Dans un courrier daté de mardi, des médecins du bloc opératoire et d’anesthésie du CHU – site de Cayenne annoncent avoir « décidé d’un commun accord la suspension de l’ensemble des interventions chirurgicales électives (chirurgie non urgente, qui peut être retardée ou annulée sans danger pour le patient) à compter du lundi 24 août 2025, et ce pour une durée indéterminée ». Comme première raison, ils indiquent « faire face à une pénurie d’Ibode (infirmiers de bloc opératoire diplômés d’Etat), d’Iade (infirmiers anesthésistes diplômés d’Etat), de médecins anesthésistes et de chirurgiens ». Ils indiquent également avoir transmis des candidatures restées sans réponse.
Du côté de la direction, les tensions sur les personnels paramédicaux ne sont pas contestées. « Sur un effectif cible de trente Ibode, nous oscillons entre vingt et un et vingt-sept », précise Colette Ilmany, coordinatrice générale des soins du CHU. Mais les membres de direction présents indiquent que « nous avons les effectifs paramédicaux. Les conditions techniques de fonctionnement sont assurées. Il n’y a pas d’annulation des interventions. » Colette Ilmany confirme : « Jusqu’à ce jour, nous n’avons ni reporté, ni annulé d’intervention. »
« La fonction d’Ibode est en tension partout en France, depuis les réformes de 2019-2021, explique-t-elle. Certains établissements ont fermé leurs blocs opératoires. Avant, un infirmier pouvait travailler au bloc opératoire et devenait infirmier de bloc opératoire. Désormais, il faut être diplômé d’Etat, c’est-à-dire Ibode, ou avoir réalisé des actes exclusifs. »
Les blocs opératoires qui ne ferment pas s’organisent en fonction, notamment pendant les périodes de congés. A Saint-Laurent-du-Maroni, seules les urgences sont traitées durant les grandes vacances. Aucune opération programmée n’a lieu. « A Cayenne, nous avons conservé cinq salles en juillet et août, poursuit Colette Ilmany, pour les urgences, la gynécologie-obstétrique, des interventions semi-urgentes. » Les signataires du courrier de mardi annoncent qu’ils n’assureront plus que « les urgences vitales, les interruptions volontaires de grossesse dans le respect des délais légaux (et) les interventions oncologiques ne pouvant être différées ».
« A Cayenne, nous avons l’habitude de réduire l’activité en juillet et août, ainsi que pour Noël, poursuit Colette Ilmany. Lors de la cellule de programmation (qui se tient chaque semaine), les professionnels ont maintenu cinq salles ouvertes. » Or, plusieurs phénomènes se cumulent actuellement :
En effet, l’organisme PP+ rouvre en cette rentrée la formation, dont la durée est passée de dix-huit à vingt-quatre mois, en 2022. Colette Ilmany défend ce choix visant à permettre que la formation se déroule sur le territoire. Outre le site de Cayenne, celui de Kourou envoie deux infirmiers en formation et celui de Saint-Laurent-du-Maroni un. Tous ont dû solder leurs congés avant le début de la formation. « Nous les envoyons en formation pour ensuite avoir mieux. Comme nous finançons leurs études, ils sont plus susceptibles de revenir ensuite. »
Plusieurs mesures ont été prises pour faire face au manque de professionnels à Cayenne :
« Cela permettra aux équipes de souffler et de former les infirmiers de bloc opératoire », espère la coordinatrice générale des soins. Les signataires du courrier appellent à « une revalorisation et un renforcement immédiat du recrutement médical et paramédical, l’ouverture de postes pour du personnel local motivé, prêt à se former, un dialogue transparent sur les besoins réels du bloc opératoire, son activité et ses moyens humains ». Ils se disent « disponibles pour coconstruire des solutions ».
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