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Infos citoyennes

12/08/25
Les repas des Guyanais livrent leurs secrets

L’étude Guyaconso, menée en 2022 et 2023 auprès de 1 651 ménages du territoire, a livré ses conclusions. Outre la faible diversité alimentaire dans une large partie de la population, elle fournit des données inédites sur les grandes disparités selon le sexe, l’âge, le lieu de naissance ou le niveau d’éducation. Elle documente la prévalence de l’obésité et du surpoids, ainsi que la sédentarité et l’activité physique. 

C’est une somme – 222 pages – qu’ont livrée Edwige Landais (IRD), le Dr Célia Basurko (CHU de Guyane), Sophie Manuel (IRD) et leurs collègues, à l’issue de l’enquête Guyaconso. Les principaux résultats avaient été présentés en novembre, en marge des Assises amazoniennes de gynécologie, obstétrique et anesthésie (lire la Lettre pro du 12 novembre 2024).  Début juin, ils ont été détaillés aux spécialistes de l’alimentation, lors d’une rencontre à l’Agence régionale de santé.

En 2022 et 2023, les enquêteurs du Centre Hospitalier de Cayenne, en partenariat avec l’IRD de Montpellier, se sont rendus au domicile de 1 651 ménages. Les enquêteurs les ont pesés, mesurés et interrogés sur leurs repas de la veille. La Guyane était jusque-là le seul territoire français à ne pas disposer d’informations aussi détaillées. Elles révèlent une « faible diversité alimentaire et donc une faible adéquation nutritionnelle » des repas, une trop faible consommation de fruits et légumes, de produits laitiers, de céréales complètes, de noix et de graines. En revanche, la charcuterie et les boissons sucrées sont trop présentes par rapport aux recommandations. Un adulte sur trois est trop sédentaire et un sur trois effectue moins de trente minutes d’activité physique par jour. Les femmes sont plus concernées que les hommes.

Trois ménages sur cinq concernés par l’insuffisance alimentaire

Premier résultat : l’insuffisance alimentaire concerne trois ménages sur cinq, qu’elle soit quantitative (17,6 % des ménages) et davantage encore qualitative (41,5 %). Les plus touchés sont les ménages monoparentaux, avec 22,2 % d’insuffisance quantitative et 44,8 d’insuffisance qualitative. Suivent les adultes avec enfants (18,2 % et 44,8 %). L’insuffisance alimentaire est également très marquée chez les ménages renonçant aux soins : six ménages sur sept en souffrent.

Obésité et surpoids : les femmes et les plus de 45 ans plus touchés

Les mesures de la taille et du poids ont permis de documenter l’obésité et le surpoids. La première touche 29 % des plus de 15 ans participant ; la seconde 33,2 %. « Il existe des différences marquées en fonction des caractéristiques socio-démographiques, constatent les auteurs. La prévalence de l’obésité chez les femmes est presque deux fois plus élevée que celle des hommes. De même, les prévalences de surpoids et d’obésité augmentent avec l’âge des participants et diminuent avec le niveau d’éducation. Les participants nés au Brésil sont les plus touchés par le surpoids (incluant l’obésité) et ceux nés dans l’Hexagone ou dans un autre DROM sont les moins touchés. »

« L’intensité de l’activité physique varie en fonction des caractéristiques socio-démographiques des participants, poursuivent les auteurs. Ainsi, les hommes sont plus nombreux que les femmes à avoir des niveaux d’activité intense, à pratiquer un sport, à atteindre les recommandations programme national nutrition santé et sont moins sédentaires. »

Le petit-déjeuner, repas le plus fréquemment sauté

En Guyane, une journée alimentaire est généralement constituée de quatre prises alimentaires. Le repas le plus fréquemment sauté est le petit-déjeuner, par un participant sur six (15,4 % des plus de 15 ans). C’est particulièrement vrai chez les jeunes, tandis que les femmes et les plus âgés seront plus nombreux à ne pas dîner.

Moins de lipides, plus de protéines

Si les glucides contribuent à 49 % de l’apport énergétique, ce qui est conforme aux recommandations, ce n’est pas le cas des lipides, sous-représentés (30 %) au profit des protéines, surreprésentées (19 %). « L’apport énergétique issu des glucides est plus élevé chez les plus âgés, chez les participants ayant moins que le bac, et chez les participants nés au Suriname. L’apport énergétique issu des lipides est plus élevé chez les plus jeunes, chez les plus éduqués et chez les participants nés dans l’Hexagone ou dans un DROM autre que la Guyane », soulignent les auteurs.

