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Infos citoyennes

16/09/25
A Oiapoque, un refuge pour les femmes victimes de violence

L’association DPac Fronteira a inauguré sa maison des femmes, dont l’idée avait émergé dans le cadre du projet Oyapock coopération santé. Elle fournira une mise à l’abri d’urgence aux femmes victimes de violences. Il y a cinq ans, une étude du projet OCS avait révélé la « banalisation » de ces violences à la frontière est de la Guyane et l’absence de structure d’accompagnement pour les victimes.

C’est une maison que rien ne distingue, dans Oiapoque. Un portail, quelques caméras de surveillance. A l’intérieur, un bureau d’accueil, un espace de restauration et des chambres, individuelles ou collectives, et même un jardin. C’est là que depuis hier, l’association DPac Fronteira accueille les femmes victimes de violences et bénéficiant d’une ordonnance de protection du tribunal judiciaire de l’Etat d’Amapa.

La maison des femmes de l’Amapa a été inaugurée hier matin, en présence de nombreux acteurs sanitaires, associatifs et judiciaires de l’Amapa et de la Guyane. Outre la maison d’hébergement d’urgence qu’elle loue, DPac Fronteira a investi, en juillet, une annexe où elle propose des activités de loisirs – zumba, méditation… -, du soutien juridique, un suivi psychologique, une aide sociale… D’ici à deux ans, l’association espère avoir achevé la construction d’un bâtiment neuf où s’installera définitivement l’hébergement d’urgence. Tous les partenaires réunis hier matin ont souligné l’utilité d’un tel dispositif.

Ce besoin avait émergé d’une étude menée dans le cadre du projet Oyapock coopération santé (OCS). « Dans leurs prises en charge, les sages-femmes et les professionnels des centres de santé constataient qu’il y avait beaucoup » de violences faites aux femmes, témoignait Pauline Joliot, ancienne coordinatrice du projet (lire la Lettre pro du 8 avril 2022).

En 2020 et 2021, l’équipe avait mené des entretiens auprès de nombreux professionnels concernés par le sujet. Ils décrivaient une « banalisation de la violence », l’absence de « condamnation sociale », des professionnels confrontés très régulièrement aux violences… En outre, « il y avait une grosse frustration des professionnels parce qu'on est limité dans les solutions d'accompagnement (…) Éloigner l’auteur, c’est difficile. Dans des petites communes comme Saint-Georges et Camopi, on ne peut pas se cacher. L’auteur n’est jamais loin. » Côté brésilien, si la loi Maria da Penha apportait des solutions supplémentaires, la ville souffrait également de l’absence d’hébergement d’urgence. A l’époque, les plus proches se trouvaient à Cayenne, côté français, et à… Bélèm, côté brésilien. « Il s’agissait donc de leur permettre de sortir du cycle de la violence, de s’émanciper, de trouver du travail, de s’éloigner de leur mari », liste Coline Laporte, chargée de projet transfrontalier Maison des femmes chez ID Santé.

En pratique, la maison des femmes d’Oiapoque pourra héberger en urgence 14 femmes et jusqu’à 4 enfants de moins de 12 ans. Peut en bénéficier toute ressortissante de nationalité brésilienne, où qu’aient été commises les actes, ou toute ressortissante française ou étrangère dès lors que les violences ont été commises côté brésilien. Lors d’une plainte à la police, si besoin, une ordonnance de protection sera demandée au tribunal judiciaire de l’Amapa. La réponse est rapide, « généralement dans les vingt-quatre heures », constate Elvina Guillaume, chargée de soutien à la coordination chez DPac Fronteira. Les policiers amènent alors la victime à la maison des femmes où elle pourra rester quarante-huit heures, renouvelables si besoin. Beaucoup d’acteurs constatent, toutefois, qu’après cette solution transitoire, les victimes devront trouver où se loger.

L’accueil est assuré 24/24. Des vigiles – des femmes en journée, des hommes la nuit – surveillent en permanence l’accès. Des caméras de surveillance contrôlent les allers et venues, à l’intérieur comme à l’extérieur. Pour leur garantir un temps de répit.

