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Jodla 17/05/10
Les histoires de FF
Le feuilleton de « Saint-Elie » : épisode 3

Bingo en « or » et débrouille contre la leishmaniose
Alors que le procès de l’affaire dite « des commerçants de Saint-Elie » a commencé ce lundi matin en revenant notamment sur le rôle présumé de courroie joué par des habitants de PK6 (le village proche de la scierie qui jouxte la RN1 à la sortie de Kourou), nous vous offrons de nouvelles « anecdotes » sur ce dossier. Exemple : à Saint-Elie, on tenait commerce tout en percevant le RMI. On pouvait jouer son or illégal à la loterie. Sans compter la vente de médicaments, « à la débrouille » dans une commune dépourvue de centre de santé…

Le maire de Saint-Elie, Charles Ringuet avait mis en cause plusieurs commerçants de Saint-Elie, dans un écrit transmis à la gendarmerie, durant la seconde quinzaine de février 2008. De source proche de l’enquête, l’élu avait particulièrement ciblé trois commerçants figurant parmi les 21 personnes renvoyées depuis ce lundi matin en correctionnelle : un ressortissant français Michel Sobaszek ainsi que deux ressortissantes brésiliennes : Carmita Moraes Cavalcante dite « Carmen » et Edina Monteiro Monteiro. Cette dernière et sa fille Ediane sont les deux seules personnes poursuivies, dans cette affaire, du chef « d’exploitation aurifère illicite ». Edina Monteiro Monteiro est considérée, selon l’ordonnance de renvoi en correctionnelle, comme la personne qui dirigeait le commerce des Monteiro Monteiro dans le bourg « une structure éminemment familiale » selon l’ordonnance. En septembre 2009, maître Jean-Yves Marcault-Derouard, son avocat, avait estimé, dans La Semaine Guyanaise, que l’enquête avait été menée « à charge » contre Edina Monteiro Monteiro : « parce qu’elle était la plus ancienne (63 ans aujourd’hui, ndlr), et qui plus est brésilienne, on la voyait comme une sorte de marraine au sens ‘mafieux’ du terme. Or c’est elle qui a commencé à ouvrir légalement un commerce à Saint-Elie. Ces commerces sont déclarés depuis des années et d’un seul coup, on leur tombe dessus ! » avait tempêté l’avocat dans les colonnes de l’hebdomadaire. Pourtant début 2003, une enquête fiscale d’une brigade venue de l’Hexagone sur plusieurs commerçants de Saint-Elie, aujourd’hui poursuivis, concluait que Saint-Elie constituait déjà une « plaque tournante de l’orpaillage clandestin en Guyane ».

Elle « dirige » le commerce et touche le RMI

Au cours de sa garde à vue, en mars 2008, Edina Monteiro Monteiro avait affirmé, pour sa part, ne plus posséder « que les murs » de ce commerce exploité, selon elle, par sa fille Ediane tout en reconnaissant y avoir été présente constamment (alors que sa fille était sur le littoral pour « s’occuper de ses enfants ») notamment en 2007 et début 2008. Mme Edina Monteiro Monteiro avait ainsi indiqué aux enquêteurs selon son PV d’audition : « La gérante est ma fille. Quant à moi, je l’aide le plus souvent possible. Je suis au commerce tous les jours quand je suis sur Saint-Elie. Je dirige le commerce car je connais la profession ». Au cours de son audition, elle avait aussi déclaré qu’elle touchait « le RMI » et qu’elle possédait deux maisons au Brésil… qu’elle louait.

« Je ne suis pas la seule à le faire sur Saint-Elie »