Sous-diversité alimentaire

Les données détaillées confirment le manque de diversité alimentaire chez de nombreux ménages. En moyenne, ils avaient consommé 3,7 groupes alimentaires sur dix, la veille de l’entretien. Seuls un quart des participants (25,4%) atteignent cinq groupes. « Cette proportion est un peu plus élevée chez les femmes, chez les plus âgés, les plus diplômés, chez les participants nés dans l’Hexagone ou dans un DROM autre que la Guyane et parmi les participants appartenant à un ménage sans insuffisance alimentaire. »

« Parmi les repères du Programme national nutrition santé (PNNS) ayant pu être investigués :

  • 15% des participants ont atteint le repère pour les fruits et légumes ;
  • 4% pour celui des fruits à coque ;
  • 5% pour celui des céréales complètes ;
  • 11% pour celui des produits laitiers.
  • Environ six participants sur dix ont bu des boissons sucrées la veille de l’enquête.
  • Neuf participants sur dix suivent la recommandation en matière de consommation de boissons alcoolisées ;
  • Plus des trois quarts suivent la recommandation en matière de graisses ajoutées.

Chez les 5-14 ans, trois heures et quarante-neuf minutes de temps d’écran

Chez les enfants, la prévalence de surpoids est de 18%, celle d’obésité de 14%, et un enfant sur dix est en situation de maigreur. Les 5-9 ans sont davantage touchés par l’obésité et les 10-14 ans par le surpoids. Ils passent en moyenne trois heures et quarante-neuf minutes devant un écran chaque jour : deux heures devant la télévision, une heure et vingt minutes devant une tablette ou un téléphone et vingt-cinq minutes devant des jeux vidéo. Les 10-14 ans se révèlent plus sédentaires, en raison du temps passé devant un téléphone ou une tablette.

Peu de sport en dehors de l’école

« Seul un enfant sur quatre pratique un sport en dehors de l’école, avec des différences marquées », constatent les chercheurs. Ceux qui pratiquent le plus sont :

  • Les garçons ;
  • Les 10-14 ans ;
  • Les enfants dont les représentants légaux sont plus éduqués ;
  • Les enfants dont les représentants légaux sont nés dans l’Hexagone ou dans un DROM autre que la Guyane.

Céréales, lait, boissons et aliments sucrés

Un enfant sur cinq mange à la cantine, en moyenne quatre jours par semaine. « Environ un enfant sur quatre ne mange pas à la cantine pour des raisons d’accès, qu’il soit économique (pour un sur dix) ou physique (pas de cantine ou pas de place, pour un tiers) », soulignent les chercheurs.

Le petit-déjeuner est sauté par un enfant sur cinq. C’est encore plus vrai chez les filles et chez les 10-14 ans. « En moyenne les enfants ont consommé quasi quotidiennement des aliments des groupes des céréales, du lait, des boissons sucrées et des aliments sucrés. Leur consommation de fruits et légumes n’est pas quotidienne et certains groupes alimentaires sont peu consommés par les enfants, c’est le cas notamment des fruits à coque et des céréales complètes. »

Le rapport complet de l’étude peut être demandé par courrier électronique à Edwige Landais : edwige.landais@ird.fr.

Bienvenue en cuisine !

En ce mercredi matin du mois de mai, un parfum de poulet fricassé s’élève à l’entrée du chemin Gibelin, à Matoury. Étudiante en master 2 « Nutrition et sciences des aliments », Julie Peuget, de l’IRD de Montpellier, a rejoint une cuisinière chez elle. Sur le plan de travail de l’appartement, des pilons de poulet, des bouillons cubes, de la sauce soja, ainsi que des tomates, piments végétariens et avocats de la salade de couac qui servira d’accompagnement. Julie Peuget pèse scrupuleusement chaque aliment, note sa composition et pèsera à nouveau le plat une fois achevé. Ses données serviront autant aux Comités de liaison en alimentation et nutrition des établissements de santé de Guyane (InterClan) qu’à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) de Montpellier.