Jose Gomes : « Les violences, c’est notre quotidien »

Jose Gomes, déjà très actif dans le milieu associatif guyanais, a pris la tête de la maison des femmes, à Oiapoque. Dès hier après-midi, il s’apprêtait à accueillir les premières victimes de violences. « Nous avons trois professionnels disponibles 24/24. La police a les numéros de téléphone pour les joindre et il y aura toujours quelqu’un pour les accueillir. Après l’accueil, on regarde quelles démarches il faut mettre en place, combien de temps la personne doit rester, quel accompagnement psycho-social on met en place.

« Mon constat, c’est qu’il y a un manque de connaissance de la loi. On va donc travailler sur la prévention, sur la prise de conscience de ce qu’est la loi. Il faut faire prendre conscience qu’outre les violences physiques, il y a aussi les violences psychologiques, les violences financières…

« Le bâtiment pour l’hébergement d’urgence, nous voulions d’abord l’installer loin d’Oiapoque. Les policiers nous ont prévenus qu’où qu’on soit, les auteurs chercheront toujours à nous trouver. Ils nous ont donc conseillés de rester dans la ville, pour pouvoir intervenir rapidement quand on les alerte.

« Dans notre annexe, on va organiser des ateliers pour les femmes, mais aussi pour les hommes. On sait que 70 % des violences sont liées à la consommation d’alcool. Avec notre réseau, c’est tous les jours qu’on nous parle de victimes de violences. C’est déjà notre quotidien. C’est souvent dans nos ateliers que les femmes commencent à parler. Avant, elles sont bloquées. Elles ont conscience que si elles déposent plainte contre leur mari, il y aura des répercussions sur toute la famille. Les ateliers les encouragent à parler d’elles, de ce qu’elles vivent. On va découvrir qu’il y a des violences, puis on va découvrir des abus sexuels. Ça va aussi se diffuser auprès d’autres membres de la famille et on découvrira des abus sexuels sur mineurs. La violence est très présente. La Guyane et l’Amapa ont beaucoup à faire pour lutter contre. »

Des places d’urgence en prévision à Saint-Georges

Trois places d’hébergement d’urgence pour femmes victimes de violence devraient ouvrir à Saint-Georges, prochainement. Elles seront gérées par le groupe SOS Solidarités. Les femmes seront orientées par le service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO), le service de l’Etat chargé d’accueillir les personnes sans abri ou en détresse. Outre les trois places pour les femmes victimes de violence, l’association, qui a ouvert son pôle Est début 2024, aura en charge cinq autres places d’hébergement d’urgence pour femmes en situation de précarité.

Des travaux à l’hôpital de Saint-Laurent

L’ouverture d’une maison des femmes à la frontière est de la Guyane a fait émerger le souhait d’avoir son pendant à la frontière ouest. Le CHU de Guyane – site de Saint-Laurent-du-Maroni a lancé un dispositif en ce sens, en juin (lire la Lettre pro du 24 juin). Axelle Puthod, chargée de mission engagement collectif, et Marion Louault, ingénieure d’étude, ont effectué le déplacement à Oiapoque, hier matin.

A l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni, elles ne disposent pas de bureau pour accueillir les victimes, ce qui empêche leur prise en charge spécifiquement sur ce sujet. Pour l’heure, elles travaillent sur le parcours des femmes victimes de violences au sein de l’établissement, à partir de leur accueil aux urgences ou de leur repérage en gynécologie : Quels professionnels de santé les verront ? Comment favoriser le dépôt de plainte in situ ?

Dans chaque service, des professionnels se sont positionnés pour être des référents sur le sujet. Des formations leur seront proposés sur des thèmes comme le psychotraumatisme, l’accueil de la parole des victimes, le cycle de la violence, la notion d’emprise, l’aide médico-judiciaire.

L’équipe a également réaliser une cartographie des structures d’accompagnement de ces victimes présentes à Saint-Laurent-du-Maroni, avec le type d’aide apportée, le numéro de téléphone, l’adresse... Elle sera distribuée dans les prochains jours aux professionnels de l’établissement, pour qu’ils puissent orienter les victimes. Dans un second temps, un document du même type sera produit à l’attention des victimes.

 

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