, sur tout le territoire ;
  • Travailler sur des actions de prévention ;
  • Accompagner les victimes ;
  • Centraliser toutes les statistiques, alimenter les observatoires nationaux et partager les données avec l’ARS et les hôpitaux. »

Vidéosurveillance : « L’URPS demandera des engagements »

Le Dr Breton se réjouit toutefois que « les comportements des médecins aient évolué lors des agressions en Guyane. L’isolement des professionnels agressés est de plus en plus rare. Ce sujet n’est plus un tabou, tant pour la population que pour tous les responsables politiques et administratifs de la santé dans notre région. » A titre d’exemple, l’URPS cite

  • La campagne de sensibilisation du grand public, qui s’est affichée l’an dernier, « une de nos demandes, concrétisée par l’ARS » ;
  • L’actualisation du formulaire de signalement ;
  • Les formations sécurité organisées pour les professionnels de santé (lire la Lettre pro du 17 juin) ; 
  • La mise en place du dispositif « Police connectée » (lire ci-dessous), cité en exemple dans le Pacte de lutte contre les déserts médicaux du gouvernement

Car l’insécurité dont sont victimes les professionnels de santé impacte l’attractivité du territoire. « Il y a dix ans, qui aurait imaginé que Kourou manque de médecins ? », se demande le Dr Breton. A l’approche des élections municipales de 2026, il annonce que l’URPS exigera des engagements des candidats à installer la vidéosurveillance dans leur commune. « Nous demanderons de ne pas voter pour ceux qui ne le font pas, parce qu’il y en a assez », menace-t-il. Le président de l’URPS souhaite également s’entretenir avec les magistrats, au sujet des peines prononcées contre les auteurs d’agression contre les professionnels de santé.

Les grandes vacances, « une période compliquée »

L’URPS projette également de lancer, durant les grandes vacances, une caravane de la sécurité auprès du personnel de l’hôpital de Cayenne, sur le modèle de celle organisée il y a deux ans à destination des médecins libéraux (lire la Lettre pro du 10 mars 2023). « L'insécurité touche tout le monde : les professionnels de santé libéraux comme les salariés du secteur public, insiste le Dr Bensalah. L'hôpital de Cayenne est le principal établissement du CHU, le plus grand établissement de santé en Guyane. Il assure un service public H24. Je pense en particulier :

  • aux urgences qui fonctionnent H24 ;
  • à la Pass qui réalise une politique d'aller-vers, en se rendant dans les quartiers informels et les squats ;
  • et à l'équipe mobile psychiatrie précarité, du fait de la population qu'elle prend en charge, parfois en rupture de traitement. »

« Durant les grandes vacances, de nombreux professionnels de santé sont en congés, poursuit-il. Ces services fonctionnent en effectifs restreints, mais les pathologies ne prennent pas de congés. Ils sont à flux tendu et c'est un terreau pour les agressions, notamment par les accompagnants de malades qui ne comprennent pas que c'est une période compliquée. Les objectifs de cette caravane seraient de : 

  • Accompagner l'ARS dans la distribution de boutons antipanique ;
  • Équiper ces services d'affiches de prévention dans les salles d'attente ;
  • Leur communiquer les coordonnées des forces de l'ordre ; 
  • Sensibiliser la population guyanaise sur le fait qu'en période à flux tendu, les agressions vont encore empirer la situation. »

Christophe Bouriat : « On ne s’en sortira que tous ensemble »

Invité à la présentation de l'Atlas, Christophe Bouriat a confirmé que « la sécurité est une préoccupation pour le CHU, sur les trois sites. A Saint-Laurent-du-Maroni, c'est une problématique de tous les jours. Du personnel de sécurité y travaille, du personnel armé. A Cayenne, la pression commence à augmenter : agressions verbales, menaces, qui se propagent à tous les services. Récemment, en infectiologie, une arme a été retrouvée chez un patient (...) A l'avenir, notre sécurité, c'est quelque chose dans lequel il faudra investir. On ne s'en sortira que tous ensemble. » Ce « tous ensemble » doit inclure les usagers, estime Marie-France Ambouille, présidente de France assos santé, également présente à la présentation de l’Atlas des agressions : « La population doit prendre conscience que si le professionnel n’est pas en sécurité, il y a des conséquences sur les usagers, que nous représentons. »

A Cayenne, des boutons « Police connectée » disponibles pour les professionnels de santé

L’Agence régionale de santé a acheté 100 boutons d’alerte « Police connectée » à destination des professionnels de santé de Cayenne. Ils s’ajoutent aux 52 déjà distribués dans le cadre de l’expérimentation lancée en début d’année (lire la Lettre pro du 10 janvier). 

L’ARS se chargera de les distribués aux professionnels de santé intéressés. Pour être ensuite inclus dans le dispositif, ils devront signer une convention avec la Police nationale.

Le dispositif « Police connectée » se distingue par deux innovations : 

  • L’alerte est transmise directement à l’état-major de la police nationale ;
  • Le bouton est doté d’un système de géolocalisation.
     

Les professionnels de santé de Cayenne intéressés sont invités à se rapprocher d’Audrey Andrieu.

 

 

 

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