aller au menu  |  aller au contenu

connexion  |  inscription

Infos citoyennes

19/12/05
Prix Carbet de la Caraïbe 2005

Vendredi 16 décembre 2005, le jury du Prix Carbet de la Caraïbe, réuni à Fort-des France et présidé par Edouard Glissant, a décerné le prix Carbet de la Caraïbe 2005 au Guadeloupéen Henri CORBIN pour l'ensemble de son œuvre.

DECLARATION DU JURY DU PRIX CARBET 2005


Parce qu’il a institué la poésie comme oxygène de toute son existence,

Parce qu’il a fait de chaque poème un pur instant de vie où pouvaient s’épurer des heures de solitude, d’observation, de résistance, d’amour et d’émotions,

Parce qu’il a su, d’emblée, vivre l’exil intérieur que nous partageons tous, mais y créer à son usage d’autres contrées, d’étranges paysages, des familles, des peuples et un langage, jusqu’à tracer un pays essentiel, porté au monde par ses errances et ses longues visions,

Parce que ce pays intérieur sut échapper aux fascinations qu’exercent les métropoles pour s’ouvrir à des libertés intimes dans la matière poétique même, et fréquenter sans attendre l’énigme des Caraïbes, l’indéchiffrable nécessité de nos espaces américains,

Parce qu’il a su échapper aux impositions de la langue dominante, à savoir le Français, pour la verser aux mélodies, aux accents et aux imaginaires, d’une langue espagnole nourrie de langue créole, bâtissant ainsi un langage singulier qui, dans la phrase apparente, manie l’alphabet clandestin de la parole des Caraïbes, du grand discours des Amériques,

Parce qu’il s’est toujours situé du coté de l’humain, de l‘émancipation des peuples, de la décolonisation, de la construction de libertés souveraines, mais sans jamais soumettre sa poésie à l’ordre militant, en lui laissant toujours la conviction irremplaçable et ô combien précieuse d’une vraie liberté, celle qui s’exerce pleinement et qui, en s’exerçant, décolonise l’esprit,

Parce que la terre natale qu’il s’est choisie a tout de suite été l’ensemble des Caraïbes et des Amériques, nous incitant ainsi à échapper aux petitesses territoriales, à situer nos assises au-dessus des grands espaces, à nous construire un lieu intime capable de vivre à terme les horizons du monde,

Parce que son œuvre offre aux littératures de nos pays, le témoignage d’une existence rebelle, la trajectoire d’une conscience lucide et douloureuse, avec ses ombres et ses éclats, ses réussites et ses échecs, ses fulgurances et ces instants très difficiles que traverse toute vie, et qui parfois font reculer la poésie, mais qui n’ont jamais atteint l’énergie de la sienne,

Enfin,
pour ce qu’il est,
un homme d’humilité,
un homme d’exigence,
d’une attention soutenue aux êtres et aux choses,
et dont l’attachement au Pays-Martinique,
et tout autant aux terres de sa Guadeloupe,
oriente son errance dans les espaces du monde qui aujourd’hui nous sont donnés,

le jury du Prix Carbet, réuni à Fort-de-France, accorde son hommage de l’année 2005 à monsieur Henri Corbin pour l’ensemble de son oeuvre.

Le Jury du Prix Carbet
Fort de France le 16 décembre 2005.


Liste des titres Pré-sélectionnés pour le Prix Carbet 2005 - 16ème édition.

Le diable dans un thé à la citronnelle.
Gary Victor. Editions Vents d’ailleurs

La ronde des derniers maîtres du bèlè.
Jean-Marc Terrine - Editions H.C

Louves de mer.
Zoé Valdès - Editions Gallimard

Ta mémoire, petit-Monde.
Alain Foix. Collection Haute enfance - Editions Gallimard

Peinture peint sur papier peint.
Alain Foix. Editions Galande

Reines d’Afrique et héroïnes de la diaspora noire.
Sylvia Serbin. Ed. Sepia.

Travail, capitalisme et société esclavagiste
(Guadeloupe-Martinique – XVIIe – XIXe siècles).
Caroline Oudin-Bastide. Editions La Découverte.

Cœur pagra.
Emilie Tocney. Editions Anne.C.

Réseaux de solidarité dans la Guadeloupe d’hier et d’aujourd’hui.
Luciani Lanoir L’Etang. Editions L’Harmattan.

Quand la révolution aux Amériques était nègre…
Nicolas Rey. Editions Karthala.

Présence souterraine
Gabriella Mangal. Editions de Opéra

Rue du Faubourg St Denis
Louis Philippe Dalembert - Editions du Rocher

Cénesthesie
Tony Delsham Martinique Editions

J’ai rêvé de Kos-City.
Camille Moutoussamy. Editions l’Harmattan.

Lézenn
Rodolf Etienne. Traduction de « Les Indes » de Edouard Glissant.
Editions Le serpent à plumes.

La société créole au travers de sa littérature.
Hugues Esquerre. La société des Ecrivains.

La fange.
Manuel Zeno Gandia. Traduction de Sylvie Baudequin. Antillanas.

