aller au menu  |  aller au contenu

connexion  |  inscription

Infos citoyennes

25/07/25
Parraj, un dispositif contre l’exposition des enfants et des jeunes aux addictions

Le groupe SOS Solidarités déploie le dispositif Parraj, après un appel à manifestation d’intérêt du Fonds de lutte contre les addictions et de la Direction générale de la cohésion sociale. Le but est de favoriser l’accès à la prévention et aux soins pour les enfants en situation de vulnérabilité face aux addictions. Pour cela, des formations sont organisées pour des professionnels de la protection de l’enfance ou intervenant auprès de jeunes pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, confrontés aux problématiques d’addiction avec ou sans substances. La Lettre pro a suivi Maëva Joseph, formatrice, lors d’une session auprès de professionnels de l’association Fourka.

Depuis vingt ans, l’association Fourka a pour mission de faire cesser les situations de danger et/ou de risque pour les enfants et de favoriser leur maintien dans leur milieu familial. Elle intervient généralement à la demande du juge des enfants, auprès des 0-18 ans, lorsque leur « santé, leur sécurité, leur moralité (…) se trouvent en danger ou si les conditions de leur éducation sont compromises ». Ses actions sont également dirigées vers les jeunes majeurs et les jeunes filles mères. L’an dernier, l’association a suivis 1 689 mineurs sur le territoire, à travers ses deux antennes de Cayenne, celle de Kourou et celle de Saint-Laurent-du-Maroni.

« Des cas de plus en plus complexes »

Au fil des années, « les cas sont de plus en plus complexes, constate Laura Bourdon, sa directrice générale, présente dans l’association depuis sa création. Auparavant, nous avions une problématique comme les violences physiques. Aujourd’hui, on retrouve plusieurs problématiques au sein de la famille, ce qui complexifie la tâche des éducateurs spécialisés et complexifie la relation avec les partenaires. En outre, depuis deux ans, nous accueillons la génération d’après : nous suivons les enfants de ceux que j’avais suivis en tant qu’éducatrice. »

Parmi ces multiples problématiques, Laura Bourdon liste « la déscolarisation, les abus sexuels, les violences physiques, la prostitution, les mules, le handicap, les troubles du comportement, les troubles psychiatriques » et de plus en plus d’addictions : « Un enfant de 2 ans à qui sa maman donne le portable quand il se lève et jusqu’à ce qu’il se couche. Le sukru comme le pikachu, dérivés de l’ecstasy qui sont un fléau à Saint-Laurent. Des parents qui initient leurs enfants à faire la mule. Nous sommes confrontés à l’alcoolisme, à ces addictions mais nous manquons d’outils. »

« Favoriser l’accès à la prévention et aux soins pour les enfants en situation de vulnérabilité »

C’est pour aider ce genre de structures que le groupe SOS jeunesse porte le projet Parraj, pour Prévenir, accompagner, réduire les risques des conduites addictives chez les jeunes et enfants suivis par l’Aide sociale à l’enfance. Ce projet fait suite à un appel à manifestation d’intérêt du Fonds de lutte contre les addictions et de la Direction générale de la cohésion sociale. Il vise à améliorer et à intégrer durablement la prévention auprès des jeunes et des professionnels de la protection de l’enfance. Ainsi que l’explique Maëva Joseph, intervenante du projet Parraj, « l’objectif général de ce projet est de favoriser l’accès à la prévention et aux soins pour les enfants en situation de vulnérabilité. »

En cette mi-juin, Maëva Joseph anime une session sur la réduction des risques et des dommages liés à certains usages, devant huit salariés de Fourka. Elle présente du matériel à usage unique mis à disposition par l’Association guyanais de réduction des risques (Agrrr), pour les personnes consommatrices de substances psychoactives. Le débat s’anime entre les éducateurs spécialisés, les moniteurs, les assistantes sociales sur l’opportunité de leur mettre à disposition ce matériel.

« Nous avons besoin de conseils quand nous sommes face à nos jeunes »

Les participants répondent ensuite à un quiz, qui reprend des connaissances des modules précédents et lance la discussion sur la dangerosité des substances et sur les nouvelles tendances comme le mélange de sirop codéiné et de soda. Les échanges se poursuivent ensuite sur le choix des mots. Faut-il parler de « drogue » ou de « substance psychoactive », de « salle de shoot » ou de « halte soin addiction », leur nouvelle terminologie ?

