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03/02/11
Le président de la Région Guyane

DECES D’EDOURD GLISSANT

Réaction du Président de Région

« Je veux saluer ici la mémoire d’un homme immense, d’un talent brut qui aura su magnifier son
génie pour le mettre au service de la cause de ses compatriotes de la Caraïbe et du monde entier ;

Je veux dire toute l’admiration que j’ai pour cet homme qui, s’il nous a quittés en cette triste matinée du 3 février 2011, ne cessera jamais de vivre en chacun de nous à travers son œuvre magistrale, dont je ne doute pas qu’elle prendra encore une toute autre dimension avec sa disparition ;

Je veux rappeler à ceux qui l’ignoreraient, aux jeunes et aux moins jeunes, qui était Edouard Glissant : un tailleur et un sculpteur de la langue française, poète, romancier, et philosophe internationalement reconnu, inspirateur d’une grande lignée d’auteurs contemporains de la qualité de Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau, ou encore Ernest Pépin. Un rebelle, qui, au prix de sa liberté, a hissé la force de ses convictions au plus haut en s’opposant fermement à la guerre d’Algérie ;

Je veux inviter chacun d’entre nous à vivre pleinement le rêve d’Edouard Glissant, et à participer de ce « Tout-monde » d’où devait s’extraire une universalité nouvelle, qui articulerait les aspérités au lieu de les poncer, et qui exalterait les individualités au lieu de les écraser ;

Je veux que tous, et particulièrement en Guyane, terre de toutes les cultures et d’une diversité exacerbée, nous fassions l’expérience de cette « créolisation » qu’il appelait de ses vœux, de ce mouvement qui devait permettre un entrelacement des identités et des singularités, telle une fécondation qui, à partir de la fusion d’éléments distincts, entraine l’émergence de quelque chose de neuf et d’unique, telle l’élection de Barak Obama à la présidence des Etats-Unis d’Amérique.

Enfin, je veux te remercier, Edouard. Merci pour ton héritage ; merci pour les générations futures ; merci pour nous tous, enfants de la grande Région Amazonie-Caraïbe, pour la voie que tu nous as montrée, et que nous nous efforçons de suivre. Merci pour la force et le courage que tu nous as transmis, la volonté de nous battre pour aller au-delà des carcans au sein desquels d’aucuns ont toujours cherché à nous maintenir enfermés. Tu as marronné pour la dernière fois, mais je sais que tu ne seras jamais loin.

Adieu, ami »