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Infos citoyennes

01/09/25
Vingt ans après, le don du sang pourrait reprendre en Guyane

Saisi par la Direction générale de la santé, le HCSP encourage la reprise du don du sang en Guyane à l’horizon 2026. Il estime que les risques infectieux ne font plus obstacles au don du sang, sur le territoire. Des aspects réglementaires restent à régler. Cette reprise pourrait être bénéfique à des patients au groupe sanguin rare.

C’était il y a vingt ans. Début avril 2005, l’Établissement français du sang (EFS) suspendait les collectes de sang en Guyane. En cause : l’absence de test de dépistage homologué pour la maladie de Chagas. D’autres risques infectieux, tels le VIH ou le paludisme, s’y ajoutent. Depuis, de nombreux progrès ont été réalisés, tant en termes d’identification des agents infectieux que de contrôle des transmissions sur le territoire. Dans un avis publié lundi, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) se dit favorable à une reprise de la collecte de sang en Guyane, à l’horizon 2026. 

Le HCSP a été saisi par la Direction générale de la santé (DGS), début janvier. Constatant que la création du CHU de Guyane « devrait faciliter l’installation d’un centre de don de sang en son sein », le DGS lui a demandé d’étudier « les conditions d’une reprise de la collecte de sang en Guyane garantissant la sécurité sanitaire ».

Le problème de Chagas « est désormais résolu »

S’agissant de la maladie de Chagas – pour lesquels on ne dispose pas de données de prévalence en Guyane - « ce problème est désormais résolu avec la disponibilité de tests sérologiques performants, même si les sérologies peuvent ne pas couvrir les formes aiguës », constate le HCSP.

Le Haut Conseil de la santé publique s’est ensuite penché sur quatre éléments :

  • Une analyse exhaustive des risques infectieux recensés par Santé publique France en Guyane : syphilis, VIH, hépatites B et C, virus HTLV-1 et HTLV-2, cinq parasites responsables du paludisme et l’agent de la maladie de Chagas, diverses arboviroses et la fièvre Q ;
  • La disponibilité de tests de dépistage qui pourraient être recommandés ;
  • Les contraintes juridiques nationales et européennes ;
  • « La problématique des phénotypes rares de sang pouvant être à l’origine d’épisodes d’allo-immunisations anti-érythrocytaires, notamment au cours des drépanocytoses graves particulièrement fréquentes dans certaines ethnies guyanaises, pouvant conduire à des impasses transfusionnelles ».

« Un territoire particulièrement exposé à des risques infectieux multiples »

Le HCSP conclut que « la Guyane reste un territoire particulièrement exposé à des risques infectieux multiples pouvant affecter la sécurité transfusionnelle », tout en relevant « les capacités à maîtriser l’ensemble des risques infectieux (…) Le principal frein au rétablissement des collectes de sang en Guyane reste celui qui a conduit en 2005 à interrompre ces collectes, à savoir le poids des risques infectieux qui pèsent sur ce territoire. »

«Remettre en route les fondements d’une culture du don de sang »

Le nombre de donneurs annuels devraient s’élever, selon lui, à environ 7 000, sur les 300 000 habitants du territoire. « Ce chiffre peut paraître faible au regard des besoins sanitaires en produits sanguins labiles pour ce territoire et des moyens humains, matériels et financiers nécessaires à mettre en œuvre pour réimplanter les collectes de sang en Guyane », regrette le Haut Conseil. « Enfin, l’arrêt prolongé de cette activité nécessitera de remettre en route les fondements d’une culture du don de sang : fichiers de donneurs, système d’hémovigilance et de traçabilité, sans parler des infrastructures en locaux, en matériel et en personnel qui sont à recréer de toutes pièces. ».

Le CHU, « une opportunité pour relancer les collectes de sang »

Mais la création du CHU apparaît comme une « opportunité pour relancer les collectes de sang sur le territoire. Pour ce faire, il revient aux partenaires de mettre en place les moyens nécessaires tout au long de la chaîne transfusionnelle depuis la sélection des donneurs et la collecte jusqu’à la transfusion, l’hémovigilance et le suivi des donneurs de sang et des receveurs de produits sanguins labiles ».

Enfin, un élément plaide en faveur de la reprise des collectes de sang en Guyane, estime le HCSP : « la problématique des phénotypes rares ». Du fait de la « très grande diversité ethnique » de la Guyane et de l’incidence de la drépanocytose, estimée à 0,42 cas pour 100 naissances, des « épisodes d’allo-immunisations anti-érythrocytaires » peuvent survenir lors des « transfusions itératives », si elles ne sont pas strictement compatibles au niveau des groupes sanguins. Ces épisodes « compliquent les stratégies transfusionnelles et peuvent même conduire à des impasses transfusionnelles », insiste le HCSP. Les donneurs qui possèdent des sangs rares (moins de 4 individus pour 1 000) sont donc particulièrement recherchés.

Pour rendre possible la reprise des dons du sang en Guyane, le HCSP émet donc plusieurs recommandations :

  • La nécessaire révision des dispositions réglementaires vis-à-vis des personnes vivant en zone où circulent des agents du paludisme, afin de « remplacer les exclusions temporaires en raison du risque de paludisme par un dépistage ultrasensible des plasmodies par biologie moléculaire permettant d’exclure les donneurs testés positifs » ;
  • La mise en œuvre de façon systématique sur tous les dons de sang de tests sérologiques anti-palustres et de tests de dépistage ultrasensible des plasmodies par biologie moléculaire, de tests sérologiques anti-Trypanosoma cruzi, et de tests sérologiques anti-HTLV ;
  • La mise en œuvre au cas par cas en fonction de la situation épidémiologique, de tests génomiques viraux ciblant certaines arboviroses (dengue, chikungunya, Zika …) ;
  • Des mesures spécifiques dans l’environnement de foyers de fièvre Q ;
  • -            La sollicitation du HCSP en cas de risque épidémiologique émergent pouvant affecter la sécurité transfusionnelle.

« Dans la mesure du possible, il est recommandé d’orienter des collectes en direction des populations d’ancestralité africaine ou amérindienne avec l’objectif d’identifier des donneurs porteurs de groupes érythrocytaires « rares » peu représentés dans d’autres parties du territoire national », conclut le HCSP. Il estime « qu’en plus de la mise en place des mesures habituelles d’hémovigilance en vue d’identifier tout événement indésirable sur la chaîne transfusionnelle, une réévaluation annuelle de cette nouvelle stratégie sera utile pour analyser les bénéfices et les limites ».

Environ 7 000 transfusions par an

Il y a dix ans, environ 3 500 transfusions étaient réalisées chaque année en guyane. Depuis, ce chiffre a doublé. En 2021, par exemple, la Guyane a réceptionné 8 686 produits sanguins labiles, collectés en Guadeloupe ou dans l’Hexagone. Sur ce nombre, 6 952 ont été transfusés à 2 362 patients. Aucun effet indésirable receveur n’a été recensé.

En avril, à l’occasion des vingt ans de l’arrêt du don du sang en Guyane, le Pr Hatem Kallel, chef de pôle urgences – soins critiques au CHU – site de Cayenne, soulignait que « nous n'avons jamais été en rupture de sang. L'EFS a toujours approvisionné en quantité suffisante ». Il insistait toutefois : « Un sang guyanais permettrait de compléter l'offre de soin, de s'autonomiser et d'être le plus compatible possible en termes de sous-groupe sanguin. »

 

 

 

 

 

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