Ces dernières années, l’ARS et la CTG ont mené des inspections dans les 4 établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes de Guyane. L'Agence Régionale de Santé a publié une synthèse des rapports, cette semaine sur son site internet. Pour les Ehpad Saint-Paul et Ebène, à Cayenne, le suivi a été clôturé, les 2 établissements ayant répondu à l'ensemble des injonctions. Pour ceux du Chog et du CHC, le suivi se poursuit.

En mars 2022, le gouvernement avait lancé un plan de contrôle des Ehpad, à la suite du scandale Orpéa. En Guyane, le plan de contrôle des 4 établissements, réalisé de manière conjointe par l'Agence régionale de santé et la Collectivité territoriale, a permis de constituer un plan d’actions à destination des établissements les plus en difficulté et de bénéficier d’un état des lieux de la qualité des Ehpad dans le département. Des synthèses de ces inspections ont été publiées cette semaine sur le site internet de l'Agence régionale de santé, dans un objectif de transparence. L’ARS en a profité pour apporter des précisions sur le suivi réalisé depuis.
Ehpad Ebène : « Ouvert sur l’extérieur »
À l’Ehpad Jean-Serge-Gérante de L'Ebène, à Cayenne, l'inspection avait relevé principalement des points positifs : « salariés soudés », « bonnes conditions de travail, ce qui a des répercussions positives sur la vie de l'établissement », peu de turnover, faible taux d'absentéisme, dispositif Jardin d'Ebène « très bien pensé qui permet à différents publics de se côtoyer et une ouverture de l'Ehpad sur l'extérieur ». S’agissant de l'animation, les inspecteurs jugeaient l’activité « bien structurée ». Ils soulignaient « l’individualisation de la prise en charge des résidents qui doit néanmoins être formalisée et tracée ». Il s'agissait de la première remarque adressée par les inspecteurs.
Ceux-ci demandaient également de rédiger les projets individualisés et de mettre en place le Conseil de vie sociale. Les inspecteurs recommandaient d'organiser des formations sur la gestion de la douleur et de rédiger un protocole sur ce sujet, ainsi que des formations sur la gestion de la fin de vie et les soins palliatifs. Depuis l'établissement a transmis l'ensemble des pièces justificatives et entrepris des actions pour se conformer aux mesures prescrites. Le suivi de l'inspection a été clôturé.
Les échanges se concentrent actuellement sur l'ouverture de l'Ehpad de Kourou et la création une plateforme de répit pour les aidants à Saint-Laurent-du-Maroni.
Ehpad Saint-Paul : « Un véritable lieu de vie »
Le suivi de l'inspection a également été clôturé à l'Ehpad Saint-Paul, situé sur la place des Palmistes à Cayenne. Lors de leur visite, les inspecteurs avaient salué « l’accueil et la prise en charge des personnes âgées (…) l’établissement est un véritable lieu de vie. L’un des points positifs relevés lors de l’inspection concerne l’animation, l’équipe étant très attentive aux besoins et aux souhaits des résidents et leur offre une ouverture sur l’extérieur. »
« Les principaux points d’amélioration résident dans la formalisation de la personnalisation de la prise en charge. L’élaboration du nouveau projet d’établissement devra être l’occasion de rendre ces outils plus vivants et d’associer davantage le personnel. »
Dans ces 2 établissements, les inspecteurs pointent la fragilité de la ressource médicale et soignante. En rappelant que cette difficulté est partagée par tout le secteur sanitaire et médico-social de Guyane.
Ehpad du Chog : En attendant le déménagement
L’Ehpad de l'hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni est dans un entre-deux. D’un côté, il doit améliorer la prise en charge de ces résidents. De l'autre, il ne peut pas s'engager dans d’importants travaux, son déménagement étant acté pour les prochaines années. Comme nous vous l'indiquions quand la Lettre pro du 2 décembre, l'établissement doit être reconstruit à l'entrée de la ville.