Vieux-Pont, ou les oubliés de la mangrove.
Serge Domi et William Rolle. Ibis rouge Editions.


ALLOCUTION DE M. GERARD DELVER.
Président de l’Association Tout-Monde, maître-d’oeuvre du Prix Carbet.

Nous sommes assez coutumiers des choses qui ne durent pas.
L’éphémère, l’instable, l’inconstant, l’incertain font partie de nos fatalités ordinaires.
C’est peut-être un des aspects de notre « modernité ».
Je dis « modernité » car nous savons à quel point une esthétique de l’incertain, de l’éphémère ou de l’instable, peut se révéler nécessaire pour affronter les accélérations imprévisibles du monde d’aujourd’hui.

Mais si, du point de vue de l’esthétique, l’éphémère peut se révéler de quelque utilité, il en va autrement si on verse du côté de la construction d’un projet collectif.
Quand on se soucie de la mise en œuvre d’une action culturelle profonde et d’envergure, si on veut véritablement renouveler les bases de son imaginaire et se constituer le cadre général d’une autorité intérieure, alors la durée devient l’une des conditions fondamentales.

Dans nos pays qui doivent encore gagner leur existence au monde, durer est déjà en soi une petite révolution. C’est pourquoi je suis infiniment ému de vous rappeler que ce soir, le Prix Carbet de la Caraïbe a seize ans.

Seize années d’existence.
Seize années de constance.
Seize années de fidélité de tous ceux qui constituent le jury et qui, année après année, ont affronté de véritables odyssées pour traverser les Amériques, rebondir à travers la Caraïbe, errer dans des zones de transit, poursuivre des avions incertains ou des bateaux fantômes, et s’arranger pour être toujours au poste autour de cette belle idée que constitue le Prix Carbet. Certains se sont parfois perdus en route, d’autres ont dû souvent s’incliner devant des impossibilités, mais sur les seize années, la constance et la fidélité furent les maîtres-mots. C’est pourquoi, si vous le permettez, j’aimerais un à un les nommer, en guise d’estime, d’admiration et de remerciement.

Mme Lise Gauvin du Canada, qui n’a pas réussi à être là.
M. Rodolphe Alexandre de la Guyane qui doit être en train d’affronter un quelconque no mans land dans un aéroport des Amériques.
Mme Diva Barbaro Damato, du Brésil.
Mme Nancy Morejon qui a du prendre au vol ce matin le dernier avion de l’année pour Cuba.
M. Maximilien Laroche de Haïti..
M. Michael Dash de Trinidad et de New York.
M. Ernest Pépin de la Guadeloupe
Enfin M. Patrick Chamoiseau qui sans faire directement partie du jury, s’est toujours trouvé à nos côtés pour suppléer aux absences et s’efforcer de remplacer les membres irremplaçables.
Et M jean Girard de la Guadeloupe qui nous a toujours soutenu

Seize années de Prix Carbet, c’est aussi seize années de présidence du Jury. Là aussi, constance, fidélité, énergie de M. Edouard Glissant. Une présidence pas toujours évidente, jamais facile, toujours éprouvante mais qui au cours de toutes ces années, s’est révélée un véritable exemple d’énergie constructive, de vision permanente, et de militantisme indestructible.

Ces seize années n’auraient pas pu exister sans le soutien actif des institutions culturelles et politiques de nos pays. C’est pourquoi je voudrais remercier les Conseils Généraux et Régionaux de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane. Leurs Directions aux affaires culturelles, et toux ceux qui dès le départ, et à tous les niveaux, ont cru en cette entreprise et qui, année après année, ont accepté, sans défaillance, de la soutenir.

Je voudrais aussi remercier tous les membres de l’association Tout-Monde, dont je suis le président et sans le soutien desquels je n’aurais pas pu, à la suite des membres de l’association Carbet qui en assurèrent les trois premières années, organiser ce prix tant bien que mal, saison après saison, en Martinique, en Guadeloupe ou Guyane.

Durer est un signe merveilleux, c’est aussi désormais un atout irremplaçable. Le Prix existe, son audience et son prestige sont indiscutables. Mais à l’échelle de son ambition, il reste encore beaucoup à faire.
Déchiffrer la caraïbe littéraire, intérioriser l’imaginaire américain, vivre le défi du Tout-monde, sont des perspectives qui demandent encore du temps, de l’énergie, de la fidélité et de la constance.
Il faut à la fois aller plus loin et plus profondément.
Il faut conserver et renouveler, associer la mémoire et l’expérience à l’audace et à l’exploration.
Il faut, en fait, avec l’immense sagesse de notre jeune âge, garder intact l’esprit du Prix Carbet.

Gérard DELVER.

Raccourcis  




passer une petite annonce



passer une annonce de covoiturage





passer une annonce d’emploi












associations, postez vos actualités


participez au courrier des lecteurs

La Guyane c’est ici 

La qualité de l’Air avec
ATMO


 

Photothèque

Lancements 2022
Lancements 2022
Vol 259 Ariane 5

Annonceurs

Régie publicitaire