Pour en revenir au courrier du maire, celui-ci pointe un autre fait cocasse dans ce dossier. Le commerce de Carmita Moraes Cavalcante dite « Carmen » était, selon lui, le théâtre régulier de « bingos » avec des cadeaux en « or ». Selon le dossier judiciaire, le maire avait affirmé que le premier lot de ce Bingo particulier était « un quad », le second lot « une pépite », le troisième « une caisse de bière ». Stigmatisant cette pratique présumée de « jeux d’argent et d’or » le maire avait, en outre, suggéré aux autorités que le bingo était truqué ! L’élu affirmant alors que « le quad est systématiquement gagné par un de ses ouvriers ». Sous-entendu, un ouvrier de « Carmen ». Interrogée en mars 2008, au cours de sa garde à vue, sur cet étonnant « Bingo », Carmita Moraes Cavalcante avait d’abord indiqué : « Je n’ai jamais mis un quad dans un jeu. En fait des gens viennent me voir pour qu’ils puissent organiser des loteries dans mon restaurant et je (le leur) autorise car ça fait venir des gens qui viennent ensuite manger et boire chez moi. Je ne suis pas la seule à le faire sur Saint-Elie mais je n’organise pas moi-même les jeux et je ne gagne rien. ». Quand, au cours de cette même audition, les gendarmes reviennent à la charge en citant le contenu du courrier du maire, notamment sur les prix attribués, Carmen réaffirme : « Comme j’ai déjà dit, je laisse les gens organiser, dans mon restaurant, des jeux pour eux. Personnellement, je ne gagne que sur les consommations et les repas. Pour ce qui est des bijoux, certains sont fantaisistes et viennent du Brésil, d’autres viennent de la bijouterie… ». Elle cite alors une bijouterie de Cayenne tout en précisant : « Quand il m’arrive d’avoir des pépites en paiement, je vais chez le bijoutier de Saint-Elie qui s’appelle Jef(fer)son1 et je la fais monter en bague ». Au troisième jour de la garde à vue de l’intéressée, les gendarmes insistent via cette question : « Concernant votre troisième quad, est-il vrai que vous l’aviez acheté pour en (faire) le premier (prix) d’un Bingo que vous vouliez organiser mais que finalement vous l’avez vendu ? », Carmita Moraes Cavalcante n’est plus alors dans la dénégation et répond selon son PV d’audition : « Oui, il est vrai qu’en premier, je voulais le mettre en jeu pour un Bingo mais qu’ensuite je l’ai vendu. Je ne l’ai pas fait car le maire n’a pas voulu ».

Auto-médication contre la leishmaniose

L’audition de « Carmen » est également éloquente sur des faits possibles de ventes non autorisées de médicaments sur Saint-Elie. Une évidence à rapprocher de la fermeture du centre de santé de cette commune depuis des années. Lorsque les gendarmes demandent à la commerçante, pour quelle raison a-t-on retrouvé chez elle de l’or dans un tube rouge, la commerçante explique, toujours selon le PV d’audition : « L’or que vous avez trouvé dans ce tube sert à acheter de la Petacarine (en fait le médicament s’appelle la Pentacarinat, selon un médecin, ndlr). Il s’agit d’un médicament contre la leishmaniose. Il faut avoir une ordonnance pour ce produit. Quand j’en ai besoin, je vais voir le médecin de ma fille (sur le littoral, ndlr) et il me fait l’ordonnance. Ce médicament est en boîte de trois capsules ». En fait des flacons, selon un médecin, consulté sur le sujet. La commerçante déclare ensuite aux gendarmes toujours selon le PV : «  Je vends une capsule 8 grammes (d’or). Je ne suis pas la seule à le faire, les autres commerçants le font aussi. Je ne le fais qu’en période de leishmaniose (…) En fait, un ami qui se prénomme P. et habite Montjoly emmène la personne malade chez le médecin de ma fille. Il lui fait l’ordonnance de (Pentacarinat). Il prend une capsule et me laisse les deux autres que je vends au magasin. Je partage avec la personne la moitié de la vente. Il est vrai que, normalement, il doit se faire trois piqûres au lieu d’une pour que cela soit efficace ». Après ses révélations sur ces ventes illégales d’un médicament contre la leishmaniose, Carmita Moraes Cavalcante dit confirmer, le 15 mars 2008, au début de sa première comparution devant le juge d’instruction, les propos tenus en garde à vue. Mais elle s’inscrit en faux lorsque le juge aborde le sujet du médicament contre la leishmaniose : « j’ai dit hier (au cours de sa garde à vue, ndlr) qu’un ami a envoyé ces médicaments en France (…) Ce n’était pas pour mon compte ». Et lorsque le juge lui fait remarquer qu’il ressort de ses dépositions devant les gendarmes qu’elle a admis vendre, « en période d’épidémie », un médicament contre la leishmaniose, l’intéressée rétorque : « ce n’est pas ce que j’ai dit, le traducteur n’a pas su traduire, il parlait plus français que portugais ».

FF

1. Prénom du bijoutier clandestin de Saint-Elie poursuivi dans cette affaire mais qui a échappé aux autorités à plusieurs reprises y compris alors qu’il était soigné à l’hôpital de Kourou. (Voir jodla : Palu, pas pris !)

Voir aussi :
15/05/10 : Le feuilleton Saint-Elie, épisode 1
17/05/10 : Le feuilleton Saint-Elie, épisode 2
 

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