L’idée d’observer la manière dont sont réalisées certaines recettes emblématiques du territoire et de ses différentes communautés est née des échanges entre le Dr Liliane Thélusmé, nutritionniste au CHU, et Edwige Landais, ingénieure d’étude à l’IRD de Montpellier. L’interClan souhaite éditer un abécédaire des recettes de Guyane tandis que l’IRD de Montpellier avait besoin de données sur les repas des Guyanais pour ses travaux de recherche. Ce travail de master est donc co-encadré par le CHU et l’IRD, tandis que l’InterClan a financé des bons et des paniers repas pour dédommager les participants.

Douze recettes ont été ciblées dans le cadre de ce travail, observées chacune chez cinq personnes différentes : fricassée de poulet et salade de couac donc, mais aussi bami, afingi, riz collé, bananes pézé... De son côté, l’unité transversale de nutrition du CHU – site de Cayenne se rend également dans des foyers pour compiler les recettes. « Cela permet de relever les différences entre cuisiniers, de noter les aliments essentiels, ceux qui reviennent à chaque fois et ceux qui sont facultatifs, de noter les plats sains en raison de leur apport en protéines, fer, vitamine C et fibres et ceux qui le sont moins en raison de la présence de sel, d’acides gras saturés et de sucres simples », explique Julie Peuget. Ce jour-là, la cuisinière mettra de l’avocat dans sa salade de couac, comme elle en a l’habitude. « Je n’ai encore jamais vu deux recettes similaires », constatait la chercheuse, fin mai.

Quelques spécificités se retrouvent toutefois dans la plupart des cuisines de Guyane, note Julie Peuget : « L’utilisation des cubes par beaucoup de monde et en grande quantité. Les « épices » dans la communauté haïtienne, qui sont toujours le premier ingrédient qu’on fait revenir dans la marmite et dont il a fallu que je pèse chaque élément. Le fait de laver la viande avec du vinaigre et du citron, quelque chose que je n’avais pas vu en Métropole. »

Avec la Mutualité française, des interventions sur l’alimentation dans les écoles…

Porté par la Mutualité française de Guyane et financé notamment par l’Agence régionale de santé, le projet nutrition dans les écoles s’inscrit dans une dynamique de prévention à long terme. Il vise à sensibiliser les élèves, leurs familles et les équipes éducatives à l’importance de la nutrition et de l’activité physique dans la prévention des maladies métaboliques telles le diabète et l’obésité. Le programme est déployé à Cayenne, Macouria et Matoury. Il cible environ 300 élèves par école.

Il s’ouvre et se clôture par un « café des parents », un moment d’échange convivial qui permet d’impliquer les familles dès le départ, de les informer et de les associer pleinement aux objectifs du projet. Mis en place en 2015, ce programme de promotion de la santé a vu son programme enrichi il y a deux ans avec de nouveaux volets : activité physique, gestion des émotions, nutrition et ateliers culinaires.

« Les retours ont été très positifs tant de la part des équipes pédagogiques que des familles et des enfants, se réjouit la Mutualité française. Le projet sera reconduit en 2026 avec l’objectif de renforcer encore son impact et sa pérennisation dans les écoles partenaires. De nouvelles ressources pédagogiques, des temps d’échange entre pairs et une meilleure articulation avec les projets d’école sont également prévus. »

« La réussite du projet repose sur l’engagement actif des enseignants, constate la Mutualité française. C’est pourquoi nous proposons un accompagnement spécifique pour les équipes volontaires : formation, outils clef en main, co-animation ponctuelle en classe, et suivi personnalisé. L’objectif est de leur permettre d’intégrer les messages de santé dans leurs pratiques pédagogiques, de manière simple et efficace. Ce dispositif vise à faire des enseignants des relais actifs de la prévention en milieu scolaire, dans une approche collaborative et adaptée au contexte local. »

Les équipes intéressées à rejoindre le programme d’accompagnement à la rentrée peuvent contacter la Mutualité française au tel:0694994691, à prevention@mutualite-guyane.fr ou à prevention2@mutualite-guyane.fr.

… et des ateliers cuisine

La Mutualité française a organisé cinq ateliers autour de la cuisine, de la prévention santé et de l’autonomie alimentaire, avec Vanessa Izéros, nutritionniste, pour les jeunes pris en charge par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Pour clôturer ce cycle, les participants ont préparé ensemble un parmentier de légumes péyi, des piklise et des brochettes de fruits frais. L’atelier s’est prolongé par une discussion sur les comportements alimentaires à risque, les liens entre malbouffe, addictions et santé mentale, et les leviers pour adopter une meilleure alimentation..

 

 

 

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