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23/05/13
Intervention de Georges Patient au Sénat

Projet de loi «Orientation et programmation pour la refondation de l’école de la République »
Intervention du sénateur Georges PATIENT
Parole sur article 5 - Sénat, le 22 mai 2013

Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,

L’académie de Guyane est-elle vouée à demeurer l’académie des « plus mauvais résultats de France sur tous les  plans » ?, pour reprendre les propos du recteur Frédéric Wacheux proférés en 2009 lors de son audition par une mission sénatoriale ; celle « des pires élèves donc des pires profs », comme on ne cesse de le répéter dans un film intitulé « Les Profs » et qui passe actuellement dans les plus grandes salles de cinéma. 

Plus grave encore, cette phrase terrible d’un enseignant en poste : « on est une machine à fabriquer de l’échec et de l’exclusion ».

Echec scolaire, échec social. Exclus d’un système éducatif inadapté, des milliers de guyanais (des enfants français, des enfants étrangers, tous vivant en Guyane), au fil des années se sont retrouvés au ban d’une société qui n’a pas su comprendre et encore moins prendre en charge de façon efficace les besoins d’instruction et d’éducation.

Quelques chiffres saisissants :

  • Plus de 6000 enfants de 3 à 6 ans non scolarisés, 
  • 55% des 25-34 ans sans aucun diplôme, 
  • 50,7% de taux de passage vers la voie professionnelle,
  • 30% des enseignants sont des contractuels,
  • un turn-over des titulaires de l’ordre de 20%.

Et pourtant, nos sociétés démocratiques ont depuis longtemps intégré dans leur discours et leurs pratiques socio-éducatives la notion d’égalité des chances, et mis en place des dispositifs
nombreux, variés, souvent renouvelés, destinés à la mettre en œuvre. Pour la France, et donc la Guyane.
Alors qu’est-ce qui rend si difficile en Guyane l’atteinte de ces objectifs à l’instar des autres  parties du  territoire français ?
Pas de réponse simple à cette question, bien sûr, ce serait trop simple ! 
Pour qui veut parler d’école et de système d’éducation, la Guyane n’est comparable, dans le  contexte français, à rien :
-  Une croissance démographique scolaire importante, de l’ordre de 3%/an (voire de 8% pour certains établissements, comme ceux situés dans l’Ouest guyanais.).  Elle serait la contrainte majeure de l’académie.
-  Multilinguisme et multiculturalisme: Beaucoup d’enfants arrivent à l’école monolingue dans une langue amérindienne ou bushinenge, en hmong, mais aussi en créole haïtien ou même en brésilien

-  Des disparités territoriales fortes : Une Guyane du littoral, avec un pôle Centre Littoral, assez bien développée et le reste Ouest et Est littoral moins bien pourvu. Une Guyane de l’intérieur, des fleuves, enclavée avec un accès partiel voire nul aux équipements de base :
électricité, téléphone, eau courante et potable, réseaux informatiques, radio et télévision,  transports   publics, services de santé…

-  Un taux de non scolarisation 3 fois supérieur à celui de la France métropolitaine. Une non scolarisation plus marquée à partir du niveau collège au contraire de la situation en France métropolitaine.

Et si toutes ces « difficultés », qu’on appelle plus souvent ici nos « spécificités », si tous ces « problèmes »,  nous cherchions plutôt à les voir, avec vous, Monsieur le Ministre, comme des richesses, des défis à relever, des atouts à valoriser ?

Vos orientations dans le rapport annexé au projet de loi évoquent l’innovation et  l’expérimentation pour contribuer à refonder l’éducation. Refonder l’école, créer pour tous les conditions de la réussite scolaire en Guyane, nécessite d’engager dans l’aventure des forces considérables,  et de les engager sur plusieurs fronts simultanément et sans retard :

-Il faudra participer davantage à côté des collectivités au financement d’ investissements trop  lourds pour elles, financer les équipements numériques désormais indispensables et prévoir l’accès à internet sur tout le territoire,  financer et organiser l’hébergement des lycéens et
collégiens contraints de quitter leur famille , améliorer et donc financer aussi les conditions de  vie des enseignants dans les communes isolées.

- La qualité d’un système éducatif tenant d’abord à la qualité de ses enseignants, il faudra reconsidérer la formation des enseignants amenés à exercer en Guyane, leur faire acquérir
des compétences linguistiques solides, les spécialiser, d’une certaine manière, pour enseigner  dans le contexte particulier du multilinguisme et du multiculturalisme guyanais (la création prochaine des Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education devrait être l’occasion de consolider pour les enseignants en Guyane une formation adaptée)

 - Il  faudra poursuivre et développer le recrutement et la formation des médiateurs culturels bilingues  et,  c’est impératif, pérenniser ces emplois

.-Il  faudra parallèlement créer, multiplier, diffuser les supports et les outils d’une pédagogie renouvelée : utilisant de façon positive les compétences existantes des élèves et de leur environnement  familial et social, elle sera aussi capable de leur ouvrir l’esprit sur le monde et les valeurs universelles.

-Il  faudra accepter de bousculer certaines certitudes.
S’accorder sur des objectifs concrets, et faire ensuite preuve de pragmatisme, contre le dogmatisme des grosses machines construite sur des théories trop abstraites.

Voilà, Monsieur le Ministre,  du volontarisme, de l’audace, de l’ambition pour permettre la réussite des élèves de Guyane, devoir aussi de la République !

Je ne doute point de votre volonté à vous atteler à ce beau défi.

Je vous remercie

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