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Jodla 08/04/10
Félix Eboué ou Cépérou :
deux noms pour un aéroport qui en a déjà un

Si l'argument de Rochambeau l'esclavagiste agité comme un épouvantail a fini par tomber à l'eau, l'idée de changer le nom de l'aéroport n'en a pas moins fait son chemin et depuis quelque temps deux noms semblent vouloir s'opposer pour rebaptiser notre aéroport.
Tout d'abord la proposition solennelle qui tient compte « des valeurs et des caractéristiques historiques, culturelles et honorifiques de dimension nationale et de reconnaissance internationale » et qui a toutes les chances d'aboutir au feu vert délivré au final dans les ministères : Aéroport Félix Eboué, du nom de ce grand homme de la Guyane enterré au Panthéon, petit-fils d'esclave devenu l'un des plus grands serviteurs de l'Etat. Le Cercle Félix Eboué s'est longuement expliqué sur ce choix dans une chronique de blada, et vient de lancer une pétition en ligne, que nous vous invitons à signer.

A cette proposition "bétonnée" est venue s'opposer celle de Franck Compper de l'association Krakémantò, qui remue ciel et terre depuis quelque temps pour faire admettre un nom sorti de la petite histoire, fort sympathique certes, mais dont on ne sait rien, historiquement parlant, sauf qu'il aurait un jour vendu une colline aux autorités françaises qui y ont construit un fort qui porterait son nom : Cépérou, qu'il faudrait plutôt orthographier Sépélu, compte tenu de l'origine Kali'na supposée de ce nom. Lors d'une émission télévisée (Les Rendez-vous de l'info du 11/02/2010), Franck Compper nous avait annoncé des précisions historiques sur l'existence de Cépérou... que nous attendons encore...* Voir le site de Krakémantò, et sa pétition en ligne. A l'origine de ce choix de Cépérou, quatre élèves qui avaient participé au concours lancé par Christiane Taubira en 2003, et qui visait à trouver un autre nom à l'aéroport de Rochambeau.

Les débats sur l'identité guyanaise autour de l'article 74 semblent avoir servi de support à l'argumentation de Krakémanto en surfant sur un regain d'intérêt ponctuel pour la cause amérindienne - jusqu'ici reléguée au placard de l'histoire au point d'avoir suscité en son temps de violentes polémiques au sein du Conseil Général au moment de l'attribution - une première ! - d'un nom amérindien à un établissement scolaire de Guyane (Omeba Tobo).

Mais qui peut penser un seul instant que le simple fait d'attribuer à notre aéroport le nom d'un Amérindien dont on ne sait rien pourrait suffire à lui seul à gommer des décennies d'indifférence et de mépris. Sauf à vouloir instrumentaliser la mémoire.

* Illustration : photo de Félix Eboué extraite du site Marcus Garvey.
* Entre histoire et légende : la légende attribue le nom de Cayenne au fils de Cépérou, et certaines sources rattachent l'origine du nom de Caïenne à un terme de marine (Guyane-guide.com).