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Jodla 06/08/08
La fin de Harpie, vue de la Guyane par Frédéric Farine, et du Brésil par Gérard Police

HARPIE
en cage

C'est autre chose qu'une chauve-souris, pire qu'un vampire, un fléau, une intoxication généralisée de la population pour faire croire que... La Harpie va tous nous rendre enragés. C'est sûr, et c'est quasiment insupportable. Deux articles se font écho cette semaine : le reportage de Frédéric Farine dans la Semaine Guyanaise et la chronique de Gérard Police sur Blada (Les causes de la conséquence : pourquoi Harpie est remise en cage) nous racontent la fin de Harpie, cette opération de lutte contre l'orpaillage illégal qui devait durer « aussi longtemps qu'il le faudra », et qui s'arrête quatre mois plus tard. La Guyane sacrifiée sur l'autel de la politique nous explique Gérard Police qui a regardé de près ce qui se passe et ce qui dit côté Brésil, où « Brasília sent monter la grogne et la pression des élus et responsables de l’Amapá ». Et côté Guyane, Frédéric Farine rencontre des gendarmes

et des responsables de Harpie, et même un ministre godillot, maniant l'esquive et la langue de bois pour essayer de faire avaler une couleuvre de la taille d'un anaconda à des hommes de bonne volonté. On ne sait lequel des deux articles il faut lire le premier, tant l'un éclaire l'autre. Celui de Gérard Police ou celui de Frédéric Farine. Tous deux jettent une lumière d'une terrible cruauté sur le peu de chose que nous sommes sur un échiquier politique. « Il ne faut jamais désespérer », ose même Hervé Morin dans la Semaine Guyanaise, sans même prendre la peine de donner un semblant de réponse à la seule mesure qui aurait pu apporter un peu d'apaisement dans cette honteuse reculade : nous ne saurons rien de la suite qui sera donnée à la demande de la procureure de la République de nommer en Guyane une équipe d’une dizaine d’officiers de police judiciaire pour se consacrer aux enquêtes sur l’orpaillage.

Et en plein parc brésilien, 2000 personnes à Villa Brasil 2 se tiennent prêtes à fournir les chantiers illégaux de Guyane : la fin de Harpie leur ouvre toute grande la porte.

Petite Guyane, petit peuple amical sans grande motivation, pour protéger ton pays, pour défendre cette merveille de la nature qui t'a été donnée, qu'as-tu pour faire changer les choses ? L'histoire de ce pays est une longue suite d'injustice*, celle-ci en est une de plus.

La Semaine Guyanaise 1285 du 6 août 2008
Gérard Police : Les causes de la conséquence : pourquoi Harpie est remise en cage.

* A lire et à relire : Genèse de l'accès au droit en Guyane, par Patrick Lingibé