« Les principales pistes d’amélioration dégagées portent sur le renforcement de la gouvernance et de l’accompagnement des équipes, notaient les inspecteurs. Du fait de l’absence de directeur dédié, certains sujets demeurent insuffisamment portés, notamment celui du projet d’établissement et de la personnalisation de la prise en charge (…). Il ressort de cette visite que la situation de l’Ehpad s’est considérablement améliorée depuis l’inspection réalisée par la CTG en 2021. Les bâtiments présentent toujours les limites liées à leur ancienneté mais des travaux de réhabilitation et de sécurisation ont été effectués. L’installation d’une cuisine propre à l’Ehpad reste néanmoins toujours en projet. » Le suivi s'est poursuivi notamment à travers les réunions autour du déménagement. Il n'a pas été clôturé, tous les documents n'ayant pas été transmis par l'établissement.
Ehpad du CHC : Un suivi resserré
L'Ehpad Edmard-Lama a fait l'objet d'une inspection en mai 2017 puis d'une visite conjointe de l'ARS et de la CTG en octobre 2019. Une nouvelle visite s'était déroulée en novembre 2021, pour réaliser un état des lieux au regard des recommandations formulées précédemment. Il en ressortait « une amélioration des conditions de vie des résidents sur le plan matériel et de l'organisation des soins (…) Néanmoins certains manquements de nature à compromettre la santé, la sécurité ou le bien-être physique et/ou le moral des personnes accueillies persistent. » En mars 2024, l’ARS et la CTG se sont à nouveau rendues sur place pour une enquête administrative après le décès d'une résidente quinze jours plus tôt.
« La priorité principale est de faire de cet Ehpad un véritable lieu de vie », soulignent l’ARS et la CTG. Ce constat est partagé par l'Agence nationale l'amélioration de la performance des établissements sanitaires et médico-sociaux (Anap), qui a réalisé une mission d'appui l'an dernier (Lire la lettre pro du 09 août 2024). Celle-ci avait demandé au CHC de revoir l’organisation très hospitalière de l’Ehpad. Cette transformation passe notamment par des travaux sur le bâtiment.
Les inspecteurs avaient fixé comme priorité numéro un le projet d'animation en proposant « un projet adapté aux besoins de chacun en vue de favoriser l'autonomie et rompre l'isolement social du résident ». Sur ce point, l’équipe d'animation a été renforcée et le projet d’établissement rédigé. La 2nde priorité était de renforcer l'encadrement de l'établissement ; la 3e, de respecter les droits des résidents et l'individualisation de la prise en charge. « Au regard des éléments analysés, l’établissement doit impérativement mettre l’accent sur l’amélioration des droits des usagers, du projet d’animation et porter une réflexion sur une plus large autonomie de l’Ehpad. »
Le suivi de l'inspection se poursuit. « A ce jour, l’établissement n’a pas mis en œuvre l’ensemble des mesures prescrites. Les éléments attendus (…) n’ont pas été communiqués ou uniquement de manière partielle. Dès lors, il n’est pas possible de conclure à une mise en œuvre complète des actions correctives identifiées ni à l’obtention de leurs effets. » Contrairement aux autres établissements où le suivi a été administratif, de nouvelles visites ont été organisées à l’Ehpad Edmard-Lama afin de vérifier la réalisation des travaux. La dernière s’est déroulée ce trimestre et concernait la sécurisation du bâtiment. Des preuves de l'engagement des travaux ont été demandées.
Saint-Paul ouvre son Pasa
Les pôles d'activités et de soins adaptés (Pasa) sont des espaces aménagés au sein des Ehpad. Ils sont destinés à accueillir durant la journée des résidents de l’établissement ayant des troubles du comportement modérés et atteints de la maladie d’Alzheimer, d’une maladie apparentée ou d’une maladie neuro-dégénérative. C'est un espace conçu pour créer un environnement confortable, rassurant et stimulant pour les résidents. Il offre des lieux de vie sociale pour le groupe, notamment pour l’accueil des familles. Il propose une ouverture sur l’extérieur par un prolongement sur un jardin ou sur une terrasse sécurisée, librement accessibles aux résidents. Un Pasa accueille au maximum 14 résidents pour proposer un accompagnement personnalisé, élaboré par un psychomotricien ou un ergothérapeute.
L’Ehpad Saint-Paul a ouvert à le sien le 1er décembre. Il est conçu pour 12 personnes. Il existe déjà un Pasa à l’Ehpad de l’Ebène. Un 3e a été autorisé à l’Ehpad du Chog. Le bâtiment actuel ne permet pas de l'ouvrir. Il le sera lorsque l’établissement aura été reconstruit.


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