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24/10/11

La Girafe (Montjoly)

En réponse au message de Weenana du 23/10/11

C’est la période où j’aime rester en forêt jusqu’à l’heure où le jour abandonne son royaume à la nuit. A cette l’heure où la lumière décline pour assister au ballet des lucioles, minuscules led qui pointillent les buissons dans leur danse amoureuse.
Elles rivalisent de lueur et donnent à la forêt l’aspect des forêts des contes, des forêts enchantées.
Les chiens comme à leur coutume truffent plusieurs mètres devant moi.
Eux et moi, nous n’avons pas les mêmes préoccupations. Leur impatience dénote de ma marche en apesanteur.
Les buissons bruissent sur ma gauche, à deux mètres et mon esprit comme à chaque fois, pense « cochon bois » et le réflexe habituel, me fait chercher des yeux le premier arbre de secours, à droite à 4 m.
Et mes yeux reviennent au buisson, d’où émergent au ralenti, cette trompe velue qui fait tomber toutes mes gardes, Derrière le museau, long si long cette tête, bonne tête de peluche grise en forme d’entonnoir qui précède un corps effilé et une queue impossible.
Un grand tamanoir se glisse sur le layon avec une lenteur surprenante vu la bête inconnue – moi - qui se dresse à portée de narine. Bien moins grand que celui de ma précédente rencontre, celui que mes chiens avaient débusqué.
Il m’a vu sur sa droite et sa tête se tourne vers moi, si je tendais mes doigts, je pourrais lui caresser le nez.
Il continue au ralenti, à s’approcher.
Et là, je pense à la Girafe, et au câlin de son tamanoir . Je ne me sens pas prête à accepter de tendres enlacements par un animal de ce format et mes deux gardes du corps auraient vite fait de lui apprendre les bonnes manières.
J’étais là à trier toutes les questions qui se bousculaient dans ma tête, quand du buisson dont il avait émergé, un petit cri accompagné par un autre bruissement de feuilles. « Si le grand mâle est là, je reprends l’option arbre à 4 m sur la droite ».
Mon tamanoir toujours en mode ralenti s’est retourné et a rejoint le fouillis de forêt d’où il était sorti.
J’en ai profité pour doucement reprendre mon chemin, juste au moment où mes Tic et Tac revenaient oreilles au vent.
Je les ai bloqué au collier et j’ai attendu, silencieuse, eux tout autant immobiles, leurs truffes tournées vers les buissons où « ça » s’agitait toujours.
L’avantage avec les chiens d’arrêt, c’est leur faculté à se mettre sur le mode pause et de se statufier au moment opportun.
Nous nous sommes rapprochés, la distance tenait au double mètre pas plus.
Nous n’avons pas eu à attendre longtemps, Elle est ressortie de là où elle avait disparu, toujours aussi placide, sans signe extérieur d’inquiétude.
Elle tenait, juchée sur son dos, au bas des reins, un tout petit accroché par les griffes dans la toison épaisse implantée à cet endroit
Nous n’étions plus dans le vent. Nous étions juste d’étranges formes plantées là sur le chemin. Statufiés par le sort d’une ensorceleuse et de son enfant.
Ils ont disparu lentement, très lentement dans les fourrés en face, et bientôt craquements de branches et bruissements divers se sont estompés.
J’ai maintenu les chiens au collier durant un moment pour étouffer leur velléité de poursuite en même temps que je baptisais, la mère et son petit : Carla et Giula.
Le bonheur se reconnait à ces instants qui prennent la forme d'une éternité et de la joie d'avoir été invitée à partager cette éternité.

joli moment, la loutre, et je suis heureuse que tu aies pensé à moi à ce moment là. Il n'y a que la nature pour t'offrir une telle magie qui touche à l'âme.

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