Tous décrivent des situations auxquelles ils font face, dans l’accompagnement des enfants : une adolescente qui casse tout durant un bad trip, une autre, épileptique, qui a commencé à consommer à 12 ans et a vécu sa première grossesse à 14 ans. « Je ne peux rien faire parce qu’il faut traiter tout ça. Elle refuse de voir un psychologue alors c’est moi qui fais la psychologue. Elle m’appelle tout le temps et m’a même menacée. Elle m’épuise. Et désormais j’accompagne aussi son fils », témoigne une éducatrice. Un de ses collègues abonde : « On a besoin de conseils quand nous sommes face à nos jeunes. »

Après trois modules de sensibilisation dans le cadre du projet Parraj, Laura Bourdon constate que ses salariés sont « satisfaits ». Ceux qui ont participé aux formations sont ensuite en mesure de partager leur apprentissage avec leurs collègues. En ce mois de juillet, ils démarrent des ateliers avec les jeunes qu’ils suivent. « L’objectif est qu’ils s’approprient tous les outils proposés lors des modules de sensibilisation, explique Maëva Joseph, pour qu’ensuite ils puissent les perpétuer au sein de leur structure. »

« Certains professionnels ont parfois du mal à parler des addictions »

Le projet Parraj est déployé depuis juin 2024 dans onze départements, dont la Guyane. Il se poursuit jusqu’en novembre. Un point d’étape a été fait début juin, ce qui correspondait à peu près à la moitié du programme, dans sa phase opérationnelle. Le but est de former des professionnels de la protection de l’enfance ou intervenant auprès de jeunes pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, confrontés aux problématiques d’addiction avec ou sans substances, sans en être spécialistes.

« Certains professionnels ont parfois du mal à parler de ces sujets, constate Sylvain Cousseau, coordinateur national du dispositif Parraj. Parfois, c’est l’addiction des parents qui a justifié la mesure de protection. Pourtant, le sujet n’est pas abordé. Le but de Parraj est que le sujet ne soit plus tabou et que le travail puisse commencer. »

Développer une culture commune de la prévention et de la promotion de la santé

Pour cela, plusieurs actions sont mises en œuvre en poursuivant des objectifs spécifiques :

  • Développer chez les équipes une culture commune de la prévention et la promotion de la santé en y intégrant le repérage, la réduction des risques et la prise en charge des conduites addictives dans les établissements de l’ASE.
  • Sensibiliser dans une optique de prévention les jeunes aux conduites addictives dès le plus jeune âge en renforçant leurs compétences psychosociales (CPS) et en favorisant leur participation active dans des ateliers de promotion de la santé.
  • Favoriser l’acculturation croisée et la structuration de partenariats pérennes entre les structures de protection de l’enfance et de l’addictologie pour améliorer la fluidité des parcours de soins et éviter les ruptures après la sortie des dispositifs ASE.
  • Contribuer à l’amélioration des connaissances et des données disponibles sur les conduites addictives des jeunes de la protection de l’enfance via un dispositif de recherche et d’évaluation.

Des interventions auprès d’une douzaine de structures

En 2023, le groupe SOS Jeunesse a remporté l’appel à manifestation d’intérêt financé par le Fond de lutte contre les addictions et la Direction générale de la cohésion sociale. Pour son déploiement en Guyane, le groupe SOS Jeunesse a recruté un binôme d’intervention composé de Maëva Joseph et Axel Contrôle.

Durant le déploiement de ce projet, le binôme forme des salariés de plusieurs structures de leur groupe : les maisons d’enfants à caractère social (Mecs) de Sainte-Agathe et Préfontaine, à Macouria, les Mecs Lamirande et Mahury, à Matoury, le Placement familial de Cayenne et de Kourou, le service Jeunes majeurs. Il intervient également auprès d’autres associations : Sagesse Fourka et l’Epnak. Enfin, des interventions ont été organisées pour des assistantes familiales de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de Cayenne, Macouria, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni.

Des ateliers santé jeunes depuis ce mois de juillet

« En formant les professionnels, l’objectif est qu’ils aient un socle commun de connaissances en addictologie », explique Maëva Joseph. Les trois sessions abordent :

  • Les addictions, leur processus, les produits, les risques sur la santé globale de l’individu, les outils ;
  • Les facteurs de risque et les facteurs de protection, les compétences psychosociales, le repérage précoce - intervention brève (RPIB) ;
  • La réduction des risques et des dommages.

« Depuis ce mois de juillet, nous animons des ateliers santé jeunes en coconstruction avec les professionnels, en fonction de leurs besoins. Le but est qu’ils se les approprient pour ensuite qu’ils les perpétuent dans leur structure », poursuit Maëva Joseph.

Toujours dans la continuité du projet, en septembre et octobre, une formation certifiante gratuite de deux jours sur les bases en addictologie et le développement des compétences psychosociales, animée par Arcat Formation, viendra renforcer les connaissances de ces professionnels.

 

Raccourcis  




passer une petite annonce



passer une annonce de covoiturage





passer une annonce d’emploi












associations, postez vos actualités


participez au courrier des lecteurs

La Guyane c’est ici 

La qualité de l’Air avec
ATMO


 

Photothèque

Lancements 2022
Lancements 2022
Vol 259 Ariane 5

Annonceurs

Régie publicitaire
 

 


RGPD
données personnelles