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Jodla 09/03/13
Kourou : mais à part ça, tout va très bien...

«Tout va très bien, madame la marquise... »

Tout va beaucoup mieux à Kourou, la délinquance a baissé, la ville est propre, déclarait hier soir au JT de Guyane1 un commerçant de Monnerville judicieusement choisi. Un coup de baguette magique en quelque sorte, opéré par un arrêté d'interdiction de vendre des boissons alcoolisées réfrigérées à Monnerville. C'était donc aussi simple que ça !

« Pourtant, il faut, il faut que l'on vous dise, on déplore un tout petit rien... »

Deux passages de ministres en quinze jours et des commandos incessants de petites mains pour nettoyer la ville ont eu raison, il est vrai, de quantité de dépôts d'ordures qui parsemaient les bords de route. Et la place Monnerville n'offre plus le spectacle des canettes de bière sirotées et abandonnées sur place, même si l'on y trouve encore, bien moins nombreuses, des bouteilles de rhum et de vodka. Quant à la baisse de délinquance, il va falloir être sérieux, comme disait hier François Ringuet. Car, même à Monnerville, elle est loin d'être démontrée comme l'expliquait, avec des exemples précis et vécus tout récemment, une commerçante qui n'a pas eu les honneurs de Guyane1.

« Quelles nouvelles ? Notre château est donc détruit ! Expliquez-moi »

«Le ministre de l'Intérieur concentre sa visite sur la localité de Kourou, où un récent rapport de gendarmerie pointe une situation particulièrement alarmante », commente une dépêche AFP, parue sur le site de Libération et sur l'e-mag de l'éducation. L'AFP y fait état de la part des mineurs dans les actes de délinquance : 43 % à Kourou (contre 29% sur le reste de la Guyane), avec une forte descolarisation, un taux d'absentéisme dépassant 20%, des mineurs totalement livrés à eux-mêmes, des structures éducatives faibles, et un sentiment d'impunité chez les jeunes délinquants, notamment dû à l'insuffisance de la réponse pénale. Sordide bilan de la génération Antoinette, au pays de la frime, des faux-semblants, du désert culturel* et du népotisme. « "A Cayenne, les jeunes des quartiers difficiles peuvent bouger sur les communes environnantes. Ceux de Saint-Laurent du Maroni peuvent aller au Surinam. A Kourou, ils tournent en rond", dit de son côté à l’AFP un haut gradé de la gendarmerie.»

« Le vent soufflant sur l'incendie, le propagea sur l'écurie »

Kourou tourne en rond, en effet, avec un système efficacement verrouillé au fil des ans, où le verbe a remplacé l'action, où le mensonge est devenu la normalité incontournable, et où les prébendes, passe-droits, et petits arrangements entre amis ont fini par asphyxier définitivement une ville qui avait les atouts et les moyens de rayonner sur la Guyane, au lieu de présenter cette image désastreuse. Et la jeunesse, elle, n'est pas dupe. Elle voit bien les exemples qu'on lui donne, où elle n'a pas sa place.
Mais vous en reprendrez bien pour 5 ans, non ?

« Mais, à part ça, Madame la Marquise, Tout va très bien, tout va très bien**.»
 


* Désert culturel : le site de la municipalité en est un bon exemple, avec une "vie culturelle" bloquée à l'agenda 2012. Du verbe encore, sans contenu.

** Tout va très bien madame la marquise, une chanson populaire de Paul Misraki, et un grand succès des années Trente interprété par l'orchestre Ray Ventura, devenu un raccourci historique de référence. Gracieusement proposé comme slogan pour une prochaine campagne électorale... Qui s'y colle ?

 

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